Orgue - Bart Jacobs

Orgue - Bart Jacobs ©
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Authenticité de la musique de Bach

Perpétuant la belle tradition de commencer l’après-midi avec l’orgue de l’église de Pontaumur, restitution de l’orgue d’Arnstadt où le jeune Jean-Sébastien Bach (1685-1750) fut en poste de 1703 à 1706, le festival Bach-en-Combrailles invite ce midi l’organiste belge Bart Jacobs.

Celui-ci débute son programme avec le Prélude et Fugue en do majeur BWV 545 avec un grand respect de la partition, par un toucher propre et une direction stable. Il se montre capable d’une grande modestie d’interprétation, n’ayant besoin de ne rien lui ajouter de superflu et laissant le magnifique instrument manifester par lui-même sa majesté. Dans l’exposition du choral Ach, was soll ich Sünder machen BWV 770 (Oh, que devrais-je faire, moi pêcheur), l’organiste titulaire de la Cathédrale des Saints Michel et Gudule de Bruxelles fait sentir son expérience d’accompagnateur d’assemblées, laissant suffisamment ressortir le chant du choral et prenant le temps de respirer, sans aucune exagération, entre chaque phrase. Les variations qui suivent font découvrir de multiples combinaisons et effets que permettent l’orgue, dont l’instrument restitué fut certainement celui sur lequel Bach joua ces mêmes Partite. Alors que certaines variations paraissent espiègles ou enjouées, d’autres sont fières ou introspectives. Chacune d’entre elles possède un caractère bien dessiné, l’auditeur ayant sans cesse de nouvelles découvertes auditives sans pour autant en être submergé. Pour la toute dernière variation, Bart Jacobs enclenche même l’une des deux Zimbelstern (étoiles tournantes), clochettes rotatives en forme d’étoiles situées au-dessus de la console.

Le programme continue avec une transcription pour orgue de la Sinfonia extraite de la cantate Der Herr denket an uns BWV 196 (Le Seigneur pense à nous), où l’on apprécie la basse de pédalier avançant et stable, n’accusant alors aucune longueur. Enfin, Bart Jacobs interprète le Concerto en sol majeur BWV 592, avec une stabilité et une rigueur que l’on imagine propre à la pensée baroque germanique, dont toute la grande beauté s’épanouit dans la constance. Les phrasés sont tous menés avec intelligence, particulièrement dans le mouvement central Grave. Le mouvement final est plus entraînant, certains enfants présents se laissant même – avec certes une certaine retenue – à se laisser emporter par cette musique aux allures chevaleresques. L’audition ainsi terminée, l’auditeur s’en va, très certainement en ayant l’envie d’en entendre bien davantage encore. Heureusement, il aura l’occasion d’entendre très bientôt l’organiste lors de cette 4ème journée de festival.



Publié le 10 août 2018 par Emmanuel Deroeux