Airs napolitains

Airs napolitains ©Anna Hoffmann
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Ballade dans les ruelles napolitaines

Superbe promenade dans l'opéra napolitain que nous a offert Max Emanuel Cencic. Reprenant largement le programme du disque Arie Napoletane, ce concert confirme la place de choix qu'occupe Max Emmanuel Cencic dans le répertoire baroque.
Il Pomo d'Oro est une formation exceptionnelle, parfaitement adaptée à ce répertoire et à des formations restreintes. Prestation remarquable mais les cors ont été un peu en dessous de ce que l'on pouvait attendre d'eux et l'interprétation de la Sinfonia de Scarlatti, en ouverture de programme, ne semblait pas très en place. Pour le reste, Il Pomo d'Oro nous réjouira de superbes sonorités, d'une attention et d'une complicité soutenues avec Max Emmanuel Cencic et d'un très beau concerto d'Auletta.
Avec une toujours remarquable projection et une technique très sûre, Max Emmanuel Cencic s'est joué des difficultés des vocalises des trois airs de très haute virtuosité inscrits au programme qu'il s'agisse du Quel vasto, quel fiero ou de Agitata e l’alma mia (les deux de Porpora) ou In questa mia tempesta de Vinci, on prend plaisir à ces longues, très longues, vocalises et aux aigus chauds du contre ténor.
C'est pourtant dans le reste du programme, plus intime, plus secret, que les évolutions du timbre d'alto de Max Emmanuel Cencic sont remarquablement émouvantes et parfaitement employées. Le médium à gagné en suavité, en rondeur et le timbre s'est un peu corsé, comme épicé.
Che sia la gelosia (Vinci) est d'une limpidité qui témoigne d'un sens aigu du phrasé et d'une immense capacité de nuances et de couleurs. Dans Torbido intorno al core Cencic se montre bouleversant, avec une interprétation très homogène et une longueur de souffle stupéfiante au service d'une lecture très intériorisée de la douleur qui résonne dans des graves parfaitement timbrés.
La seconde partie est à l'égale d cette magistrale première partie. Dans ce programme exceptionnel, des sommets d'émotion ont été atteints avec le No, non vedete mai servi par un timbre corsé, une grande longueur de souffle et un sens très sur et esthétique de l'ornementation, et surtout avec le Miei pensieri, ajouté sur scène au programme, dans lequel le timbre retrouve une indicible clarté et joue de façon bouleversante avec les couleurs.
En bis, le contre ténor reviendra à Hasse dont il interprétera deux airs de grande virtuosité, exigeant des moyens techniques remarquables (ces vocalises sur toute l'étendue de la tessiture...) de réels talents d'interprète et d'acteur que Cencic possède à très haut niveau.

Publié le 24 janv. 2016 par Jean-Luc IZARD