Concert lecture - Bach

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Intense concert-lecture de l’Évangile de Marc

Afin de préparer le public du festival Bach-en-Combrailles à la très attendue reconstitution de la Passion selon Saint Marc de Jean-Sébastien Bach (1685-1750), évènement qui clôturera cette 20e édition, son directeur Vincent Morel a l’excellente idée de proposer un moment tout particulier autour de l’Évangile de Marc (c. 3-68). Comme il le rappelle en présentation du concert, le public de Bach venait d’abord écouter un texte mis en musique, alors que le public actuel assiste pour le plus souvent à une musique avec texte. L’œuvre de Bach ne peut pourtant pas être comprise, ni même appréciée à sa juste valeur, sans avoir conscience de son message, qui est son essence même et certainement la raison de sa perfection admirable. C’est dans cette démarche audacieuse que le festival invite le comédien Alain Carré et la violoncelliste Emmanuelle Bertrand pour une lecture en français du texte qui inspira cette passion.

Dès que les premières notes du violoncelle emplissent l’église romane de Villosanges, une incroyable qualité d’écoute et d’attention s’instaure. La grande sensibilité de l’interprétation des Suites pour violoncelle seul de Bach ne laisse aucun doute quant à la pureté de cette musique. De sa voix rassurante, parfois autoritaire, toujours très noble, Alain Carré captive par le récit de la parole de l’évangéliste Marc. Sa prosodie régulière et très musicale met en éveil l’attention constante du public. Les commentaires ponctuels du violoncelle, dont les extraits sont très pertinemment ordonnés, sont de véritables respirations musicales qui invitent à la méditation et au repos de cette intense écoute. Par la profonde compréhension de la partition de Bach et l’intelligence de son exécution, Emmanuelle Bertrand crée un moment unique, absolument hors du temps. L’intensité de la lecture atteint alors une forte puissance émotionnelle dont le paroxysme est évidemment la mort de Jésus : « Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».

Le public, fort reconnaissant, se voit offrir en bis une sorte de commentaire poétique de ce moment de lecture : sur Je te veux d’Eric Satie (1866-1925), Alain Carré récite le superbe poème de Jacque Brel Et si c’était vrai… Le toute dernière phrase exprime parfaitement l’expérience que vient de vivre le public : « C’est tellement beau tout cela, quand on croit que c’est vrai. »



Publié le 13 août 2018 par Emmanuel Deroeux