A la chasse !

A la chasse ! ©B. Pichène
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Concert champêtre

Le week-end des festivaliers ambrunois commence dès le jeudi soir, avec un programme cynégétique interprété par des musiciens talentueux, dans la belle acoustique de l’église du XVe siècle de Pérouges.

Pour sa 38ème édition, le Festival d’Ambronay propose le thème « Vibrations : souffle ». C’est pourquoi il s’associe ce soir avec son voisin, le festival Cuivres en Dombes, pour produire un concert autour d’un programme champêtre, dans la belle église forteresse de la charmante cité médiévale de Pérouges. C’est aussi l’occasion d’une collaboration entre l’ensemble Les Esprits Animaux et deux solistes cornistes, David Guerrier et Anne Boussard.

Dès le Premier concerto pour deux cors de Vivaldi, l’ensemble Les Esprits Animaux – seuls le quatuor et le clavecin pour cette œuvre – fait preuve d’une belle cohésion et d’homogénéité, sous la vivante impulsion du premier violon Francisco Javier Lupianez. Le doux lyrisme du violoncelliste Roberto Alonso est particulièrement agréable dans le Largo ; le clavecin aurait sans doute pu être un rien moins présent pour apprécier toute la palette de couleurs proposée.

Les cinq instrumentistes sont toujours très à l’écoute, les uns des autres et des solistes. Les interventions du tutti sont énergiques, avec des archets d’un beau mordant, et investis. Le Ballet de Village de Boismortier est alors une très plaisante et vivante danse champêtre. A l’inverse, lorsqu’ils accompagnent, ils sont en retrait tout en étant suffisamment présents. Le continuo l’est tout aussi bien, lors de la Sonate en trio de Williams par exemple. Dans cette œuvre, on apprécie le joli chant du traverso d’Elodie Virot. Ses belles intentions phrasées ne faiblissent pas dans le Concerto pour flûte de Vivaldi, où la musicienne joue avec ces amusantes imitations d’oiseaux qui demandent précision et virtuosité. Là encore, dans le sublime Cantabile, le clavecin pourrait sans doute s’effacer un peu plus, à l’image de l’accompagnement poétique, en pizzicati, du violoncelle.

A côté de ce bel ensemble, vif et précis, les « cuivres anciens » démontrent une agilité toute différente. Il est certain que la technique du cor naturel est d’une difficulté formidable. Le travail de cohésion et de justesse avec les violons est patent lors de l’ouverture de l’Ouverture de Telemann. Lors des variations de la chanson traditionnelle John come and kiss me now, les cornistes, certainement plus détendus et aux instruments certainement bien chauffés, réussissent même un sol aigu, certes un peu tendu. Cependant, hormis ces deux passages, la justesse fait fortement défaut, ce qui peut être – trop souvent – franchement désagréable. Les amateurs de l’ambiance festive de la chasse s’y retrouvent peut-être, malgré une énergie quasi absente, d’où des phrases molles et une précision rythmique douteuse. Dans le Concerto pour deux cors de Vivaldi, les solistes ne sont absolument pas ensemble – peut-être aurait-il fallu commencer par une pièce moins ambitieuse pour chauffer les instruments et les muscles labiaux des instrumentistes… ?

Le concert finit par un enjoué et dansant arrangement de l’ensemble Les Esprits Animaux, variations autour d’une chanson traditionnelle anglaise, où tous les musiciens ont l’occasion de s’exprimer en soliste. Le premier violon ose même quelques glissandi qui accentuent l’aspect populaire et convivial de cette chanson, rejouée en bis, pour le grand plaisir du public.



Publié le 22 sept. 2017 par Emmanuel Deroeux