Journées musicales du Patrimoine - Ambronay

Journées musicales du Patrimoine - Ambronay ©Emmanuel Deroeux
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Aux découvertes de l’abbaye et du festival d’Ambronay

En ce week-end des Journées Européennes du Patrimoine, le Centre culturel et de rencontre d’Ambronay invite à visiter l’abbaye et à découvrir la musique baroque de manières insolites. Ne manquant pas d’idées originales, les équipes et les artistes du festival ont de quoi satisfaire tous les goûts, proposant des programmes particulièrement adaptés aux familles.

Pour le Centre culturel et de rencontre d’Ambronay, les Journées Européennes du Patrimoine sont une parfaite opportunité pour, non seulement rencontrer les publics, se faire rencontrer les publics et les arts dans leur diversité. Il fait déjà connaître l’abbaye qu’il occupe en offrant des visites riches et originales, et remplit également sa mission en proposant des concerts, dont certains gratuits, qui mettent à l’honneur les passerelles entre les arts et les artistes d’aujourd’hui.

En parallèle des deux spectacles famille FugaCités (voir notre compte-rendu), le Centre culturel et de rencontre d’Ambronay propose aux visiteurs des Journées Européennes du Patrimoine de visiter l’abbaye d’Ambronay de manière originales Trois parcours leur sont proposés, avec chacun leur spécificité, approchant le patrimoine par les musiques. Le samedi après-midi, les promeneurs ont rendez-vous en bas des fenêtres de différents lieux pour y entendre Les Itinérantes, trio vocal féminin riche d’un répertoire couvrant près de 9 siècles dans près de 30 langues. On se prend alors à découvrir les lieux avec simplicité, que l’on soit au pied des fenêtres du pont couvert ou de celles qui surplombent le petit et intime jardin carré.

En compagnie des jeunes médiatrices du patrimoine, les visiteurs découvrent l’histoire de l’abbaye de façon originale avec le parcours Architectura, dont les quelques haltes informatives sont rythmées par des moments hors du temps offerts par deux chanteuses et les Percussions de Treffort d’Alain Goudard. En ayant ainsi la liberté de déambuler dans l’abbatiale, dans le cloître ou dans le large couloir des dortoirs des moines, le tout au son d’œuvres contemporaine ou improvisées, chacun peut s’imprégner de l’énergie unique qui émane du lieu. On se met souvent à regretter de ne pas pouvoir s’arrêter davantage sur les points que l’on vient d’apprendre lors d’une visite guidée ; ici, l’occasion merveilleuse de prendre le temps de s’émerveiller et de faire attention aux détails est toute donnée, dans une atmosphère singulière qui fait oublier le temps.

Enfin, les parcours Explora-sons se rapprochent des versions plus classiques de la visite guidée, avec les explications d’une guide-conférencière. Néanmoins, pour mieux apprécier le site abbatial et en savourer les émotions qui aujourd’hui le fait vivre et vibrer, trois mini-concerts font office d’étapes au fil de la visite. Après avoir découvert les premiers temps de l’abbaye sur la grande place conventuelle puis l’escalier « baroque » moderne qui enrichi et perpétue la vie architecturale du site, le visiteur assiste au trio que forme la violiste Lucile Boulanger et deux danseurs, Aymen Fikri, dont les mouvements angulaires manifestent son style de prédilection qu’est le popping, et Mathilde Devoghel, dont les gestes plus souples montrent sa formation en danse contemporaine. Sur des extraits d’œuvres, entre autres de Jean-Sébastien Bach, les deux danseurs interagissent, parfois directement avec la musicienne, souvent à partir de la musique et racontent une véritable histoire, poétique et très bien travaillée. Leur danse est évidemment sublimée par le timbre chaud et intimiste de la viole de gambe qui portent avec justesse les intentions de Lucile Boulanger, qui ne quitte pas d’un regard les danseurs qu’elle accompagne. Après un détour au pied de la Tour Dauphine, on entre dans la cour du logis abbatial, dans lequel on s’émeut de la personnalité fraîche et sensible de la chanteuse Agathe Peyrat, accompagnée de l’accordéoniste Pierre Cussac, qui nous partage quatre belles chansons. Son interprétation de Danny boy, une ballade populaire issu du folklore irlandais, avec les yeux brillants, fait ressortir plus d’un auditeur avec une larme à l’œil.

Enfin, sous les voûtes de l’abbatiale, les visiteurs sont entourés des chanteurs et instrumentistes de l’ensemble Les Traversées baroques qui, sous la direction attentive et précise d’Etienne Meyer, interprètent des œuvres polychorales du XVIIe siècle de compositeurs d’Amérique latine. Comme plusieurs mini-concerts sont organisés dans l’après-midi, pour les participants des parcours comme pour les visiteurs en excursion libre, le public n’est pas trop nombreux et peut ainsi apprécier d’être assez proche des musiciens. Ceux-ci sont alors capables de produire les effets de spatialisation recherchés, immergeant totalement l’auditeur dans la musique. Il y a parfois quelques légères hétérogénéité et désynchronisation inhérentes à cette mise en espace, que l’on entend d’autant plus que l’on est proche des musiciens, mais l’effet reste efficace, voire puissant lors de Salga el torillo hosquillo de Diego José de Salazar (c. 1660-1709).

La visite se termine par un tour du cloître à double niveau puis de la découverte de la salle capitulaire. Rythmées de ces beaux moments de musique, ces différentes prennent une dimension unique qui permet de s’approprier les lieux d’une façon plus profonde et plus complète. En découvrant l’histoire et l’architecture en musique, le passé de l’abbaye d’Ambronay apparaît comme une période pas si lointaine de notre temps durant lequel l’abbaye vit toujours, et pleinement.



Publié le 25 sept. 2021 par Emmanuel Deroeux