A baroque tenor - Angioloni

A baroque tenor - Angioloni ©
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Transformation réussie !

Il s’agissait d’un concert en hommage à Annibale Fabri, célèbre ténor de l’ère baroque, donné à l’occasion de la parution de l’enregistrement A Baroque Tenor – Arias for Annibale Fabbri  enregistrement que nous avons déjà salué (voir mon compte-rendu).

Le risque pour ce concert de Marco Angioloni et d’Il Groviglio était bien sûr celui de la comparaison avec l’enregistrement, travail d’enregistrement dont les conditions sont éminemment plus confortables et sécurisantes. Et ce d’autant que les arias retenues font appel à beaucoup de virtuosité et foisonnent de redoutables difficultés.

Il Groviglio a confirmé ses belles qualités de style, la beauté du son et une énergie et un enthousiasme communicatifs. Desservi par une acoustique peu favorable aux viole, violoncelle et contrebasse, l’ensemble, qui, sans bois et avec deux fois moins de violons, était en formation plus restreinte qu’au disque, a néanmoins semblé parfois souffrir de l’absence du maestro Fuget pour assurer les équilibres. Emmenée par le violon vif et inspiré de Koji Yoda, l’interprétation de la Follia de Vivaldi a été une très grande réussite, tout comme la Sinfonia de l’acte III de Scipione. En revanche, à d’autres moments, la formation a semblé un peu trop appliquée, comme dans l’ouverture de Scipione.

On retrouve en concert les qualités de timbre et d’agilité de Marco Angioloni ainsi que sa solide technique, aspects qui nous avaient séduits au disque. Mais le timbre est encore plus intéressant : naturel, chaud, rond, sensuel, il est très efficace dans les plaintes de Cessa tiranno amor ou dans La speme ti consoli. La voix d’Angioloni m’a semblé, plus qu’au disque, d’une très grande homogénéité, avec des aigus plus naturels. On découvre aussi une très belle projection qui lui permet de donner tout le volume nécessaire aux rôles de héros et de rois, majestueux ou vaincus. Cette capacité à passer d’un registre d’interprétation à un autre est d’ailleurs parfaitement remarquable tout au long du concert. Enfin, mais c’est probablement l’effet de la présence du public, on découvre de belles qualités d’interprétation qui sont moins présentes au disque, comme les éclats de Scipione dans Tra speranze, affetti e timore ou les interrogations de Goffredo dans Mio cor che mi sai dir. S’il a semblé un peu fatigué dans Siam prossimi al porto (mais nous étions presque au terme d’un redoutable programme), Marco Angioloni nous a gratifié d’un Leon piagato a morte impeccable et déchaîné avant de reprendre en bis, les deux airs d’Arsilda qui avaient ouvert le concert et dans lesquels, très libéré, son medium de toute beauté et ses vocalises sans faille lui ont valu de longs applaudissements.

Un beau moment et un artiste à suivre, assurément.



Publié le 15 févr. 2022 par Jean-Luc Izard