Ariodante - Haendel
© Clarissa Lapolla Afficher les détails Masquer les détails Date: Le 22 juil. 2024
Lieu: Teatro Verdi, Martina Franca. Représentation donnée dans le cadre du 50ème Festival de la Vallée d’Itria (Italie du sud)
Programme
- Ariodante
- Dramma per musica en trois actes de Georg Friedrich Haendel (1685-1759), sur un livret anonyme d’après Antonio Salvi, inspiré du Roland furieux de l’Arioste (nouvelle édition critique du curé de Bernardo Ticci pour le Festival de la Vallée d'Itria)
- Créé le 8 janvier 1735 au théâtre de Covent Garden de Londres
Distribution
- Cécilia Molinari (Ariodante)
- Teresa Iervolino (Polinesso)
- Francesca Lombardi Mazzulli (Ginevra)
- Théodora Raftis (Dalinda)
- Manuel Amati (Lurcanio)
- Biagio Pizzuti (le roi d'Écosse)
- Manuel Caputo (Odoardo)
- Mise en scène : Torsten Fischer
- Décors : Herbert Schäfer
- Costumes : Vasilis Triantafillopoulos
- Orchestre Baroque Modo Antiquo
- Direction : Federico Maria Sardelli
Une version resserrée et énergiqueAriodante de Georg Friedrich Händel, inspiré par un épisode d’Orlando furioso de Ludovico Ariosto, a été mis en scène pour le Festival della Valle d'Itria à partir d’une nouvelle édition critique de Bernardo Ticci. Présenté au Teatro Verdi de Martina Franca, cet événement a constitué un moment fort de la 50ème édition du Festival. Sous la direction énergique de Federico Maria Sardelli, l'ensemble baroque Modo Antiquo a joué avec une précision et une vigueur remarquables. Sardelli, connu pour sa spécialisation dans le répertoire baroque, a su insuffler une dynamique vivante à la partition de Haendel, tout en respectant l'authenticité stylistique de l'époque. Sa direction rapide et entraînante a donné un nouveau souffle à l'œuvre, bien que ce rythme accéléré ait parfois posé des défis aux chanteurs.
La mise en scène de Torsten Fischer, caractérisée par une sobriété élégante, utilisait des motifs en noir et blanc évoquant la nature, les arbres et les animaux, rappelant les paysages écossais. Les décors, conçus par Herbert Schäfer, étaient minimalistes mais efficaces, laissant la part belle à l'expression dramatique des artistes. Les costumes de Vasilis Triantafillopoulos ajoutaient une touche de raffinement, renforçant l'ambiance baroque et féerique de l'opéra.
Cette mise en scène a brillamment exploité les contrastes visuels et émotionnels, notamment dans les arias Scherza infida et Il mio crudel martoro. Dans Scherza infida, Cécilia Molinari, enveloppée d'un voile noir, a interprété son aria tourmentée sous la pleine lune, créant une atmosphère sombre et poignante. En contraste, Francesca Lombardi Mazzulli, vêtue de blanc, a chanté Il mio crudel martoro sous le même fond lunaire, ajoutant une dimension de pureté et de souffrance innocente. Ce jeu de couleurs et de lumières a magnifiquement souligné la dualité des émotions dans l'opéra.
Dans le rôle-titre, Cécilia Molinari a ébloui par sa maîtrise technique et son expressivité. Ses interprétations de Con l'ali di costanza et Dopo notte ont été particulièrement mémorables, démontrant une grande habileté dans les coloratures et les nuances émotionnelles. Molinari a su captiver le public avec sa présence scénique et sa voix riche. Teresa Iervolino a apporté une profondeur et une complexité fascinantes au personnage de Polinesso. Sa voix puissante et son charisme ont parfaitement servi le rôle du méchant de l'histoire. Son interprétation a été l'une des plus marquantes de la soirée, notamment dans les airs où elle exprimait toute la fourberie de Polinesso. Francesca Lombardi Mazzulli a livré une performance émouvante dans le rôle de Ginevra. Ses airs Vezzi, lusinghe et Orrida a gl'occhi miei ont été exécutées avec une grande finesse, mettant en valeur sa voix souple et son talent pour les coloratures. Son interaction avec Molinari dans les duos a été particulièrement touchante, soulignant la tragédie de son personnage.
© Clarissa Lapolla
Les rôles secondaires ont également été interprétés avec brio. Théodora Raftis (Dalinda) et Manuel Amati (Lurcanio) ont offert des performances solides et émouvantes. Amati, en particulier, a impressionné dans Il tuo sangue, ed il tuo zelo, intégrant des mouvements de pistolet qui ont ajouté une dimension dramatique. Biagio Pizzuti (Roi d'Écosse) a projeté une voix puissante et a touché le public avec Al sen ti stringo, e parto, accompagné par Sardelli lui même à la flûte traversière.
La décision de couper les ballets a donné une version plus condensée de l'opéra, d'environ deux heures. Cette approche, typiquement italienne, a permis de maintenir une intensité dramatique tout au long de la représentation. Les artistes ont souvent doublé en tant que chœur et figurants, créant une cohésion et une fluidité remarquables sur scène.
La soirée s'est conclue de manière puissante sur Ogn'uno acclami bella virtute, où les solistes se sont avancés devant l'orchestre, créant une scène finale impressionnante et éblouissante, marquée par l'absence du ballet et de l’air Sa trionfar ognor, soulignant ainsi la virtuosité et l'héroïsme des personnages. Grâce à une direction musicale énergique, une mise en scène ingénieuse et des performances vocales exceptionnelles, cet opéra a brillamment mis en valeur la beauté et la complexité de l'œuvre de Haendel.
Publié le 27 juil. 2024 par Pedro Medeiros