CIMA - Fontevraud

CIMA - Fontevraud © Eric Lambert : abside de la chapelle Saint-Benoît
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CIMA édition 2024 : un rendez-vous de l’excellence

Créé en 2015, le Concours International de Musique Ancienne du Val de Loire propose en cette année 2024 sa cinquième édition. Il s’adresse aux ensembles instrumentaux spécialisés dans le répertoire des XVIIe et XVIIIe siècles, interprétant cette musique sur instruments d’époque (ou sur des copies, car les instruments d’époque atteignent désormais des prix qui rendent leur acquisition totalement impossible par de jeunes musiciens...), et dans le style approprié à la musique baroque mettant à profit les recherches musicologiques de ces cinquante dernières années. Cette compétition se déroule tous les deux ans, elle est destinée aux ensembles instrumentaux, excluant de fait toute pratique vocale. Elle a pour double but de promouvoir la musique ancienne de cette époque, et surtout d’aider de jeunes ensembles spécialisés dans ce répertoire à se faire un nom et débuter une carrière professionnelle. Ce concours organisé par l’Ensemble Stradivaria - Orchestre Baroque de Nantes en partenariat avec France Musique, est soutenu financièrement depuis sa première édition en 2015 par le Conseil Régional des Pays de la Loire, les villes de Nantes et d’Angers. Il s’inscrit désormais comme un événement européen reconnu dans le monde de la musique ancienne (voir son site).

Un monument prestigieux
Comme à l’accoutumée, la demi-finale se tenait à huis clos ce mercredi 22 mai 2024 en la chapelle Saint-Benoît qui se trouve dans l’ensemble monastique de l’Abbaye Royale de Fontevraud. Située en région Pays de la Loire au confluent du Poitou, de l’Anjou et de la Touraine, cette abbaye royale qui abrite les gisants d’Aliénor d’Aquitaine, Henri Plantagenêt, Richard Coeur-de-Lion et Isabelle d’Angoulême, était le siège d’un ordre religieux unique fondé au tout début du XIIe siècle par Robert d’Abrissel. S’inspirant de la règle bénédictine, il a organisé à Fontevraud une vie de pauvreté, de pénitence et de travail. Il nomme Pétronille de Chemillé à la tête de l’Abbaye et de l’Ordre de Fontevraud, ainsi, ce nouvel ordre religieux mixte sera le seul dans l’histoire de l’Église Catholique à être gouverné par une femme, ce qui ne manquera pas de provoquer au fil du temps des protestations ; mais le choix de Robert d’Arbrissel sera toujours défendu et respecté. Ainsi, trente six abbesses, toutes issues de la plus haute noblesse et portant le plus souvent des noms prestigieux, se succéderont à la tête de l’abbaye jusqu’à la dissolution de l’ordre à la Révolution Française en 1792. En 1804, l’abbaye est transformée en centrale pénitentiaire par l’empereur Napoléon 1er, et c’est cette nouvelle affectation qui sauvera de la ruine le plus grand ensemble monastique d’Europe. Dès 1840, l’abbaye de Fontevraud est classée par Prosper Mérimée sur la première liste des monuments historiques. Considérée comme l’une des prisons les plus dures de France, elle est définitivement fermée sur demande d’André Malraux en 1963, laissant quelques années plus tard sa place au Centre Culturel de l’Ouest. En l’an 2000, l'Abbaye Royale de Fontevraud est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO.


Fontevraud, vue aérienne © Eric Lambert

Contrairement aux quatre éditions précédentes, le jury n’était cette fois pas présidé par William Christie, claveciniste et fondateur de l’ensemble baroque des Arts Florissants, retenu par d’autres obligations. La présidence du jury de l’édition 2024 était donc assurée par Nicolas Bucher, organiste, claveciniste et directeur du Centre de Musique Baroque de Versailles. A ses côtés, Daniel Cuiller, violoniste et fondateur de l’Ensemble Stradivaria - Orchestre Baroque de Nantes, Corinne Schneider, musicologue et productrice à France Musique, Aline Zylberajch, claveciniste et professeur au Conservatoire National de Musique de Paris et à l’Académie supérieure de musique de Strasbourg et Catherine Massip, enseignante en musicologie, présidente des Arts Florissants de 1996 à 2011.

Un thème imposé
Comme pour chacune des éditions du concours, un thème était proposé aux candidats, à charge pour eux de construire un programme cohérent en lien avec celui-ci. « L’Homme et la Nature » était donc le thème retenu pour l’édition 2024. Huit ensembles ont été sélectionnés pour concourir à la demi-finale : Apollo’s Cabinet (Royaume-Uni), Bellot (Royaume-Uni), Caliginoso (Allemagne), Il Parrasio (Pays-Bas), I Mastricelli (Pays-Bas), Les Impertinences (Suisse), Rosa Triplex (Pologne) et Tra Noi (Allemagne). On remarquera l’absence totale d’ensemble français pour cette édition, absence qui peut sans doute s’expliquer par une volonté de concourir à l’étranger. On notera toutefois la présence de trois musiciens français dans les ensembles candidats au concours, ce qui est somme toute assez peu.


Ensemble Les Impertinences © Eric Lambert

Premier ensemble à concourir, Les Impertinences est un tout jeune ensemble créé en septembre 2023 par cinq étudiants du département de musique ancienne de la Haute École de Musique de Genève. Il a proposé un programme axé sur la musique italienne et française (Henry Du Mont est certes né en Belgique actuelle mais il a passé l’essentiel de son existence à Paris sous le règne de Louis XIV). Une fort belle entrée en matière avec une interprétation du plus haut niveau et un beau sens de la nuance et de la modulation, plaçant d’entrée la barre au plus haut.


Ensemble Bellot © Eric Lambert

Vient ensuite l’ensemble britannique Bellot qui axe sa prestation sur la musique italienne exclusivement, dans lequel on retiendra tout particulièrement un beau dialogue violon/ flûte à bec dans la première pièce signée Marco Uccellini. Prêtre, compositeur et violoniste virtuose comme Antonio Vivaldi, maître de chapelle à Parme chez les Farnèse, ce compositeur est considéré comme l’un des grands artisans de l'essor du violon solo au XVIIe siècle, dans le sillage du Prete Rosso. Ses sonates se caractérisent par d’originales inventions harmoniques, des changements fréquents de mode et de tonalité et une usage judicieux de contrastes.


Ensemble Apollo’s Cabinet © Eric Lambert

Mais l’ensemble suivant, Apollo’s Cabinet, se détache très nettement par un programme très structuré collant parfaitement au thème imposé. Le choix des pièces présentées s’est porté sur de la musique française exclusivement, entre lesquelles un texte déclamé en français par le percussionniste Daniel Watt introduit chacun des thèmes traités : La Terre, La Sécheresse et le Feu, L’Eau et L’Inondation, L’Air et Les Tempêtes. Dès les premières mesures, le ton est donné. Le savant mélange de musique et de théâtralité dénote un professionnalisme évident et une expérience de la scène manifeste qui laisse d’emblée à penser que cet ensemble figurera à l’évidence parmi les lauréats du concours... Par ailleurs, difficile de ne pas être séduit par le talent impressionnant de la jeune violoniste bulgare Sophia Prodanova, lauréate de prix internationaux à qui la Fondation Jumpstart Jr Foundation a confié pour une durée de trois ans un violon d’exception signé Amati (frères, Antonio et Girolamo Amati utilisaient une étiquette commune) datant de 1596.

Des formations cosmopolites

Ensemble Caliginoso © Eric Lambert

L’ensemble cosmopolite Caliginoso (quatre nationalités : française, ukrainienne, allemande et hongroise) a construit un programme original regroupant des œuvres anglaise, allemande et françaises, parmi lesquelles trois comprennent dans leur titre l’évocation du chant des oiseaux. La dernière pièce, une sonate signée Louis-Gabriel Guillemain, la Sonate en quatuor ou Conversation galante op. 17 n°4 en do mineur, s’inspire directement du chant des oiseaux. Violoniste d’exception si l’on s’en tient aux écrits de son époque (« c'est peut-être le violon le plus rapide et le plus extraordinaire qui se puisse entendre » écrivait Pierre Louis d'Aquin de Château-Lyon), il surpassait très probablement la virtuosité de Jean-Marie Leclair, à tel point que fort peu de violonistes à l’époque étaient en mesure d’aborder certaines de ses sonates. L’Aria qui constitue le mouvement central de la sonate, dans lequel le dialogue violon traverso évoquant le chant des oiseaux est une pure merveille, démontre que ce compositeur mériterait d’être plus souvent remises à l’honneur.


Ensemble Tra Noi © Eric Lambert

Tra Noi (« Entre nous » en italien) est un ensemble tout aussi cosmopolite, composé d’une Française, un Espagnol, une Allemande et un Italien, qui aborde le thème de l'homme et de la nature de manière à la fois originale et personnelle. La première sonate de Giovanni Battista Buonamente vise à illustrer la nature même de l'homme, à travers ses émotions qui sont comme un reflet de sa vie intérieure. La Gallina de Tarquinio Merula imite de manière assez réaliste les gloussement d'une poule sans que l’aspect parodique ne prenne pas le pas sur la musique. La Sonate en trio n°6 en imitation des oiseaux de William Williams tire son inspiration du chant d’un oiseau dans le thème du premier mouvement pour le développer ensuite librement à travers de belles variations. Dans Come sei gentile caro angellino de Claudio Monteverdi, l'oiseau dans sa cage symbolise l’homme prisonnier de son amour. L’air traditionnel populaire irlandais Cuckold come out the amery joue sur le double sens du mot anglais cuckold qui désigne le coucou… mais aussi le cocu ! Désignant le coucou qui pond ses œufs dans le nid d’un autre oiseau, il désigne également par extension le mari trompé par son épouse. Il convient de souligner que cet air traditionnel collecté au XVIIe siècle est en fait une polka qui fait toujours partie du répertoire de la musique irlandaise de nos jours.


Ensemble Rosa Triplex © Eric Lambert

Rosa Triplex est un ensemble polonais qui s’est constitué très récemment. Il réunit trois musiciennes venues de Grande Bretagne, Pologne et Ukraine. Elles livrent un programme intéressant, comprenant également la Sonate en trio n°6 en imitation des oiseaux de William Williams et une pièce originale de Walter Claggett tirée de A selection from The Witches, un compositeur et violoncelliste irlandais qui fit sa carrière à Londres durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Toutefois, on pourra regretter l’absence d’un violoncelle ou d’une viole de gambe qui crée un déséquilibre par l’absence d’une ligne de basses.

Un violoncelliste de grand talent

Ensemble I Mastricelli © Eric Lambert

Trois musiciens composent I Mastricelli. un ensemble très original réunissant un gambiste, une claveciniste et un violoncelliste. Antonio Pellegrino est lauréat du Concours Boccherini de Lucca (Italie) mais aussi d’autres concours internationaux. Cependant, à son écoute, force est de constater que cet ensemble s’organise autour de la personnalité du violoncelliste dont le talent éclipse quelque peu ses deux accompagnateurs. Le son ample et profond de son violoncelle a fait merveille dans la Sonate n°1 in si mineur extraite du Livre I de Jean Barrière, de même que la Romanella en la mineur de Giulio De Ruvo, une pièce écrite à l’origine pour le violoncelle seul. La prestation de cet ensemble a sans le moindre doute été très remarquée.


Ensemble Il Parrasio © Eric Lambert

Il Parrasio, dernier ensemble à concourir, est un ensemble basé aux Pays Bas. Créé en février 2024, ce tout jeune ensemble axe principalement son travail sur la musique italienne. Tout aussi cosmopolite que les formations précédentes, il réunit deux violonistes, japonaise et slovène, un violoncelliste et gambiste américain et un claveciniste italien. Ils proposaient un programme de musique italienne et anglaise, avec une sonate en trio de Pietro Locatelli, n°5 opus 5 « Pastorale » en ré mineur et une splendide Sonate en trio opus 3 n°4 d’Arcangelo Corelli durant laquelle la violoniste Eriko Nagayama (qui a notamment étudié auprès de Rachel Podger) a fait preuve d’une virtuosité parfaitement maîtrisée. La fameuse sonate en trio In imitations of birds de William Williams était quant à elle donnée pour la troisième fois de la journée.

Vient alors la délibération du jury afin de sélectionner les ensembles appelés à participer à la finale. Globalement, les formations admises à concourir à cette demi-finale sont du meilleur niveau. Pas de fautes de style majeure, et il faut bien en convenir, départager des ensemble de cette qualité n’est pas chose aisée même si quatre ensembles se détachent très nettement parmi les huit concurrents. Une remarque cependant: le lien entre les œuvres présentées et le thème imposé par les organisateurs du concours n’est pas toujours spécialement évident, hormis Apollo’s Cabinet qui s’est ostensiblement attaché à présenter des œuvres en lien étroit avec le thème.

Quatre ensembles retenus
A l’issue d’une journée intense de musique du plus grand intérêt, quatre ensembles sont finalement retenus par le jury pour participer à la finale ouverte au public qui se déroule le 23 mai 2024 dans les locaux du Conservatoire de Région de Nantes : Bellot, Apollo’s Cabinet, Tra Noi et Il Parrasio. On pourra regretter que l’ensemble I Mastricelli qui a offert une prestation remarquable n’ait pas été retenu… mais le choix s’explique dans la mesure ou cet ensemble tient pour l’essentiel à la personnalité et au talent du violoncelliste qui a quelque peu occulté involontairement les deux musiciens qui l’accompagnaient. De plus, le lien entre les œuvres choisies par cet ensemble et le thème du concours restait assez flou.

Pour la finale du concours, deux œuvres au choix ont été imposées, à chacune des formations de compléter le programme afin d’atteindre une durée de trente minutes de musique: le Capriccio Stravagante de Carlo Farina ou bien Les Eléments de Jean-Fery Rebel. Ces deux œuvres d’une grande originalité s’inscrivent à l’évidence dans le thème initial du concours. Les Eléments de Rebel est une œuvre composée en 1737, très en avance sur son temps et remarquable notamment par les audace harmoniques de sa fameuse introduction intitulée Le Cahos (comme inscrit sur la partition). Quant au Capriccio stravagante, il s’agit d’une pièce instrumentale pour cordes à l’origine publiée par son auteur à Dresde en 1627 bien connue des mélomanes pour les évocations de cris d’animaux que l’on trouve sur la partition.

Contrairement à ce que l’on aurait pu supposer, c’est l’ensemble Tra Noi qui reçoit le premier prix de la cinquième édition du CIMA-Val de Loire, Appollo’s Cabinet se voyant attribuer le second prix.

Une formation talentueuse
Créé en tant qu'ensemble au début de l’année 2023, Tra Noi est déjà lauréat du Wiener Konzerthauspreis et du Concours International Heinrich Ignaz Franz Biber en Autriche et a remporté le Prix du Public au Concours Biagio Marini en Italie. Il s’est déjà produit dans plusieurs festivals de musique. Il se compose de quatre musiciens :
Lorenzo Molinetti : violon. Diplômé avec distinction du Conservatoire Giuseppe Verdi de Milan, titulaire d’un master après avoir étudié dans la classe de Raphaël Oleg à la Hochschule für Musik de Bâle, il continue actuellement à étudier à la Schola Cantorum Basiliensis sous la direction d'Amandine Beyer. Il par ailleurs participé à de nombreux concours nationaux et internationaux et a remporté la première édition du Concours international de violon Josefz Brendeisz, organisé à Timisoara. Passionné par la musique de chambre, il est aujourd'hui membre du quatuor à cordes La Clementina, spécialisé dans le répertoire classique et baroque sur instruments d'époque. Enfin, il joue sur un violon allemand anonyme construit dans la première moitié du XVIIe siècle.
Camille Sors : violoncelle. Titulaire d’un master de la Guildhall School of Music de Londres, elle achève ses études à l’École Normale de Musique de Paris. Actuellement, elle achève ses études au Conservatoire Supérieur de Musique et de Danse de Lyon avec Elena Andreyev et Emmanuel Balssa. Par ailleurs, Camille Sors est titulaire d’une agrégation de musique.
Silvia Berchtold : flûte à bec. Elle fait ses études en musique ancienne et contemporaine à l’École des Arts de Zurich (professeur Matthias Weilenmann), au CNSMD de Lyon (professeur Pierre Hamon, musique ancienne) et à la Hochschule für Musick de Nuremberg. Lauréate de plusieurs concours internationaux, dont le 1er prix du Concours International MOECK/SRP à Londres, elle s'est produite dans plusieurs festivals. Parallèlement, elle était artiste en résidence en 2018 à Varanasi, en Inde, pour en apprendre davantage sur la musique indienne.
Eliot Xaquin Dios, à la fois claveciniste, pianiste et compositeur, est actuellement basé à Bâle. Il a obtenu un Master Summa cum Laude en interprétation de la Schola Cantorum Basiliensis ainsi qu'un Bachelor au Conservatoire Royal de La Haye. Il est également diplômé en piano et cornemuse galicienne au Conservatoire de Vigo. Il s'est également produit dans des festivals renommés et complète actuellement sa formation en effectuant un master en improvisation historique à la Schola Cantorum Basiliensis.

Apollo’s Cabinet (voir son site) contre toute attente reçoit donc le second prix mais il était difficile d’imaginer que cet ensemble remarquable ne soit pas récompensé. Déjà lauréat entre autres des concours Haendel de Göttingen et Maurizio Pratola en 2022, cet ensemble qui se distingue par son originalité mélange avec bonheur poésie, humour, théâtre… et musique bien sûr. Déjà bien installé dans le monde professionnel, il a déjà plusieurs tournées à son actif en Grande Bretagne et a participé à plusieurs festivals de musique baroque en Europe. Il a déjà enregistrement à son actif et prépare en première mondiale l’enregistrement d'une cantate de Wilhelm Friedemann Bach qui avait initialement été dédiée à Frédéric II de Prusse, parution prévue en 2025. Apollo’s Cabinet se compose de Teresa Wrann, flûte à bec et fondatrice de l’ensemble, Daniel Watt, percussionniste, Harry Buckoke, viole de gambe, Thomas Pickering, flûte à bec et traverso , Collin Shay, clavecin et Sophia Prodanova violon.

Invitation à France Musique et concert de clôture
A l’issue du concours, l’ensemble Tra Noï était invité en direct de l’émission Générations France Musique le 25 mai (à réécouter ici).

La conclusion de cette cinquième édition du CIMA-Val de Loire revient à l’ensemble ayant remporté le premier prix. L’ensemble Tra Noi se produisait à l’auditorium du Conservatoire à Rayonnement Régional d’Angers le dimanche 26 mai à 15h. La première œuvre présentée est une œuvre anonyme s’inspirant de musiques traditionnelles des nomades d’Europe de l’Est (rom et sinti), suivie d’une suite de Georg Philip Telemann renfermant elle aussi des éléments puisés dans les musiques traditionnelles, ces deux pièces constituant un bel exemple de la perméabilités entre musique populaire et musique dite savante. On relèvera tout particulièrement la prestation de haut vol de la flûtiste Silvia Berchtold dans le Presto final. Parmi les pièces au programme, deux pièces évoquant le monde animal : La Gallina de Tarquinio Merula déjà présentée en demi-finale, suivie du fameux Capriccio Stravagante de Carlo Farina. Composée de quatre mouvements, cette œuvre est particulièrement originale et intéressante car elle compte parmi les tous premiers exemples de musique à programme des débuts de la période baroque. A la fois humoristique et spectaculaire, cette œuvre est écrite dans le but de surprendre le public. On y retrouve notamment l'utilisation d'un certain nombre de techniques violonistiques à la fois expressives et descriptives visant à imiter des sons d’animaux, tels des aboiements de chiens ou des miaulements de chats. Il convient de souligner l’extrême difficulté d’interpréter ce Capriccio Stravagante qui nécessite une technique sans failles, et surtout une parfaite compréhension de ce que le compositeur a voulu exprimer. Toutes les œuvres présentées à huis clos lors de la demi-finale ont été reprises durant ce concert de clôture qui a pris fin sur l’air traditionnel irlandais Cuckold come out the amery. Rendez vous désormais en 2026 pour la prochaine édition de ce concours, en souhaitant à l’ensemble Tra Noi une carrière professionnelle à hauteur de son talent.



Publié le 05 juin 2024 par Eric Lambert