L’Art de l’orgue polyphonique - Orgue de Ciboure - Scheidt, Tunder, Buxtehude, Bach

L’Art de l’orgue polyphonique - Orgue de Ciboure - Scheidt, Tunder, Buxtehude, Bach ©Editions Hortus
Afficher les détails
Sonorités baroques à l'orgue de Ciboure

Cet enregistrement est l’aboutissement d’une longue quête s’étalant sur plusieurs années. Mais avant de se lancer à son écoute, un rappel des principales étapes de sa naissance est nécessaire. Le projet de construction de l’orgue de Ciboure (Pyrénées-Atlantiques) est lancé en 2008 avec en première ligne le curé de la paroisse, l’abbé Jean Eliçagaray, soutenu par Les Amis de l’Orgue de Ciboure et la Municipalité. Le but d’un tel projet est double. Le premier est celui de créer un instrument unique en son genre, construit sur l’esthétique baroque hollandaise. Le second, quant à lui, tient plus à l’idée de servir avec justesse et humilité la musique polyphonique du Nord de l’Europe, objet du présent enregistrement.
En 2010, l’appel d’offres est lancé, auquel répondent quatre facteurs d’orgue. La Manufacture Dominique Thomas remporte le marché, et la signature du contrat a lieu en juillet 2011. Deux ans plus tard, l’installation de ce magnifique orgue commence dans l’église Saint-Vincent à Ciboure. Le dernier acte de la naissance de cet orgue a lieu le 22 décembre 2013, avec sa bénédiction sous la bienveillance de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne. Cet orgue répondant au schéma de facture hollandaise pèse 9 tonnes, possède 35 jeux et 2600 tuyaux...

Les Amis de l’Orgue de Ciboure

Comme permettra de l'entendre cet enregistrement, l’orgue révèle sous les mains de Michel Bouvard un équilibre sonore bien particulier en laissant échapper de ses tuyaux des couleurs poétiques aux flamboyants reflets. L’organiste recherche la clarté de chaque jeu tout en restant cohérent dans les mélanges. Il se consacre entièrement à la polyphonie sous toutes ses formes, que cela soit dans les versets de chorals ornés ou en échos, dans le choral-Fantaisie, dans les sonates en trio jusqu’aux ricercares et fugues.
L’orgue offre à l’organiste une multitude de possibilités : variété de timbres, moëlleux des jeux d’anche, beauté des jeux de fonds de 8 pieds,… L’Art de la polyphonie ne peut trouver meilleur serviteur. L’orgue jouit d’un souffle inépuisable, continu, tenant sans vaciller les valeurs longues du cantus firmus. Aucune voix humaine ne peut rivaliser avec ces orgues conçus pour la clarté de la polyphonie. Le choix des compositeurs (Scheidemann, Scheidt, van Noordt, Tunder, Buxtehude, Bœhm, Bach) apporte une démonstration plus que réaliste, saisissable de cet art.
Samuel Scheidt compose ses versets en style sévère calqué sur l’hymne latine de Pentecôte “Veni Creator”. Anthony van Noordt, dans son Psalm 24, l’imite en l’adaptant simplement au monde huguenot. Dans sa pièce “Christ lag in Todesbanden”, Franz Tunder se sert d’effets, oppose les claviers et joue sur les échos sans jamais se détourner de la mélodie pascale. Le genre du choral-Fantaisie s’impose.
Quant au choral, il prend une forme plus « marquée ». Il faut en quelques notes – un simple prélude en l’occurrence - fixer la mélodie dans l’esprit des fidèles mais aussi dans leur âme. Dieterich Buxtehude scande l’attente de la venue du Sauveur dans son “Nun komm der Heiden Heiland”. Celui de Johann Sebastian Bach, aux contours plus développés, se montre plus ardent voire plaintif. Le prélude de Georg Bœhm ou de Bach sur “Vater unser in Himmelreich” est en quelque sorte une méditation sur la prière du Notre Père. Le choral n’est pas le seul terrain d’expression de l’art polyphonique, puisque le Præambulum de Heinrich Scheidemann et la Passacaglia de Buxtehude en sont les parfaits exemples.
Ce CD qui couvre plus d’un siècle et demi de compositions restitue toutes ses lettres de noblesse à l’art de la musique polyphonique, grâce à ce monumental instrument qu’est l’orgue de Ciboure. Un véritable régal à écouter sans retenue !

Publié le 19 déc. 2015 par Jean-Stéphane SOURD-DURAND