Récital Pierre Hantaï
©Antoine Thiallier Afficher les détails Masquer les détails Date: Le 13 août 2021
Lieu: Eglise de Pontaumur. Concert donné dans le cadre du XXIIème festival Bach en Combrailles
Programme
- Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Aria variata alla maniera Italiana BWV 989
- Prélude en ré mineur BWV 899
- Fugue en ré mineur BWV 997
- Choral : Wer nur den lieben Gott Lässt walten BWV 691
- Suite « anglaise » n°2 en la mineur BWV 807 (Prélude – Allemande – Courante – Sarabande – Bourrées – Gigue)
- François Couperin (1668-1733) : Prélude en ré majeur
- Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Cinquième Ordre – Les Ondes
- François Couperin (1668-1733) : Sarabande en la majeur
- Georg Friedrich Händel (1685-1759) : Suite n°3 en ré mineur HWV 428 (Prélude – Allemande – Courante – Air et variations – Finale presto)
- Johann Sebastian Bach : Toccata en mi mineur BWV 914
Distribution
Le clavecin hors du tempsLors d’un précédent article de BaroquiadeS, nous partagions espérer prochainement entendre en concert le merveilleux claveciniste Pierre Hantaï. Le festival Bach en Combrailles a peut-être entendu notre vœu et propose à son public un récital absolument hors du temps, en l’église de Pontaumur. Pour le programme de ce soir, le claveciniste veut explorer les deux figures majeures de ce XVIIIe siècle, Johann Sebastian Bach et Georg Friedrich Händel, tous deux friands du style baroque français. Ces musiques inspirées correspondent d’ailleurs très bien à la finesse du jeu du clavecin, dont les ornements raffinés sont les outils idéaux pour l’expressivité de ce noble instrument.
Dans l’église éclairée par seules quelques cierges et les lumières braquées sur la scène, Pierre Hantaï et son sublime clavecin à la marqueterie rouge concentrent tous les regards. Mais c’est surtout le timbre rond et la belle résonance de l’instrument qui séduisent l’oreille. Sous les doigts du claveciniste, les ornements sont comme de la dentelle, brodée avec une assurance qui manifeste une conduite réfléchie. Le discours limpide de Pierre Hantaï permet d’apprécier toute son agilité et de mettre en lumière ses intentions, colorées par les changements de jeux et de claviers. Grâce à un attention indéniable aux moindres détails, le musicien offre à l’auditeur, religieusement attentif, une réelle intimité avec l’œuvre de Bach.
En introduction de la Suite n°3 de Händel, l’instrumentiste interprète trois œuvres de compositeurs français, François Couperin et Jean-Philippe Rameau, afin de mieux comprendre la fascination des compositeurs allemands pour le style français qui les a tant inspirés. On y entend justement l’art de l’ornement à la française, aussi exigeant que raffiné, avec également de la noblesse et une certaine fierté. Avec la Suite n°3, l’auditeur peut entendre avec évidence la virtuosité démonstrative et absolument dramatique, voir spectaculaire, dans laquelle on reconnaît le compositeur et musicien Händel. Néanmoins, l’interprétation reste aussi magistrale que raffinée. Il ne reste alors plus que Pierre Hantaï et le public, dans un espace-temps qui leur est propre, voire inexistant. Pour continuer encore un peu ce moment hors du temps, l’infatigable musicien propose en bis une œuvre de jeunesse de Bach, la Toccata en mi mineur BWV 914 avec son intense passage fuguée. Une prestation chaleureusement applaudie par des spectateurs encore charmés.
Publié le 24 août 2021 par Emmanuel Deroeux