Orgue - Marnhac

Orgue - Marnhac ©Antoine Thiallier
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L’enfant de Pontaumur devient grand

Pour cette dernière audition méridienne de sa XXIIe édition, le festival Bach en Combrailles est toujours très fier d’offrir à ses fidèles festivaliers l’opportunité d’entendre l’enfant du pays, le tout jeune Axel de Marnhac, né en 2001. En effet, ayant grandi avec le splendide orgue de l’église de Pontaumur, Axel de Marnhac en est, depuis 2012, l’heureux titulaire. C’est donc à l’image du jeune Bach à Arnstadt qu’il débute une carrière prometteuse, presque sur le même instrument, celui de Pontaumur étant la réplique fidèle de celui du jeune Jean-Sébastien.

L’organiste propose un programme d’œuvres ambitieux et réfléchi autour du chromatisme et de la spiritualité. C’est d’ailleurs le titre de sa composition qui ouvre l’audition : Chromatismes et spiritualité, une fugue à trois voix sur un sujet chromatique descendant sur jeux d’anches. Si certaines parties restent de l’ordre de l’exercice d’écriture et de style, avec une partie centrale d’inspiration Renaissance ou du début du Baroque, le résultat est assez satisfaisant et interprété de manière sérieuse. Pour la Fantasia Cromatica de Jan Pieterszoon Sweelinck, Axel de Marnhac ajoute un bourdon en pédale qui augmente le côté énigmatique de l’œuvre, dans laquelle s’entremêlent les différentes voix autour du sujet, également chromatique descendant. Avec la Toccata quinta dal secondo libro di toccate de Girolamo Frescobaldi, le jeune musicien veut démontrer sa fluidité agile du discours musical, malheureusement un peu coupé par les changements de claviers. Globalement, l’auditeur aurait sans doute apprécié bien plus de respiration, les phrasés paraissant un peu en apnée dans leur conduite. Néanmoins, les harmonies fortes et denses font impression.

Pour terminer l’audition, Axel de Marnhac propose, évidemment, du Jean-Sébastien Bach avec sa Fantaisie chromatique et Fugue en ré mineur BWV 903. Sans doute sa maîtrise du clavier serait-elle encore davantage appréciée si son interprétation pouvait valoir d’un tout petit grain de folie, d’une audace, d’une prise de risques qui feraient du concert un véritable moment de partage plutôt que d’une restitution attentive d’un travail assurément sérieux. Aussi, il est fort probable que le jeune organiste, suppléant à du Grand-Orgue de la Cathédrale de Clermont-Ferrand, instrument du facteur Joseph Merklin, laisse de plus en plus exprimer son enclin pour la musique romantique. Car on en entendrait dans cette interprétation sonore de Bach. Mais il se fait plaisir à faire sonner cet impressionnant instrument et le public pontaumurois semble partager son enthousiasme retenu en l’applaudissant chaleureusement. En 2018 (se reporter à notre compte-rendu), nous nous promettions de suivre avec intérêt les avancées de ce jeune et talentueux musicien. Maintenant qu’il est étudiant au CNSMD de Paris, nous ne manquerons toujours pas de le suivre dans les années à venir.



Publié le 25 août 2021 par Emmanuel Deroeux