Concertos pour deux et trois clavecins - Jean-Sébastien Bach

Concertos pour deux et trois clavecins - Jean-Sébastien Bach ©
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Festival pour deux et trois clavecins

On peut noter en premier lieu le placement des clavecins sur scène : tous trois sans capot, et alignés en quinconce les uns derrière les autres. Cette disposition permet d’entourer les clavecins avec trois violons de chaque côté, et ainsi aligner les deux altos, violoncelle et contrebasse derrière ceux-ci. Il est évident que pour le public placé au parterre, cela n’est pas la configuration idéale. Mais relevons tout de même la difficulté de disposer trois clavecins sur scène, de manière à ce que le son nous parvienne correctement de tous. Nous entendions évidement mieux le premier clavecin que le second, et le second mieux que le dernier, ce qui est dommage. Il faut aussi remarquer que cette disposition fait que le son des clavecins parvient « en bloc » dans le public... Et à défaut de voir les mains des artistes, il était également difficile de savoir qui jouait quel partie.

Des micros et des caméras étaient placés dans la salle (vous pourrez regarder intégralement ce concert en suivant ce lien : 'http://concert.arte.tv/fr/les-concertos-pour-deux-et-trois-clavecins-de-bach-la-salle-gaveau'). Cela pourrait justifier une disposition qui privilégie l'enregistrement plutôt que le public. Malheureusement après écoute de la vidéo du concert, les clavecins n'y sont pas plus en valeur qu’en salle...

Il faut avouer qu’il y a peu de choses à dire concernant l’interprétation de ces œuvres. Les Folies Françoises, dirigées par le violoniste Patrick Cohën-Akenine, formaient un orchestre à toute épreuve, développant un continuo solide, tout particulièrement la violoncelliste Françoise Poly qui ne s’arrêta pas un instant durant ce concert ! Les violons étaient propres, justes, les lignes mélodiques étaient particulièrement bien phrasées. Outre sa virtuosité j’ai apprécié la joie manifeste qu’avait le chef à jouer ces pièces : souriant et heureux d’être présent, il paraissait transporté par la musique.

Concernant les solistes, nous avons pu apprécier des interprètes confirmés. Très détendu et très calme, Jean Rondeau apportait à chaque mouvement l’energie nécessaire. Derrière son apparence sereine sur scène, Benjamin Allard recherchait en interprète attentif le regard de ses confrères et du chef, pour s'ajuster constamment à eux dans cette aventure musicale. J’ai tout particulièrement aimé son interprétation, avec de beaux ornements tout à fait réussis, même si d'aucuns pourraient trouver sa manière trop « française ». Béatrice Martin paraissait un peu tendue au début de ce concert, mais ce léger stress ne se ressentait absolument pas dans son jeu. En vérité, nos musiciens excellaient sur leur instrument, c’est aussi simple que ça.

J'ai plus particulièrement retenu deux œuvres dans ce programme. La première est le Concerto pour deux clavecins BWV 1061a, sans orchestre. Jean Rondeau et Benjamin Allard y font preuve d'une magnifique cohésion : deux mondes et deux styles très différents, mais qui s’accordent dans un ballet d’expression et de musicalité d’une grande beauté. La seconde est le dernier Concerto proposé, BWV 1064 avec trois clavecins, qui comporte dans son premier mouvement une ritournelle, parfaitement éxecutée ce soir-là. De manière générale, et compte tenu de l’acoustique de la salle et de la disposition des clavecins, les seconds mouvements (les mouvements lents) étaient à mon goût les plus réussis. Seuls deux violons (au lieu des six habituels) s'y exprimaient, mettant en valeur la panoplie d’émotions que nous apportaient ces passages.



A la fin de ce concert, et après des applaudissements mérités, P. Cohën-Akenine demanda une minute de recueillement « En pensant à nos amis Belges, qui sont dans la même souffrance de ce qu’on a pu vivre au mois de novembre dernier. ». Le silence ne fut brisé que par le début du bis, le mouvement final du Concerto à 3 clavecins en ré mineur.

Publié le 01 avr. 2016 par Hippolyte DARISSI