Sonates en trio - Bach, Dandrieu, Couperin & Corelli

Sonates en trio - Bach, Dandrieu, Couperin & Corelli ©
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Une interprétation complice et animée

L’italien Arcangelo Corelli (1653-1713) est indéniablement le père de la sonate en trio, genre musical où deux instruments aigus sont soutenus par une basse continue. L’engouement pour les œuvres du maître fut tel que les rééditions de ses opus sont nombreuses, favorisant la diffusion dans toute l’Europe de ce genre nouveau, alternant mouvements lents et rapides. Les compositeurs français en furent particulièrement friands, tels Jean-François Dandrieu (1682-1738) ou le grand François Couperin (1668-1733). La curiosité de Jean-Sébastien Bach (1685-1750) et son goût pour la musique italienne l’a évidemment encouragé à écrire lui-même des sonates en trio.

C’est en l’église datant du XIVe siècle de Mérinchal, village creusois, que le festival Bach-en-Combrailles invite le jeune ensemble Le Consort à présenter un programme de sonates en trio. Le claveciniste Justin Taylor introduit l’après-midi par un Prélude non mesuré en sol mineur de Jean-Henry d’Anglebert (1629-1691), l’absence de temps mesuré laissant toute une grande liberté d’expressivité mélodique. Interprété par cœur, c’est également ainsi que les quatre musiciens se lancent dans la Sonate en trio en sol mineur de Jean-François Dandrieu. Libérés des partitions, ils s’échangent des regards ou jouent les yeux fermés, donnant l’impression qu’ils partagent un moment de musique intime. Heureusement, sans l’obstacle du pupitre et faisant face au public, celui-ci ne se sent pas exclu. Forts concentrés et attentifs, les intentions et places d’archet des deux violonistes Théotime Langlois de Swarte et Sophie de Bardonnèche se veulent précis et plein de vie.

Les instrumentistes reprennent leurs pupitres pour la Sonate en trio en sol majeur BWV 1027 de J.S. Bach, où chacune des voix s’entremêlent les unes aux autres et se complètent tout en gardant une entière indépendance. S’il peut ressentir les intentions de reliefs, il manque sans doute de réelles contrastes pour capter toujours l’attention de l’auditeur, autrement que par leur énergie et leur plaisir patent. L’été ne manquant pas non plus de ferveur, les instrumentistes n’hésitent pas à s’accorder régulièrement, portant une attention toujours exigeante à leur justesse. Ils interprètent ensuite des extraits de la suite de danse La Française, du recueil Les Nations. Cette superbe musique, qui garde la caractéristique italienne de l’alternance de mouvements lents expressifs et allègrement virtuoses. Malgré l’investissement du Consort, l’intérêt de l’auditeur serait sans doute plus grand si la direction musicale en était plus évidente. Le programme se poursuit avec une belle interprétation de la Sonate en trio en sol majeur BWV 1038 puis se clôt par l’animée et dansante Chaconne op.4 n°12 de Corelli.

Applaudis par un public complètement séduit par leur jeunesse et leur fougue, les quatre musiciens lui proposent de rester en Italie pour le bis, offrant un court extrait de l’effervescente Follia op.1 d’Antonio Vivaldi (1678-1741), où se déploie toute la virtuosité italienne, notamment celle de la viole de gambe de Louise Pierrard. Encouragés par les applaudissements chaleureux, ils offrent un ter, les 3ème et 4ème mouvements de la Sonate en si mineur op.3 de Corelli interprétés sans partition.



Publié le 10 août 2018 par Emmanuel Deroeux