Musique médiévale - Into the Winds

Musique médiévale - Into the Winds ©Bertrand Pichène
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Into the winds décoiffe le festival d’Ambronay

Jeune ensemble du programme EEEmerging+, Into the winds partage sa passion pour les danses et les chants de troubadours du XVe siècle, lors d’un interlude musical aussi puissant que saisissant.

Bien que leur nom d’ensemble les y invite assurément, les spectateurs du Festival d’Ambronay sont invités à assister à l’aubade offerte par l’ensemble Into the winds en la salle Monteverdi de l’abbaye, et non plus sur le parvis de l’abbatiale afin de lui éviter d’être trop… sujets aux vents ! Il est vrai que l’on est plus volontiers emportés par le talent de ces cinq jeunes musiciens. Cette après-midi, ils proposent leur « best of » issus de leurs deux programmes de concert, Le souffle gothique et Aux origines de la danse, avec des arrangements de chansons de troubadours ou des airs composés par des maîtres à danser du Moyen-Âge et de la Renaissance.

Outre la découverte de ce répertoire de danses rythmées et de chansons sautillantes, cet interlude musical est l’occasion d’entendre et de voire des reconstitutions fidèles d’instruments d’époques, tels le tambourin carré, les chalémies ou la busine (ancêtre commun à la trompette et au trombone que l’on connaît bien des iconographies de l’antiquité romaine). Ces instruments de la famille des hauts instruments, idéale pour les évènements extérieurs par leur puissance sonore. Force est de constater, cette après-midi, que la salle Monteverdi est emplie des sons puissants et nasillards des chalémies et de leurs tout aussi sonores confrères. Le parvis de l’abbatiale aurait sans doute été une expérience encore plus satisfaisante.

Le jeu a beau être sonore, la maîtrise instrumentale de chaque musicien n’en reste pas moins grande. On apprécie particulièrement l’attention mutuelle entre eux, afin de pouvoir respirer ensemble et avoir, le plus souvent possible, les mêmes intentions de phrasés. Cela ne les empêche en rien de regarder le public pour leur communiquer leur musique, sans même que le seul pupitre en devant de scène ne forme un obstacle. Même si quelques minimes distractions ne permettent pas d’atteindre la perfection, on reste admiratif quant à la précision d’ensemble qui souvent offre des unissons dont seule la stéréophonie permet de distinguer une bombarde d’une autre, une d’une chalémie d’une autre. C’est ainsi que les auditeurs sont entraînés d’une danse à une marche solennelle avant de revenir à une joyeuse saltarelle. L’ensemble nous fait également entendre une pavane pour consort de flûtes à bec, dont on regrette toutefois que la pratique ne ressemble trop à celle des hauts-instruments, manquant alors de finesse dans l’équilibre des différentes parties, empêchant ainsi d’en apprécier toute l’harmonie créée par l’enchevêtrement des mélodies.

Enthousiastes à la transmission de leur passion pour ces répertoires et ces instruments, les cinq membres de l’ensemble Into the winds se tiennent, à l’issue de leur petit concert, à la disposition du public dont certains, petits et grands, se montrent particulièrement ravis de pouvoir découvrir de si près ces instruments que l’on ne voit certainement pas tous les jours. Des découvertes heureuses qui, pourtant, méritent très certainement d’être faites plus souvent !



Publié le 05 oct. 2020 par Emmanuel Deroeux