Bach is back - Arverne Brass Quintet

Bach is back - Arverne Brass Quintet ©Antoine Thiallier
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Une redécouverte de Bach pour tous

La musique de Jean-Sébastien Bach est, pour certains, une œuvre si parfaite qu’il n’est pas envisageable d’y toucher. Pourtant, elle sait nous parler encore aujourd’hui, preuve que sa grandeur est justement dans son universalité. De plus, Bach avait lui-même une position très tranchée quant à la nouveauté dans la musique, ce que l’on lui a souvent reproché, notamment à Arnstadt après son voyage initiatique à Lübeck auprès de Dietrich Buxtehude. C’est ainsi que l’Arverne Brass Quintet, qui comme son nom l’indique est un quintette de cuivres originaire d’Auvergne, propose un spectacle autour de l’œuvre de Bach qui sait plaire à tous, et particulièrement les plus jeunes. Des familles et des spectateurs moins jeunes mais curieux sont donc au rendez-vous, dans ce cinéma La Viouze des Ancizes-Comps, dans le cadre du festival Bach en Combrailles, avec la collaboration et le soutien de l’association La Grange de Jacques.

Le scénario du spectacle est simple : un fervent et puriste admirateur de Bach organise un concours réunissant quatre candidats aux personnalités très différentes. Néanmoins, ils ont chacun une façon de s’approprier la musique de Bach et malgré les fortes réticences de l’organisateur du concours, nourri d’a priori et d’un esprit dont se serait plaint amèrement le jeune Jean-Sébastien, qui finit tout de même par se laisser convaincre par l’universalité de cette musique inspirée. Ecrit par la comédienne et metteur en scène Sophie Lannefranque, le scénario n’est donc pas forcément fort d’une intrigue haletante, mais il permet une scénographie efficace grâce notamment à de belles lumières et d’une intéressante chorégraphie d’ensemble, avec également une bonne dose d’humour.

Grâce au travail admirable d’arrangement d’Eric Pigeon, les spectateurs peuvent ainsi redécouvrir, voire découvrir, quelques-unes des plus fameuses œuvres du cantor de Leipzig. Le Menuet en sol Majeur pour Anna Magdalena est un premier arrangement, très bien fait, sans grande surprise mais avec de beaux effets de lumières et d’ombre. C’est avec la Badinerie que la musique devient jazz-électro, pour le plus grand plaisir des plus jeunes spectateurs, visiblement très réceptifs. L’Aria de la Troisième Suite est interprété avec la séduction d’un trompettiste crooner et improvisateur, dont l’effet blues est augmenté par des lumières bleues. La Chaconne de la Deuxième Partita permet à chacun des musiciens de s’exprimer en soliste, grâce à cette basse obstinée qui invite à l’improvisation. L’interprétation de l’Offrande musicale est tout à fait personnelle (on nous avait prévenus !), avec un retravail complet de l’œuvre au niveau harmonique et rythmique, dont on reconnaît toutefois touts très bien le thème principal. Enfin, la Toccata en ré mineur est jouée en son intégralité, avec une fugue festive qui se termine par des accords puissants, comme sur un orgue. Les instruments sont sonorisés, certainement afin d’assurer un équilibre sonore puisque les musiciens évoluent sur scène et dans la salle, mais on pourrait regretter que la réverbération qui est rajoutée ne soit si exagérée.

Riant souvent, appréciant la qualité des arrangements et les efficaces effets visuels, le public est surtout ravi de redécouvrir ainsi Bach et, surtout, les plus jeunes n’ayant encore pu encore explorer tout l’œuvre du compositeur, ont ainsi mis un premier pied dans l’univers universel et riche du Baroque… et du Jazz !



Publié le 29 août 2021 par Emmanuel Deroeux