Sarbacanes - Mozart

Sarbacanes - Mozart ©Bertrand Pichène
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Aubade mozartienne avec le jeune ensemble Sarbacanes

Actuellement en résidence au Centre culturel de rencontre d’Ambronay, dans le cadre du programme EEMERGING+, les neufs jeunes musiciens de l’ensemble Sarbacanes accompagnent le public lors d’un ravissant interlude musical.

C’est sur le parvis de l’abbatiale d’Ambronay que l’ensemble Sarbacanes aurait dû accueillir public et badauds. Pour cause de mauvais temps, c’est dans la salle Monteverdi que les spectateurs sont invités à découvrir une facette certainement trop méconnue du paysage sonore de l’époque classique : l’octuor à vent. Cet effectif était pourtant fort apprécié de l’empereur du Saint-Empire germanique Joseph II, pour lequel Wolfgang A. Mozart (1756-1791) a souvent composé et beaucoup retranscrit, notamment des opéras. L’octuor à vent était particulièrement utile lors des sérénades en plein air, comme le cadre qui était prévu cette après-midi. Il l’était aussi lors des concerts privés, comme la salle Monteverdi nous y invite.

Il semblerait que Mozart se soit rendu compte ne pas avoir suffisamment de quoi mettre en musique son propre mariage avec Constanze Weber, en 1782. Il transcrivit alors une de ses récentes compositions pour sextuor à vent, la Sérénade n°11 pour vent en mi bémol majeur, en ajoutant deux parties de hautbois. Soucieux de retrouver la pratique de l’époque, Sarbacanes interprète cette transcription avec une partie basse enrichie par une contrebasse. L’octuor est donc joué à neuf, comme il se doit ! Dès les premières mesures, les jeunes musiciens partagent une musique vivante, animée d’une direction dont ils partagent le même souffle. Dans ce premier Allegro maestoso, on aurait pu apprécier des parties un rien plus incisives afin d’en apprécier chaque détail. Toutefois, par la disposition en miroir de chaque pair d’instrument, les effets stéréophoniques sont tout à fait réussis et la musique est sans pleine de couleurs. On pourrait tout à fait se raconter une histoire si notre imagination nous y invite. Le Menuetto princier cache un trio plus sombre, parfois énigmatique voire un peu effrayant. Enfin, l’agréable Adagio permet d’apprécier le lyrisme et le timbre de chaque instrument. C’est avec un énergique Rondo, du même compositeur, au refrain aux allures espiègles, que les musiciens finissent cette courte aubade, avec quelques fusées et autres brèves envolées virtuoses.

Si l’adaptation de la programmation de cette édition 2020 du Festival d’Ambronay ne permet pas, pour cause de restrictions sanitaires, de profiter d’un Festival eeemerging, lors duquel le public découvrait de jeunes et talentueux ensembles de musique baroque et classique, les auditeurs ont tout de même le privilège de découvrir aujourd’hui, au détour de leur visite, ce bel et vif ensemble Sarbacanes.



Publié le 28 sept. 2020 par Emmanuel Deroeux