Bach - Orchestre d'Auvergne

Bach - Orchestre d'Auvergne ©
Afficher les détails
L’Orchestre d’Auvergne enchante les Combrailles

L’Orchestre d’Auvergne est un habituel du festival Bach-en-Combrailles, depuis même sa création en 1998. Le concert de cette après-midi, en l’église de Pontaumur, est également l’occasion d’une retrouvaille avec le chef et violoniste Gordan Nikolic, ancien violon solo de l’Orchestre d’Auvergne et invité fréquent d’éditions précédentes du festival. Á la tête de l’ensemble, il interprète un programme autour de Bach & Haydn.

L’orchestre débute sur un crin d’archet, très piano, le Contrapunctus n°1 de L’Art de la fugue de Jean-Sébastien Bach (1685-1750), avec des progressions de dynamiques subtiles. L’interprétation de cette fugue se veut douce et neutre, ne recherchant pas une expressivité, qui semblerait superflue, mais plutôt une belle homogénéité du son d’ensemble. Gordan Nikolic se lève ensuite de sa place de premier violon pour jouer en soliste le Concerto pour violon n°1 en do majeur de Joseph Haydn (1732-1809). Composée en 1765, l’œuvre est déjà bien ancrée dans le style classique. Dans le premier mouvement, le relief de la musique n’est produit que par les interventions du tutti, le ripieno se mettant vite en retrait pour laisser toute sa place au concertiste, instaurant ainsi des couleurs très douces. L’interprétation reste donc impeccable, charmante mais lisse. Il faut attendre la cadence de Gordan Nokolic, investie et bien écrite, pour réveiller l’intérêt de l’auditeur. Le mouvement lent fait entendre le tendre chant du violon sur un accompagnement de fins pizzicati. Toutefois, il n’y a aucun relief qui puisse aider à émouvoir. Le troisième mouvement est évidement plus alerte.

Après avoir placé le clavecin sur scène, l’ensemble entame le Concerto en mi majeur BWV 1042 de J.S. Bach, dont la musique induit d’elle-même l’énergie et les reliefs qu’il manquait dans l’œuvre précédente. Le deuxième mouvement fait entendre des couleurs pianissimi très intenses dès l’introduction. Le motif du contre-chant des basses participe à la saisissante émotion que crée le chant de Gordan Nikolic. Le beau silence qui suit la note finale manifeste la qualité et le plaisir d’écoute du public. Le dansant mouvement final est un moment fort plaisant, après lequel l’orchestre est fort applaudi. L’orchestre s’étoffe de quelques musiciens supplémentaires pour faire découvrir la Suite n°2 en sol majeur de Johann Bernhard Bach (1676-1749), cousin de Jean-Sébastien. Gordan Nikolic présente lui-même cette musique comme « simple, douce, gentille et pas forcément intéressante » mais tout de même passionnée. L’Ouverture fait effectivement entendre une jolie mélodie à laquelle répond une basse chantante, dans une écriture certes simple mais plaisante. La seconde partie ternaire en fugato est joviale et évidemment plus vivante. Après une courte Gavotte en rondeau, l’introspective Sarabande est de nouveau l’occasion pour l’orchestre de montrer son attention soignée à la beauté des couleurs piano. La gaie Bourrée précède le grave Air où alternent des interventions en trio, dont les solistes sont tendrement rejoints par le tutti, avec toujours se soin des couleurs. On peut ici regretter qu’un violon du tutti, manque à quelques moments de précision dans cet ensemble parfaitement homogène. Vient le noble Menuet puis la dansante Gigue, aux allures champêtres, et enfin la nerveuse Tempesta, où les archets frappent les cordes, créant un effet amusant et tout nouveau, auquel le public adhère volontiers. Il le montre par les applaudissements nourris qui saluent les musiciens.

En bis, l’Orchestre d’Auvergne offre le Contrapunctus n°2 de l’Art de la fugue, avec le même sérieux que le premier, ne faisant pas oublier que le chef-d’œuvre est très certainement plus un exercice d’écriture qu’une étude de style. La neutralité de l’interprétation laisse ainsi parler la musique même, qui invite naturellement à quelques intentions de dynamiques et d’équilibre des quatre parties. Encouragé, Gordan Nikolic ne peut s’empêcher d’offrir un ter, avec une très belle interprétation de l’Allemande de la sublime Partita n°2 en ré mineur BWV 1004.



Publié le 17 août 2018 par Emmanuel Deroeux