Douce nuit - Kengen & Unterpertinger

Douce nuit - Kengen & Unterpertinger © Johanna Unterpertinger
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Un programme riche et reposant

Le concert proposé en cette fin d’année 2024, soulignons-le, est particulièrement riche et audacieux ! Le Goethe-Institut de Lyon (voir son agenda culturel), lieu emblématique pour la promotion de la culture allemande dans le monde, propose tout au long de l’année des événements autour de l’apprentissage de l’allemand ainsi que des expositions, concerts etc. La soirée se déroule dans la salle principale de l’institut. Iris Kengen (voir sa page Instagram) et Johanna Unterpertinger (voir son site) proposent un concert de musique instrumentale de l’époque renaissance et baroque, ponctué de chants et de lectures en français.

Le public est varié, les tranches âges et les langues s’entremêlent. Il y a aussi bien des jeunes issus du Conservatoire, que des aînés intéressés par la programmation. On entend à la fois quelques mots d’allemand, d’anglais, de français. Le tout dans un environnement, bienveillant et convivial, on nous propose même un verre à la fin. Nous sommes chaleureusement accueillis par la responsable de l’institut « Très heureuse de vous accueillir » qui conclut par ces mots « À la demande des musiciennes, merci de ne pas applaudir entre les morceaux, mais seulement à la fin ».

Lumières tamisées, les artistes occupent l’espace scénique, au-delà de la simple scène. Sur la mezzanine, Iris Kengen, violoniste entame les premières notes, accompagnée par sa collègue Johanna Unterpertinger, avec sa flûte à bec rougeoyante, de l’autre côté de la salle. Cette mise en scène originale capte l’attention du public dès les premières notes des sonates de Georg Philipp Telemann qui ouvrent le concert. Tout au long de cette douce nuit, elles ont su investir  l’espace du Goethe-Institut. L’occupation change en fonction des œuvres interprétées, tel un cadran lunaire. Elles naviguent d’un mouvement à l’autre avec aisance. Plus qu’un concert, c’est véritablement une histoire musicale qu’elles nous racontent.

Entre les deux musiciennes il y a une très belle harmonie, une confiance réciproque et flagrante complémentarité. Elles jouent avec un réel engouement. Iris Kengen montre toute sa maîtrise de son violon baroque en produisant de belles et riches notes graves. A l’époque de la Renaissance, les notes des instruments à vent sont plus brutes et simples que celles de l’époque baroque, ornées et sophistiquées. Johanna Unterpertinger fait de ses flûtes, une voix au sens premier du terme. Elle diversifie son jeu ce qui le rend particulièrement agréable à écouter. Dans cette même continuité, l’introduction des œuvres de Michael Praetorius débute par un air chanté par les deux artistes, deux voix légères et fines qui captivent l’assemblée. Leur chant est telle une troisième voix à l’ensemble musical, semblable à une brise qui parcourt les mers. L’alternance des duos, pour l’œuvre de Geert van Turnhout par exemple (violon-flûte, violon-voix, voix-flûte) est très agréable et participe à la fluidité du concert. Les deux femmes échangent des regards complices, produisent de très belles mélodies avec un rythme charmeur.


© Dimitri Morel

Durant tout le concert les artistes nous montrent l’étendue de leur univers musical et de leurs savoir-faire. Iris utilise un violon renaissance en bois clair, elle en joue comme sur les représentations iconographiques et un baroque en bois foncé. Sa ligne est nette et équilibré avec celle de sa collègue. Johanna utilise trois flûtes de la Renaissance (alto en sol, ténor en do, bassett en fa) et trois flûtes baroques (flûte à voix en ré, alto en fa, sixte en ré), ses notes veloutées, notamment lorsqu’elle produit de petites attaques. Elle me plonge dans l’univers fantastique de Zelda. Dolce mémoire de Francesco de Layolle est interprété avec une subtile et délicieuse voix légère. Les deux artistes produisent un bel équilibre entre violon-flûte-voix.

Johanna entame les airs de Jacques-Martin Hotteterre avec l’iconique flûte à bec qui aura marqué de nombreuses générations de collégiens en France, sa dextérité est très agréable. Ensemble elles restituent le rythme et toute la magie de Georg Friedrich Haendel, les mouvements choisis sont entraînants et gais. Avec son violon baroque, Iris Kengen effectue une exquise série de pizzicati. Pour le dernier mouvement de Georg Philipp Telemann, les artistes parcourent la scène jusqu’à se retrouver derrière le public. Le public est dans un état agréable de méditation et se laisse bercer par les notes.

Les sourires des deux musiciennes témoignent de leur joie de jouer ensemble. Le public partage son enthousiasme pour leur performance avec de longs applaudissements. Ce concert offert par le Goethe-Institut est une opportunité : découvrir un lieu qui propose des évènements de qualité, rencontrer des compositeurs peu connus et surtout de jeunes talents. Les spectateurs échangent avec les artistes, leur faisant part de leur admiration. Une agréable invitation reposante à la musique Renaissance et Baroque qui contraste avec cette période agitée des fêtes de fin d’année.



Publié le 20 janv. 2025 par Dimitri Morel