Quatre violons à Venise - Ensemble Clematis

Quatre violons à Venise - Ensemble Clematis ©Bertrand Pichène - CCR Ambronay
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Vocalité et polychoralité instrumentales

Si le violon leur est devenu l’instrument privilégié pour partager leur expressivité musicale, les compositeurs vénitiens du XVIIe siècle n’oublient pas les jeux d’échanges et les joutes musicales qui faisaient la grande joie des compositions polychorales de la Renaissance. L’ensemble Clematis propose, en cet après-midi et en l’abbatiale d’Ambronay, de redécouvrir quelques-unes de ces œuvres pour trois ou quatre violons, lors de ce 3ème week-end du Festival d’Ambronay.

Accompagnées du continuo, les quatre violonistes possèdent chacune s leur propre personnalité mais partagent une complicité, patente par leurs regards et leurs sourires, qui manifeste la recherche d’un geste musical commun. Au début du concert, on pourrait ressentir une certaine retenue malgré les traits ornementaux déjà agiles et les conduites de phrasés vivantes, se rapprochant fortement de la vocalité. La violoniste et directrice artistique de l’ensemble Stéphanie de Failly semble même presque en apnée lors de sa première intervention en soliste avec la Sonata in ecco con tre violini de Biagio Marini, deux violons lui répondant depuis les latéraux du chœur de l’abbatiale. Cependant, les effets de réponses et d’échos qui animent plusieurs des œuvres présentées fonctionnent tous très bien dans l’abbatiale, malgré les distances, et donnent confiance à l’ensemble.

La Canzon a 3, 2 violino e violoncino de Francesco Cavalli fait entendre une conduite sûre de Stéphanie de Failly, avec des échos qui n’en manquent pas moins, avec des traits en fusée très virtuoses et précis. Il faut néanmoins attendre le Ballo detto il Policio a 3 de Tarquinio Merula pour que leur interprétation semble se libérer complètement, faisant preuve de beaux contrastes. Les musiciens savent également se montrer tendres, avec notamment le mouvement final Adagio e piano de la Sinfonia decima settima a 4 violini de Marco Uccellini, dont les harmonies plaintives, par les retards, produisent de tendres couleurs, agrémentés de phrasés tout à fait charmants. C’est avec la Passacaglia a 4 de Marini que les violonistes semblent prendre le plus de plaisir, osant même se surprendre dans leur jeu, pour le grand plaisir des auditeurs.

Ce concert d’une heure a le mérite d’offrir un joli programme dans une interprétation charmante, dont la spatialité, utilisée avec sérieux et intelligence, offre une écoute un peu originale et sans doute plus proche de certaines pratiques instrumentales du début du seicento vénitien.



Publié le 02 oct. 2021 par Emmanuel Deroeux