Route du baroque - Dowland, Kapsberger, Piccinini, Murcia, Ribayz,...

Route du baroque - Dowland, Kapsberger, Piccinini, Murcia, Ribayz,... ©
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Un tout jeune festival !

En cette période où de nombreux festivals ne parviennent plus à poursuivre leur activité faute de subventions, il est encourageant de constater que de nouvelles manifestations autour du baroque parviennent à voir le jour. En Ardèche, la Route du Baroque en est un bel exemple. Son principe est simple : un ensemble (pour l’instant en tout cas), une semaine, cinq lieux. Pour cette première édition, le choix des interprètes s'est porté sur l’Ensemble Mitis. Un premier concert le 16 juillet à Saint-Restitut (Drôme), puis à Uchaux ( le 17 juillet), à Sainte-Cécile-Les-Vignes (le 18), à Saint-Juste-d’Ardèche (le 20), puis de nouveau à Saint-Restitut le 23 juillet. La route est ainsi bouclée, même si ce circuit dense n’est pas de tout repos pour les artistes...

Mitis, ce jeune ensemble créé en 2014 et à composition variable, réunissait cette fois Caroline Lieby (à la harpe triple), et Victorien Disse (luth renaissance, guitare baroque et théorbe). Le programme, des plus éclectique, mêlait baroque anglais, italien et espagnol. Outre des compositeurs anonymes, Dowland, Kapsberger, Piccinini, Murcia, Luis de Ribayz et d’autres composaient le programme. Favorisant le partage avec les spectateurs, des présentations didactiques des instruments présents ponctuèrent habilement la représentation, tandis que l'éclairage tamisé fourni par des bougies apportait une note chaleureuse et intime.

La partie « anglaise » servit d’exorde, avec un duo de harpe et luth renaissance. De belles sonorités relevaient la ligne habituellement austère de cette musique, de même que des diminutions simples mais efficaces et bien réalisées. Soulignons aussi la complicité bien présente entre les musiciens, même s'ils suivaient de très près la partition. Une très belle version de Greensleaves, arrangée par les deux musiciens avec notamment des variations composées spécialement pour la harpe, suscita l'enthousiasme du public, qui le redemanda pour le bis !

Pour la partie « italienne » nous pûmes entendre une pavane à la française au tempo parfaitement ajusté. Harpe et théorbe nous offrirent une chaconne aérienne, dans laquelle les instruments conversèrent joliment, même si Victorien Disse parut quelquefois manquer un peu d'aisance avec le théorbe : si ce point n'échappa pas aux habitués de l'instrument, il n’enleva toutefois rien à la beauté des pièces interprétées. Pour conclure cette partie, Caroline Lieby interpréta seule une sarabande écrite pour théorbe. Comme elle le fît remarquer au public, le répertoire pour harpe triple tient sur une dizaine de pages… Il est donc commun d'employer pour cet instrument des transpositions d’œuvres écrites pour d'autres.

La partie « espagnole » conclut le concert, avec deux morceaux à la harpe et à la guitare. La guitare juste et bien sonore, et la harpe toujours voluptueuse et délicate, même dans les rythmes rapides, apportèrent une indéniable énergie à cette fin de concert. En particulier le dernier morceau interprété nous offrit une montée en puissance où les artistes « se lâchèrent » et s’amusèrent, dans une ambiance joviale parfaite pour conclure ce premier concert.

Les duos d’instruments ont été très intéressants, harpe tantôt avec luth ou théorbe ; la basse continue passait de l’un à l’autre (ou au deux parfois), et de même pour le canto. La guitare apporta quant à elle le côté festif à ce programme, même si le remarquable jeu de la harpiste était très varié, tirant de son instrument une multitude de nuances et de couleurs.

Durant tout le concert, la complicité des artistes fût grande. Nous aurions toutefois aimé qu’ils se laissent davantage porter par la musique : je n’ai aucun doute que cela arrive très vite. A part cette petite remarque, il n’est pas contestable que le public présent a eu droit à un concert d’une belle qualité, très intéressant, nous portant d’une émotion à l’autre, et nous tenant en haleine tout son long. Dans une région où le baroque n’est pas très présent, nous espérons que ce festival va trouver son public, et prendre l’ampleur qu’il mérite.

Publié le 01 août 2016 par Hippolyte Darissi