Concert & Café #1 - Kenny

Concert & Café #1 - Kenny © Julien Gazeau
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L’Italie du XVIIème, au son délicat du chitarrone

Depuis le chœur de la petite église Saint-Georges de Saint-Juire-Champgillon, monument historique des XIV et XVèmes siècles, la luthiste Elizabeth Kenny présente au nombreux public venu l’écouter les deux compositeurs retenus pour le concert. Le premier est Alessandro Piccinini (1566-1638). Il était fils et frère de joueurs de luth, et il est probable qu’au moins deux d’entre eux aient joué du luth lors de la création de l’Orfeo de Monteverdi en 1607 à Mantoue. Alessandro Piccinini s’établit à la cour de Ferrare, puis à Bologne, où sa musique fut publiée en 1623.

Le second, Hieronymus Kapsberger (c.1580-c.1651) est né à Venise vers 1580, où il a suivi sa formation musicale. Il fut surnommé « Il Tedescho » car son père était un colonel de l’armée autrichienne. Il s’est installé à Rome en1605. Il est l’auteur de plusieurs recueils de musique pour luth et chitarrone. Il composa également des motets et autres pièces pour les chanteurs de la chapelle papale, alliant les pouvoirs expressifs de la voix et du luth. Son jeu a été décrit comme évoquant « le tonnerre et les éclairs ».

Le chitarrone, instrument utilisé par Elizabeth Kenny dans ce concert, est une variante du luth qui comporte, comme le théorbe, un long manche accueillant les cordes graves. Ses cordes vibrent également par sympathie avec la corde grattée, ce qui enrichit le son. Son nom signifie « cithare », les musiciens de l’époque pensant avoir recréé l’antique instrument.

Les pièces de Piccinini évoquent plutôt l’austère dépouillement du luth ; on y reconnaît le motif et le rythme de la Ciaconna. Tandis que celles de Kapsberger se montrent plus denses et plus inventives. La Passacaglia, au rythme tournoyant, est particulièrement réussie.

La fin du concert est saluée par de chaleureux applaudissements. En bis, Elizabeth Kenny donne la Follia romanesca de Piccinini, également très applaudie. Le public est ensuite invité à partager un café avec la musicienne dans une salle attenante, afin de poser ses questions, notamment sur l’instrument, que nombre de spectateurs découvraient. Une belle initiation au répertoire de la musique baroque.



Publié le 25 avr. 2024 par Bruno Maury