A la Française - Goldfinch Ensemble

A la Française - Goldfinch Ensemble ©
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Hommage à la sonate de chambre française

The Goldfinch Ensemble partage ses talents et son goût pour la musique du baroque français autour de sonates en trio de grands compositeurs de la cour du Roi Soleil.

Cette semaine, l’Institut Français invite une quarantaine de producteurs venus des quatre coins du monde pour des concerts valorisant notre patrimoine musical français. Ce week-end, c’est le Festival d’Ambronay qui les accueille. C’est l’occasion de leur présenter un jeune ensemble de musique de chambre en deuxième année de cursus eeemerging (projet européen de soutien aux jeunes ensembles), The Goldfinch Ensemble. Formé au Conservatoire royal de la Haye, il s’intéresse particulièrement aux sonates en trio et aux quatuors de la période baroque. Cette après-midi, c’est évidemment un programme autour de compositeurs français. Malgré le rejet de la musique italienne à la cour, sous le règne du surintendant de la musique Jean-Baptiste Lully (1632-1687), deux Musiciens du Roy s’émerveillèrent pour la sonate en trio : François Couperin (1668-1733) et Marin Marais (1656-1728). Ils s’intéressèrent à la suite de danses qu’est la sonata da camera (sonate de chambre – d’origine française). La claveciniste et compositrice Élisabeth Jacquet de la Guerre, elle aussi au service du roi, préfère quant à elle l’alternance de mouvements aux tempi lents et vifs de la sonata di chiesa (sonate d’église).

Le concert commence avec la Sonate en trio en sol mineur de la compositrice parisienne. Les musiciens, particulièrement la violoniste Noyuri Hazama et le flûtiste Pablo Sosa del Rosario, font preuve d’une belle complicité et d’une grande attention les uns aux autres. Par leur look (garçons coiffés au chignon ou… pas coiffés), on pourrait s’attendre à une version Rock’n’Roll. Leur interprétation reste toutefois sage, quoique rebondie, presque dansant, et virtuose. Le clavecin d’Emmanuel Frankenberg paraît au premier abord un peu trop présent, mais très vite l’équilibre se rétablit. Mieux même, assurant toujours la basse continue – impeccablement – elle sait se faire presque oublier, à la faveur des parties solistes, sans jamais s’effacer pour autant.

La Françoise de François Couperin est introduite par une douce sonade qui mène à une Allemande dansante, où les deux dessus échangent, toujours avec complicité. Evidemment, l’archet de Noyuri Hazama permet une énergie dans les attaques et un grain dans le son que ne peut avoir le traverso de Pablo Sosa, mais les timbres se mélangent et se répondent, ainsi qu’avec la véritable partie chantante de la basse. L’homogénéité de l’ensemble permet alors des couleurs intéressantes, notamment dans la Sarabande, contrastée par la Gigue espiègle qui la suit. La Passacaille va encore plus loin dans la proposition de couleurs et de contrastes, invitant davantage l’auditeur à la danse. Il en est de même dans la Gavotte et le Menuet. L’ensemble semble prendre davantage d’assurance et sortir un tout petit peu de leur sage et toute relative retenue.

La Sonate en trio en ré majeur d’Élisabeth Jacquet de la Guerre est une relativement courte œuvre mais fort plaisante. Le premier mouvement Grave ne souffre pas d’un tempo exagérément lent, au contraire, ce qui lui donne un aspect lumineux, amplifié par les sourires des instrumentistes qui partagent ainsi leur plaisir de jouer cette musique. Dans le Vivace suivant, on apprécie encore une fois cette homogénéité de l’ensemble dans l’individualité des parties, grâce à une écoute attentive des réponses ou des phrases jouées ensemble. L’Adagio fait entendre de belles couleurs piano et de beaux phrasés. C’est un avant-goût du très affectueux Aria affetuoso où les dialogues de la flûte avec la viole répondent avec le violon, qui finit par échanger sa place avec la flûte pour dialoguer à son tour avec la viole.

Les extraits de la Suite n°5 en mi mineur de Marin Marais sont aussi de bons moments, notamment les doux piani de la flûte, que le son plus présent du violon ne réussit pas à produire avec tant d’effets. La Passacaille est particulièrement agréable. C’est justement ce mouvement-ci que l’ensemble reprend en bis, chaleureusement applaudit par un public ravi de ce plaisir partagé, autour de ces belles œuvres du répertoire français des sonates en trio.



Publié le 05 oct. 2017 par Emmanuel Deroeux