The Fairy Queen - Purcell

The Fairy Queen - Purcell ©
Afficher les détails
Un chef-d’œuvre du baroque

The Fairy Queen, créé en 1692, est l'une des œuvres les plus emblématiques de Henry Purcell et représente un point culminant dans l'histoire de la musique baroque anglaise. Œuvre hybride, elle est basée sur une adaptation libre du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare, transformant la pièce en un semi-opéra, genre typiquement anglais qui intègre des dialogues parlés, des chants et des danses. Cette forme, née à une époque où l'opéra tel qu'il était connu en Italie n'était pas encore complètement accepté en Angleterre, reflète les influences continentales tout en répondant aux goûts spécifiques du public londonien de l'époque.

Dans l’univers de la musique baroque, The Fairy Queen illustre l'attrait pour la complexité et l'ornementation, que ce soit à travers la richesse de l'orchestration ou la manière dont la musique est étroitement liée à l’expression dramatique. Le baroque est marqué par un désir de susciter l'émotion, de capturer la grandeur divine et humaine à travers la musique et les arts. Purcell, considéré comme l’un des plus grands compositeurs anglais, a su parfaitement incarner cet esprit en combinant des harmonies audacieuses et des mélodies qui expriment à la fois l'intensité et la légèreté, typiques de l'époque.

La représentation du 2 septembre 2024 de The Fairy Queen au Centre culturel de Korčula a été une soirée pleine de magie et de féerie, avec une mise en scène audacieuse qui a su moderniser l’œuvre de Purcell tout en restant fidèle à l'esprit baroque. Ce spectacle a réuni un ensemble de talents issus de divers horizons : l'Ensemble Baroque Croate, les London Handel Players et des solistes vocaux et danseurs de renommée internationale tels que Mary Collins, Steven Player et Adrian Butterfield.

La chorégraphie de Mary Collins a su capturer l'essence légère et fantaisiste de The Fairy Queen, avec une touche subtile de comédie qui a particulièrement brillé dans les moments de travestissement comique, notamment durant Maids must never Kiss no Men. Les éléments bucoliques de la scénographie, notamment les oiseaux et les arbres, ainsi que l'utilisation de baguettes magiques, ont accentué la magie omniprésente de la pièce, donnant un cadre visuel envoûtant. La danse, restaurée à partir des notations du XVIIIe siècle, était fluide et harmonieuse, renforçant l'intégration parfaite entre musique et mouvement.

Les artistes de la jeune distribution irlandaise a apporté une énergie rafraîchissante et une interprétation pleine de vitalité à The Fairy Queen. Leur production a été marquée par un mélange impressionnant de talent vocal et de présence scénique, avec une aisance remarquable dans l’interprétation des rôles multiples. Leur coopération avec le Sligo Baroque Music Festival (en Irlande), où ils se produiront à la fin du mois, promet de continuer à faire briller ces jeunes artistes sur la scène internationale. Ce partenariat avec le Festival de Sligo souligne l'importance de promouvoir la nouvelle génération de musiciens baroques tout en renforçant les échanges culturels entre les deux événements.

La musique de Purcell, dirigée avec élégance par Adrian Butterfield, a été exécutée avec précision et sensibilité. Les arias comme If love's a sweet passion et See, see, even night herself is here ont été magnifiquement interprétés, chaque chanteur ayant endossé plusieurs rôles avec une aisance impressionnante. Les solistes vocaux, accompagnés par l'orgue dans l'accompagnement final, ont livré des interprétations à la fois puissantes et subtiles. La basse profonde (Sommeil) a créé dans Hush, no more, be silent all, une atmosphère captivante et solennelle, rompue par des moments d’humour inattendus.

La narration bilingue en anglais et en croate a ajouté une dimension unique à la représentation, permettant de rendre hommage à l’influence de Shakespeare tout en enracinant la pièce dans un contexte local. La décision audacieuse de couper certains da capos a maintenu une dynamique fluide et a évité la lassitude en offrant une version réduite, plus concise mais toujours respectueuse de l’œuvre originale. Les moments comiques, notamment la représentation travestie et le refrain Come, come, I'm drunk, ont été des instants mémorables et rafraîchissants.

La représentation de The Fairy Queen à Korčula est parvenue à allier la tradition baroque de la danse à une modernité subtile, tout en restant ancrée dans la magie de l’œuvre de Purcell. Ce mariage entre la musique, la danse, et une mise en scène innovante a offert une expérience mémorable, où les solistes et les danseurs ont brillé par leur polyvalence et leur talent.



Publié le 10 sept. 2024 par Pedro Medeiros