Pièces pour orgue - Bach

Pièces pour orgue - Bach ©
Afficher les détails
Volubilité agile des œuvres pour orgue de Bach

Au festival auvergnat Bach-en-Combrailles, une belle après-midi ne peut commencer qu’avec la musique de Jean-Sébastien Bach (1685-1750), lors d’une audition ouverte et offerte à tous. L’église de Pontaumur protège un véritable trésor qui est la cause même de l’existence du festival, fondé en 1998 : un impressionnant orgue baroque, restitution historique de l’orgue d’Arnstadt, l’instrument-roi qui accompagna les débuts de la carrière de J.S. Bach, qui en fut le titulaire en 1703.

Pour l’audition de ce midi, le claveciniste et organiste François Guerrier propose un programme de trente minutes autour d’œuvres de jeunesse de J.S. Bach, qu’il a très certainement interprété sur l’orgue ainsi restitué. Il débute avec puissance avec la Fantasia e Fuga en la mineur BWV 561. Le toucher de l’organiste est agréablement volubile et agile, ce que le public peut apprécier à sa juste valeur grâce à l’acoustique peu généreuse de l’église. Les harmonies superbes de l’œuvre emplissent l’espace avec une belle clarté, sans l’envahir pour autant. Toutefois, on ne ressent pas une parfaite aisance dans le discours qui manque de respiration, n’aidant ainsi pas à une idéale compréhension de la structure de la fantaisie. Dans la fugue, certaines transitions paraissent un peu rudes.

François Guerrier offre ensuite deux Duetti, petites pièces à deux voix. La charmante première, cataloguée BWV 805, fait entendre un jeu entre les deux voix, qui ont chacune un caractère qui lui est propre, par leur expressivité mélodique et les jeux qui les interprètent : celle de la main droite paraît joyeuse et espiègle, tandis que celle de la main gauche est tout autant agile mais semble plus raisonnable. Dans le second Duetto BWV 803, les deux voix s’amusent autour d’un thème traité délicieusement en un contrepoint fugué.

Comme dernière œuvre de ce court mais beau programme, l’auditeur découvre une œuvre longtemps attribuée au jeune J.S. Bach, en réalité le fruit du musicien Johann Caspar Vogler (1696-1763) qui fut l’élève du mentor à Arnstadt : le choral Jesu Leiden, Pein und Tod (La souffrance, la douleur et la mort de Jésus). Le choral est chanté avec d’agiles ornements et une touchante expressivité, tandis que les chants calmes de la main gauche constituent un accompagnement harmonique stable et régulier, tandis que le pédalier assure évidemment la basse. Il aurait été sans doute plus appréciable encore que ces chants intérieurs soient davantage mis en valeurs par un toucher plus doux et fluide, en véritable contraste par rapport à celui du superius. Certaines parties, dont celle juste avant la coda, auraient assurément ainsi gagné en sens et en expressivité.

Encouragé par le public, François Guerrier offre en bis la Fantasia BWV 561 (sans sa fugue) dans une interprétation très convaincante, qui paraît désormais libérée : les directions du phrasé apparaissant avec beaucoup plus de clarté, grâce à un touché plus sûr, voire décidé. La première journée marathon du festival Bach-en-Combrailles est ainsi joliment lancée !



Publié le 08 août 2018 par Emmanuel Deroeux