Le monde avant Bach - Bach & autres

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Connaissez-vous l’Académie Bach?

Dans l’affirmative, nous partageons désormais le bonheur d’avoir croqué dans le magnifique programme de son festival annuel. Dans la négative, foin des regrets rétrospectifs : rendez-vous en 2018 pour célébrer son vingtième festival.

Cette Académie est née d’un orgue. « En 1997, le facteur d’orgues Michel Giroud et ses compagnons installaient sur le jubé de pierre de l’église d’Arques-la-Bataille un orgue neuf pensé pour jouer principalement la musique de Bach et de ses contemporains » explique le programme de l’édition 2017 de son Festival de Musique Ancienne (22 au 26 août). Comme l’organe crée la fonction, l’instrument a donné naissance à son festival.

« L’Académie Bach a mis au point une formule unique en son genre, qui combine un stage vocal intensif aux concerts d’un des festivals européens parmi les plus inventifs » assure son président, Jean-Paul Combet. Le projet culturel et artistique est effectivement audacieux, même à un triple titre. D’abord, ce festival, organisé sur la dernière semaine du mois d’août, ambitionne le rôle de « découvreur de talents ». N’a-t-il pas accompagné les débuts de plusieurs ensembles instrumentaux aujourd’hui renommés comme Le Poème Harmonique ou Café Zimmermann ou d’interprètes tels que Benjamin Alard ou Benjamin Lazar ? Ensuite, depuis trois ans, des choristes amateurs, mêmes débutants, s’exercent au chant choral dans l’attente des concerts de la soirée. « Nous souhaitons que les mélomanes puissent être à la fois dans l’écoute lors des concerts en soirée et dans la pratique pendant la journée, dans des programmes en relation avec ce que l’on entend en concert le soir » explique Jean-Paul Combet à Pierre-Olivier François lors de la matinale de France-Musique (« Réveil classique » du 18 août 2017). Enfin, son originalité tient également à la consistance de son programme. Certes, « Bach est un fil conducteur, un point de rencontre régulier, un pivot ». Mais les concerts élargissent le cercle d’intérêt, des chansons de pèlerins du Moyen Age à nos jours (un « Chemin d’étoiles » par Discantus, sous la direction de Brigitte Lesne) aux quintettes avec piano de Louis Vierne et Gabriel Fauré (par L’Armée des Romantiques). Ils dépassent même la limite des continents, comme dans la mise en parallèle de fables de Jean de La Fontaine et de leurs sources indiennes dans la version de Pilpay, prétexte à une mise en regard de musiques françaises du XVIIème siècle et d’improvisations de musiques indiennes sur une cithare accompagnée du tablâ (Compagnie Banzara sous la direction de Sylvain Watmann). Sans oublier que les inconditionnels du Cantor de Leipzig sont conviés, tous les jours à 11 heures, en entrée libre, à vibrer au son des orgues d’Arques-la-Bataille ou de l’église Saint-Rémy de Dieppe (orgue français des années 1730).

Et c’est d’ailleurs avec un tel concert que nous avons rejoints les festivaliers en l’église Notre-Dame de l’Assomption d’Arques-la-Bataille, le 25 août dernier. Cette première heure musicale nous a frappés car, selon nous, elle manifeste à elle seule l’esprit de ce festival. Pourquoi ? Une « académie », indique Pierre Richelet (1626-1698) dans son Dictionnaire françois (1680), est « une assemblée de gens de lettres, ou de quelque art considérable, qui se trouvent réglément (à date fixe) en un certain lieu pour y parler de belles lettre, ou des choses de leur art ». Et précisément, le programme proposé offre aux amateurs rassemblés sous les voûtes de cette église des XVIème et XVIIème siècles une très belle opportunité pour allier plaisir et culture. En un mot, il conjugue un voyage à thème et l’initiation à une pratique courante lors des offices réformés à l’époque de Bach.

Le programme entendait explorer la veine musicale inspirée par le premier verset du Psaume 137/136 : « Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et pleurions, en nous souvenant de Sion ». Plusieurs compositeurs vont se succéder pour chanter, à leur manière, cette « ballade de l’exilé ». Benjamin Alard prête son immense talent d’organiste à Heinrich Scheidemann (1595-1663) pour interpréter son Preambulum en ré mineur. L’orgue étincelle, ruisselle dans ses montées et descentes chromatiques avant que, d’une sonorité ferme, le pédalier ne prenne le contrôle harmonique d’un magnifique finale. Du fond du chœur, d’abord invisibles du public, les choristes amateurs entonnent la version du Psaume composée par le calviniste Claude Goudimel (1520 ?-1572) : « Estans assis aux rives aquatiques ». Ils traversent la nef, en procession, les basses alternant avec le tutti dans le chant des strophes, avant de s’installer au fond de l’église pour conclure sur un touchant final polyphonique. Suivent les traductions instrumentales de ce thème par Jan Pieterszon Sweelinck (1562-1621) ou Franz Tunder (1614-1667). Une soliste monte à la tribune de l’orgue pour chanter le texte mis en musique par Paschal de l’Estocart (1537 ?-1587). Merveilleux moment durant lequel la voix lumineuse de l’alto domine la sonorité veloutée de l’orgue. Place maintenant à la Fantaisie de Choral « An Wasserflüssen Babylon » de Johann Adam Reinken (1643-1722). A la sobriété de ses prédécesseurs, Reinken oppose une longue méditation dans un stylus phantasticus confondant d’adresse. Cette fantaisie mobilise toutes les techniques d’écriture de cette époque : ruptures rythmiques faisant alterner des mouvements fougueux et des passages apaisés, bouleversements harmoniques joliment servis par la variété des jeux de l’orgue d’Arques-la-Bataille, virtuosité de l’interprète imposée par une composition que la version romancée de la jeunesse de Johann Sebastian Bach décrit ainsi : « un choral avec une double pédale qui joue un accompagnement à deux voix brodé sur le thème, thème simple qu’il dénature soudain par des ornements incessants qui nécessitent une telle virtuosité qu’ils encombrent la mélodie » (Jean-François Robin – Bach Jean Sébastien, Naissance d’une vocation - Riveneuve 2014). Est-ce avec le Prélude (Fantaisie) et Fugue BWV 549a que le jeune Bach entendait impressionner le vieux Reinken dont il sollicitait les enseignements? Voici comment Johann Nikolaus Forkel, le premier biographe de Bach, raconte l’épisode : « Le vieux Reinken, âgé de près de cent ans, l’écouta avec un plaisir tout particulier et lui fit – au sujet du choral An Wasserflüssen Babylon sur lequel il venait d’improviser pendant près d’une demi-heure … - le compliment suivant : « Je croyais que cet art était mort, mais je vois qu’il continue à vivre en vous ». Reinken avait lui-même traité ce choral longtemps auparavant, et le tenait en si haute estime qu’il l’avait fait graver. Les éloges qu’il fit à Bach sur son interprétation n’en ont donc que plus de valeur » (Vie de Johann Sebastian Bach -1802). En tout état de cause, les grands traits au pédalier annonçant un prélude ardent et une fugue généreuse révèlent un jeune talent qui n’a pu qu’impressionner le maître des orgues de Hambourg.


 Jubé et orgue de l’église d’Arques-la-bataille

Après avoir exploré les différentes lectures du Psaume, place maintenant à la pédagogie. Un chef de chœur monte à la tribune et invite le public à prendre connaissance du verso du programme distribué à l’entrée. Une partition y était imprimée, celle du choral « An Wasserflüssen Babylon » que le maître de chœur de la cathédrale de Strasbourg, Matthias Greitter (1490-1552), avait composé en 1525. L’effet de surprise estompé, bon nombre d’auditeurs se lèvent pour se joindre aux choristes, reconstituant ainsi une véritable turba (chœur de foule) accompagnée en toute simplicité par l’orgue. Magnifique moment de communion. A peine le choral achevé, Benjamin Alard montre par l’exemple (BWV 653-autographe de Leipzig) comment Bach a paré cette modeste mélodie d’ornements raffinés, transformant ces quelques fleurs des champs en un magnifique bouquet contrapunctique. Ainsi, le public a pu saisir les subtilités de l’écriture musicale en comparant la version épurée d’une ligne mélodique qu’il a lui-même portée à sa sublimation par un grand maître de l’orgue.

Un festival d’été étant également un moment de convivialité, le concert s’achève sur le fameux « Va, pensiero, sull’ali dorate » du Nabucco de Guiseppe Verdi (1813-1901). L’orgue, joué cette fois à quatre mains, projette des guirlandes sonores pendant que le chœur des amateurs interprète la partition avec discipline et engagement, véritable « chef d’œuvre » digne de Compagnons du devoir … du monde de la musique. Ce chœur éphémère est soudé, puissant dans les fortissimo et délicat dans les pianissimo. Une belle manière de clore une séquence à haute densité culturelle. Des applaudissements chaleureux ont salué les performances de l’organiste et la solide homogénéité de l’ensemble vocal. Ovations qu’il convient de partager avec l’équipe des bénévoles, discrets mais tellement efficaces, mobilisés par les organisateurs pour accueillir les festivaliers

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Tous les chemins mènent à Bach

Ce même 25 août, en soirée, le public était convié par l’Ensemble Masques à l’église Saint-Ouen d’Offranville. Cette petite église normande a été bâtie au XVIème siècle. Elle est coiffée d’un clocher original dont la flèche octogonale tourne d’un huitième de tour de la gauche vers la droite, régulièrement et jusqu’à la pointe.


Eglise d’Offranville et son clocher

Olivier Fortin et ses complices entendaient nous transporter dans Le monde avant Bach. Cependant, à l’examen du programme, le titre prend une allure quelque peu équivoque, tant Johann Sebastian Bach constitue son véritable centre de gravité. En somme, le Cantor de Leipzig installe les repères et, comme en écho, des musiciens dont il s’est nourri lui répondent par des Sonates.

Toutes en beauté, ces pièces ont ravi nos oreilles sans toutefois cultiver foncièrement notre esprit. En effet, leur succession affichée ne nous paraît pas suivre une logique perceptible par les amateurs que nous sommes. Ni la chronologie de leurs publications, ni les évolutions esthétiques ayant renouvelé le genre au fil du XVIIème siècle germanique ne paraissent faire office de fil d’Ariane. Au demeurant, soit par étourderie, soit plus probablement par méconnaissance, nous n’avons pas l’impression d’avoir entendu toutes les pièces inscrites au programme. Lorsqu’elles rencontrent un public peu familier du genre, ces pièces pour petits ensembles, aussi ravissantes soient-elles, peuvent décontenancer. D’ailleurs, les applaudissements ponctuellement absents ou hésitants indiquaient, à nos yeux, que le public n’avait pas forcément conscience que le morceau était parvenu à son terme. En modeste amateur, et à plus forte raison dans le cadre d’une Académie, nous suggérons qu’un propos introductif ou conclusif livre les clés de la représentation et l’inscrive dans son contexte, un peu à la façon du livret accompagnant un CD. C’est ainsi, nous semble-t-il, que la culture et le plaisir peuvent s’associer pour rendre le mélomane heureux et l’amateur intelligent.

Ceci dit, l’Ensemble Masques a brillamment interprété les partitions choisies dans l’immense répertoire de la musique de chambre qui anime les cours princières et pénètre jusqu’aux salons bourgeois des grandes cités allemandes durant la seconde moitié du XVIIème siècle. Hormis le grand Bach, une lignée de musiciens est particulièrement représentée dans le programme. Elle a pour tête de file Johann Heinrich Schmelzer. Celui-ci eut pour élève Heinrich Ignaz Franz Biber qui, à son tour, a probablement transmis son art à Romanus Weichlein. A leurs côtés, deux individualités qui, au même titre que Biber dans le domaine du violon, ont marqué le style de Bach : Johann Rosenmüller dont il a exploité le répertoire et Georg Muffat qui l’a inspiré notamment dans le domaine de la musique pour orgue. Ces compositeurs se réunissent autour d’un point commun : à des titres divers, défiant les critères esthétiques de l’époque, ils ont ouvert un vaste espace dans lequel s’est engouffrée la nouvelle musique d’inspiration italienne. De Rosenmüller à Muffat, les musiciens allemands acclimatent peu à peu le goût italien au tempérament germanique, estimant, comme le fera plus tard François Couperin dans le préambule de son opus Les Goûts-réunis, qu’une musique méritait l’estime pour sa qualité, « sans acception d’auteurs, ny de Nation ». C’est l’histoire de cette lente fusion des goûts et de l’extraordinaire diversité caractérisant alors la musique en terres germaniques que l’Ensemble Masques entendait nous décrire pendant ces quatre-vingt-dix minutes de concert.

D’une certaine manière, le Contrapunctus 1 de L’Art de la Fugue BWV 1080 qui ouvre la soirée musicale, constitue un témoignage vivant de cette métamorphose. Composé pour clavier, c’est fort logiquement qu’Olivier Fortin confie au clavecin le privilège d’émettre les premières notes. Son scintillement enchanteur enveloppe délicatement l’auditoire et fixe son attention. Les cordes reprennent ensuite le thème, d’abord avec une certaine majesté, avant de donner libre cours aux variations inspirées par l’énergie créative d’un compositeur parvenu au sommet de son art. Bien qu’écrite pour clavier, la pièce se prête à d’autres instrumentations. En effet, Leo Samama rappelle que le compositeur avait noté les parties de cette fugue simple « sur quatre portées, chacune dans une clé différente, comme s’il s’agissait d’une pièce polyphonique pour quatre voix ». Certes, l’objectif des quatorze fugues de cet opus était de faciliter l’initiation de l’apprenti claviériste aux règles du contrepoint. Mais la voie avait été ouverte pour que des instruments différents se saisissent chacun d’une portée. Après le Quatuor Julliard (2000) ou le Quatuor Emerson (2003), l’Ensemble Masques a relevé le défi, pour notre plus grand plaisir.

L’histoire commence réellement avec Johann Rosenmüller. Les deux sonates choisies par Olivier Fortin racontent les débuts de la sonate baroque dont il s’est approprié les secrets de fabrication lors de son long exil à Venise (1658-1682). Les entrées en imitation, l’alternance de mouvements lents et vifs, les séquences polyphoniques et l’intensité expressive des violons signalent ce genre nouveau qui, au fil du temps, prendra un caractère de plus en plus virtuose. Le critique musical Kurt Gudewill (1911-1995) estime que ces sonates représentent « ce que l’art allemand a produit de plus parfait dans le répertoire instrumental de la seconde moitié du XVIIème siècle ».

Le violon devient d’ailleurs le moteur de nombreuses compositions. Johann Henrich Schmelzer, « probablement le meilleur et le plus célèbre violoniste d’Europe » selon Johann Joachim Müller (Reise-Diarium ou Journal de voyage - 1660), donne à cet instrument encore jeune ses premiers titres de gloire. Comme il l’indique dans la préface latine de son Sacro-profanus Concentus Musicus publié en 1662, il entend produire une « musica divum hominumque voluptas/une musique pour le plaisir des cieux et des humains). L’entrée de sa Sonata IX à 5 en ré mineur commence d’ailleurs comme une pièce da chiesa (d’église) avant de libérer toute l’énergie qu’elle renferme, jusqu’à des trilles débordantes d’allégresse. Avec son élève, Heinrich Ignaz Franz Biber, les contrastes se renforcent, les formes se diversifient et l’écriture contrapunctique de plus en plus inventive accentue les difficultés techniques d’exécution. L’Ensemble Masques les a surmontées avec élégance, à l’admiration du public. Enfin, tout moine bénédictin qu’il fût, Romanus Weichlein insuffle dans sa Sonata II à 5 en sol mineur une vigueur reflétant son tempérament sanguin. Ne raconte-t-on pas l’épisode de cette bagarre épique qui l’opposa à la cuisinière de son couvent pour avoir proféré des mots qu’il n’avait pas apprécié ? Les différentes sections de cette sonate d’une grande vivacité empruntent parfois quelques traits du stylus phantasticus en vogue depuis Dietrich Buxtehude (1637-1707).

Enfin, le style concertant domine dans les deux dernières pièces inscrites au programme. Le célébrissime Aria tiré de la Suite n°3 en ré majeur BWV 1068 donne certes la parole aux violons qui développent le thème sur un rythme enjoué tandis que la basse de viole et le violone les accompagnent pizzicato. Une interprétation de toute beauté. La Sonate n°5 en sol majeur de Georg Muffat ajoute une touche française aux goûts italiens et allemands réunis jusque-là. Cet élève de Jean-Baptiste Lully conjugue avec grâce les oppositions dynamiques et les intensités sonores. Voici ce qu’il écrit à ce propos : « C’est l’exacte observation de cette opposition de la lenteur et de la vitesse, de la force à la douceur… qui ravissent l’ouye, l’entraîne en admiration, comme il arrive à la vuë par la contrariété de l’ombre et de la lumière » (Préface des Concerti Grossi, 1701). Résultat d’autant plus saisissant qu’il a été servi, ce soir-là, par un ensemble instrumental qui lui était totalement dévoué.


Concert du 25 août

Si les applaudissements étaient parfois indécis, c’est par des acclamations enthousiastes que les artistes ont été remerciés en fin de concert. Enthousiasme communicatif car le public a été gratifié par deux « bis » successifs qui n’ont pourtant pas rassasié l’auditoire. Signes manifestes d’une reconnaissance de la performance des artistes.

Chacun des interprètes a fait chanter son instrument avec une assurance technique forçant l’admiration. Les violons diffusent une exquise palette de couleurs harmoniques. Dans les passages virtuoses, les coups d’archets sont affirmés ; dans les phases méditatives, l’interprétation est raffinée et sensible. Leur dextérité impressionne dans la gestion des nuances, des silences et des tempi. Les instruments du continuo offrent, quant à eux, une ligne de basse et un socle harmonique délicats. La profondeur du violone, de la basse de viole et le scintillement du clavecin forment un tapis sonore sur lequel les violons se reposent avant de s’élancer dans de périlleuses acrobaties sonores. Mais l’essentiel n’est pas là. L’Ensemble Masques forme un corps parfaitement articulé et proportionné. Les sons s’enlacent sans jamais nuire à l’équilibre d’ensemble ; les silences sont rompus par des reprises tissées au millimètre. L’expression collective d’une subtile densité sonore allie clarté et profondeur, sensibilité et expressivité, lyrisme et éloquence. En somme, le public de cette soirée musicale du 25 août 2017 gardera l’image d’un groupe de six musiciens qui, comme les « Masques/masks » de l’époque élisabéthaine, ont fait irruption dans un répertoire quelque peu oublié pour surprendre les auditeurs par l’originalité des pièces interprétées et l’engagement avec lequel ils les ont réanimées.



Publié le 06 sept. 2017 par Michel Boesch