Etoiles baroques - Coulicam

Etoiles baroques - Coulicam ©Eric Lambert
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De Vivaldi à Piazzola

Comme chaque année désormais, les 27èmes Musicales de Montsoreau proposaient ce vendredi 29 juillet un concert dédié à la musique baroque. Un concert qui se déroulait cette fois dans le grand salon du château de Montsoreau, situé juste face à la Loire, au carrefour de l’Anjou et de la Touraine entre Saumur et Chinon. Pour les amateurs de littérature, ce château ne manquera pas d’évoquer Diane de Méridor, personnage du roman d’Alexandre Dumas La dame de Montsoreau qui sera contrainte par son mari d’attirer son amant dans l’une de ses propriétés afin de le faire assassiner, un roman tiré de faits réels qui se sont déroulés à la fin du XVIe siècle. Le claveciniste Mario Raskin, qui n’est autre que le conseiller artistique du festival en question (voir notre entretien) proposait avec son jeune ensemble baptisé Le jardin de Coulicam un programme comprenant des œuvres de Jean-Sébastien Bach, Georg Philipp Telemann, Henry Purcell et Antonio Vivaldi. Le nom de l’ensemble renvoie à une célèbre pièce de clavecin en concert composée par Jean-Philippe Rameau, par ailleurs interprétée lors de la précédente édition par Mario Raskin et deux autres musiciens (voir notre chronique). Étaient présents sur scène;à ses côtés, deux de ses anciennes élèves qui ont débuté l’apprentissage de la musique à ses côtés dans une école de musique de la région parisienne, Laetitia Tuza au violoncelle baroque et Elise Gueroult, mezzo-soprano, ainsi que Christophe Mourault au violon baroque.


Château de Montsoreau

Parmi les œuvres inscrites au programme figuraient notamment When i am laid in earth, le fameux lamento de Didon extrait de l’opéra de Purcell Dido et Aeneas. Elise Gueroult qui entame tout juste une carrière professionnelle a interprété avec talent cette plainte de la Reine de Carthage voyant son amant Enée s’éloigner à jamais, restituant de manière très convaincante l’intensité dramatique contenu dans cet air à l’issue duquel elle va se donner la mort. Deux pièces de Jean-Sébastien Bach bien connues des mélomanes figuraient au programme : Schliesse, mein Herze extraite de l’Oratorio de Noël, ainsi que Erbarme dich, mein Gott tiré de la Passion selon Saint-Mathieu qui a permis au public d’apprécier au mieux ce fabuleux dialogue entre la voix et le violon particulièrement réussi ce soir. Il est souvent dommage d’extraire de son contexte une aria d’une telle puissance à la fois spirituelle et dramatique, mais elle a permis à Elise Gueroult d’exprimer au mieux ses talents vocaux. Toutefois, un ensemble plus étoffé aurait contribué à mieux mettre en valeur ces trois airs. Deux arias de Vivaldi figuraient également au programme, dont Gelido in ogni vena extrait de Farnace, souvent interprété par un contre-ténor, ainsi que Vedrò con mio diletto tiré de Il Giustino. Deux airs célèbres immortalisés par Cecilia Bartoli, restitués encore une fois avec talent par Elise Gueroult qui a largement contribué à la réussite de ce concert, éclipsant involontairement la partie musique de chambre qui est apparue quelque peu fade en comparaison. On retiendra cependant la sonate pour violon et basse continue de Telemann qui a permis de découvrir un jeune violoniste au talent prometteur, Christophe Mourault, qui achève actuellement sa formation au CNSM de Lyon.

En bis, Mario Raskin n’a pas résisté au plaisir de partager avec le public un air d’Astor Piazzola, un compositeur argentin avec lequel il partage une origine commune… et pour lequel il n’a jamais caché son admiration. Il s’agissait d’Oblivion, une musique composée pour le film Henri IV, le roi fou, réalisé en 1984 par Marco Velocchio avec Marcello Mastroiani et Claudia Cardinale et tiré d’une pièce de Pirandello. Un belle conclusion, particulièrement originale, qui a donné au public une autre écoute de cet air que beaucoup connaissent sans pouvoir vraiment le situer. De toute évidence, les musiciens de l’ensemble Coulicam ont su communiquer ce soir leur passion pour la musique baroque, en témoignent les applaudissements d’un public conquis.



Publié le 12 août 2022 par Eric Lambert