Au plus près du Paradis - Valer Sabadus - Spark, the Classical Band

Au plus près du Paradis - Valer Sabadus - Spark, the Classical Band ©Valer Sabadus & Spark © Festival de musique baroque et sacrée de Froville (54)- Laure Baert
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Cette présente chronique reçoit, ci-dessous, une traduction à l’adresse des germanophones. Un clin d’œil à l’ensemble Spark.

Diese Kolumne wird, am Ende, im Folgenden in deutscher Sprache übersetzt. Ein Zwinkern auf Spark - die klassische Band.
Liebe deutsche Freunde, bitte entschuldigen Sie die Übersetzungsfehler.


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Un soupçon d’éternité…

Au-delà du temps, au-delà de la musique, au-delà de tout… Nous pourrions aisément nous suffire de ces quelques mots en résumé de la prestation offerte dimanche dernier au festival de musique baroque et sacrée de Froville.
Sa directrice artistique, Laure Baert, a convié un duo, aussi surprenant qu’éblouissant. Reconnaissons-lui une certaine main chanceuse, doublée d’un travail acharné, pour dénicher des pépites dans le paysage baroque international. Sous son impulsion d’artiste, elle colore la scène frovilloise de multiples teintes en mélangeant les styles et les époques grâce à un enthousiasme déterminé. Remercions-la !

Ce « duetto », si vous nous permettez ce mot, réunit six interprètes. Le premier d’entre eux n’est plus à présenter puisqu’il s’agit du contre-ténor, Valer Sabadus. Acteur majeur de la scène baroque, il se produit à travers le monde tout autant en concert qu’en production opératique. Souvenons-nous de sa remarquable interprétation de Semira dans Artaserse de Leonardo Vinci (1690-1730) à l’opéra national de Lorraine de Nancy en 2012. Véritable révélation ! Le second, composé de cinq musiciens formant l’ensemble Spark, mérite quelques explications. Créé en 2007, sous l’impulsion de deux flûtistes allemands, Andrea Ritter et Daniel Koschitzki, l’ensemble de musique de chambre revisite la musique classique dans les sonorités et l’esprit du temps présent. Sans atteindre la vulgarisation caricaturale, il propose une familiarisation au genre. Sa cible ? Le jeune public, les personnes peu habituées aux concerts mais également les amateurs de scène. Il ouvre le portail intemporel de la musique classique en la mixant avec d’autres styles (musique minimaliste, électro, avant-garde). En quatorze années d’existence, il s’est vu décerner des prix prestigieux notamment celui de la Deutsche Phono-Akademie, l’«ECHO Klassik » en 2011. Belle consécration pour un jeune ensemble ! La formation se produit sur les plus grandes scènes internationales : le Wiener Musikverein ou le Konzerthaus de Berlin, le Flagey de Bruxelles ou le Concertgebouw d’Amsterdam, ou bien encore le Gran Teatre del Liceu de Barcelone, le National Concert Hall de Taïpeh ou le Shanghai Oriental Art Center, …

Aujourd’hui, le « duo sextuor » nous propose un programme éclectique intitulé « Au plus près du paradis ». A la lecture du programme, nous découvrons un voyage temporel et linguistique couvrant trois siècles de musique en Europe (Italie, France, Allemagne et Angleterre) allant d’Antonio Vivaldi (1678-1741) à Oliver Riedel, le bassiste du groupe Rammstein en faisant une incursion dans les œuvres classiques de Gabriel Fauré (1845-1924), de Maurice Ravel (1875-1937), de Erik Satie (1866-1925), de Kurt Weill (1900-1950) et dans les œuvres contemporaines de Michael Nyman (1944- ), de Chiel Meijering (1954- ), de Lev Ljova Zhurbin (1978- ) et de Daniel Koschitzki (1978), le flûtiste de Spark. Dessein décidément classique, décidément moderne…
Joué pour la première fois en France, le programme s’articule, à la manière d’un opéra, en quatre actes évoquant l’amour, la mélancolie, la mort, les rêves et la dévotion.

« Aure dolci intorno a me ».

L'acte « De douces auras m’entourent » expose le thème de l’amour. Thème récurrent notamment dans le baroque. Il se développe grâce au génie de Georg Friedrich Haendel (1685-1759) et d’Antonio Vivaldi.
Le concert s’ouvre par The Arrival, arrangement de la flûtiste de l’Ensemble, Andrea Ritter, fondé sur la sinfonia « L’arrivée de la reine de Saba », extrait de l’oratorio Salomon HWV 67 d’Haendel. L’interprétation céleste de Spark entrouvre les portes du paradis. Nous sommes emportés par la musique tourbillonnante comme enivrés par le doux parfum de l’air pur. Les deux flûtistes (Andrea Ritter et Daniel Koschitzki) affirment leur sensibilité expressive liée à une technique très variée et subtile de l'articulation. Imprégnons-nous du rythme qu’ils insufflent. Leur jeu se révèle brillant et aérien réussissant à contourner l’apparente rigidité de leur intonation. Quelle vitalité ! Nous sommes haletants de désir. Le violoncelle de Victor Plumettaz jouit de sonorités suaves et profondes. Instant de grâce de l’alto (Stefan Balazsovics) au solo éloquent. Son phrasé se montre délicat et enchanteur. S’y greffe le piano sonnant sous les mains prestes de Christian Fritz. Oui, vous avez bien lu. Un piano ! Le public « baroque » est plus couramment habitué au clavecin… Mais n’oublions pas que ces musiciens ont le goût – le bon goût, devrions-nous dire – de modernité tout en demeurant classiques au fond d’eux-mêmes.
S’enchaîne un autre air haendélien, l’aria d’Almirena tirée de l’opéra Rinaldo, inspiré d’un épisode de La Jérusalem délivrée (1581) du Tasse. Le trio musical (la flûtiste, le violoniste et le violoncelliste) invite le flûtiste à babiller tels des oiseaux gazouillant au crépuscule. Effet réussi ! Les ramages charment Valer Sabadus qui entre humblement en scène. Dans un exercice de véritables vocalisations, il imite d’une voix ductile leurs chants. Il projette un séraphique Augellitti, che cantate. Sur son visage s’expriment la bienveillance et la douceur angélique.
L’amour s’accomplit par l’ouverture de Giustino d’Antonio Vivaldi. Pièce de nouveau arrangée par Andrea Ritter. D’un entrain inépuisable, les musiciens argumentent le propos amoureux. Et atteignent le paroxysme affectif dans l’interprétation sublime du Vedrò con mio diletto, aria d’Anastasio in Giustino. Valer Sabadus porte au firmament la passion soulevée par l’amour. Prenons mesure des pianissimi voluptueux et des crescendos lui permettant une reformulation sans fin. Effets et ornements coulent en cascade. Il cherche ses appuis en plaquant la pointe de sa langue contre ses dents inférieures. Soyons attentifs à son placement vocal dans le masque (région de la tête située juste derrière les yeux). Portant le coup de grâce, l’Ensemble entonne l’allegro du Concerto Op.3, No.2 en sol mineur. Sa vivacité impétueuse emporte notre assentiment par de vifs applaudissements.
Lorsque l’amour disparaît ou s’évapore, la mélancolie s’immisce dans le sillage…

« La voix douce ».

Avant l’ouverture du second acte, Daniel Koschitzki nous adresse quelques mots en français. Il souligne le bonheur et le plaisir d’être ici, en direct sur scène devant un public. Aucune nostalgie des temps passés n’affecte son discours…
Pourtant la caractéristique dominante de l’acte est bel et bien fondée sur la mélancolie. Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort (1740-1794) affirmait que « la mélancolie tenait à la grandeur de l’esprit » (in Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes, ouvrage publié à titre posthume en 1795).
A l’image des toiles des plus grands maîtres impressionnistes, le sextuor dresse un portrait fidèle de la mélancolie relevant les contours tristes par les œuvres de Ravel, Satie, Weill, Fauré.
Laissons-nous entraîner par le rigaudon du Tombeau de Couperin de Ravel. Ce dernier dans une adaptation lumineuse d’Andrea Ritter. La finesse de l’esprit se dessine... La chanson Les Anges, issue des Trois Mélodies de Satie émeut. Sur les accords plaqués du pianiste Christian Fritz, le contre-ténor dépose sa voix aérienne. Savourons le léger accent venant souligner le caractère charmant de la pièce. Ses fins de phrases sont élégamment filées. Précisons que la technique des « fins de phrases chantées » est difficile à maîtriser. Il laisse vivre les voyelles tout en maintenant l’appui. Jusqu’au bout nous sentons la continuité du souffle.
Au bord de l’eau de Fauré s’abreuve du ton plaintif du violoncelle. Victor Plumettaz relève le propos avec tact. Soulignons la joliesse du crescendo final placé par Valer Sabadus. Extase langoureuse…
La mélancolie est sublimée par la magnifique ode interprétée à l’origine par Léo Ferré(1916-1993) : Ecoutez la chanson bien douce, sur un texte de Paul Verlaine (1844-1896). Le quintette nous emporte à Paris le temps d’une valse… Le piano virevolte, le violon papillonne. La flûtiste rentre dans la danse. Le contre-ténor est criant de vérité. N’ayant que les mots à sa disposition, il touche l’âme. Abandonnant sa flûte, Daniel Koschitzki s’empare d’un mélodica (instrument de musique à vent, à anches libres et à clavier, qui s’apparente au fonctionnement d’un harmonica). Le son résonne à la manière d’un accordéon renforçant la musicalité du poème. « Un frisson d’eau sur de la mousse ! » Les applaudissements saluent, à nouveau, la virtuosité du quintette.
« Lorsque les portes de la nostalgie refusent de se fermer par amour du passé, le cœur fait souffrir le cerveau. » Pensée du poète algérien Salahbk. Alors la souffrance peut apparaître comme étant la résultante de la mélancolie où l’empreinte de la fin peut poindre… Nombre d’opéras baroques côtoient la mort en lui attribuant une place centrale ou déterminante.

« Auf schwingen der Nacht ».

Puis nous traversons le Rhin pour rejoindre les rives allemandes. Des couleurs sombres et tourmentées étreignent le discours. En équilibre « sur le balancier de la Nuit », Spark envisage la pièce Vermeer’s Wife de Michael Nyman comme une danse macabre. Surgissant des incisions rapides, les frottements harmoniques impliquent une sensation de vertiges, « des vertiges dans la Nuit ». Répété de manière continue, le funeste leitmotiv musical semble invoquer la Faucheuse. Une atmosphère lugubre pénètre l’auditoire…
Appartenant au cycle de chansons LiederKreis composées par Robert Schumann (1810-1856) sur la base des poèmes de Joseph von Eichendorff (1788-1857), In der Fremde s’annonce sur le solo du violoncelliste Victor Plumettaz rejoint par le pianiste Christian Fritz. Entre l’ombre et la lumière, la pièce arrangée par le pianiste lui-même, se teinte d’un modelé vaporeux suggérant l’échelonnement en profondeur de la mélodie dans l’espace, et ce par les gradations de la couleur et de la lumière. Traduction sonore de la technique dite sfumato (les sujets sont enveloppés dans une ambiance nébuleuse), employée par les peintres tels que Léonard de Vinci, Antonio Allegri da Correggio (dit Il Correggio, en français, Le Corrège) ou Johannes Vermeer. Aux aigus brillants du contre-ténor s’opposent une mélodie voilée voire ténébreuse. Remarquons une nouvelle fois les fins de phrases chantées. Il interrompt le son par une réouverture labiale sans force en appuyant sur le « t » final de certains mots allemands. Cette prononciation, appuyée des consonnes, confère au texte un aspect dramatique.
Une des plus belles chansons populaires allemandes, Ich hab die Nacht geträumet, est mise en lumière par l’arrangement d’Andrea Koschitzki. Comme plongés dans un monde fantasmagorique, nous sommes happés par les aigus purs et agiles du contre-ténor.
Dotés d’un courage à toute épreuve, Spark nous embarque dans une autre chanson mythique d’outre-Rhin : Seemann du groupe allemand de metal industriel Rammstein. Ecrite par le bassiste du groupe, Oliver Riedel, cette musique est tout autant hypnotique que troublante. Bon nombre d’entre-nous ont encore en mémoire la voix tantôt douce, tantôt gutturale du chanteur Till Lindemann. Comment un contre-ténor va se départir de cette tâche ardue ? La réponse est simple ! Il va jouer sur les deux registres : en voix de tête et en voix de poitrine. Nous assistons à un moment succinct, certes ! Mais il restera gravé longtemps dans nos esprits et dans nos cœurs. Valer Sabadus s’engage entièrement et pleinement, tel un marin luttant contre la tempête dans une mer déchaînée. Il ne chante pas, il interprète rendant même l’illusion d’être à l’origine du morceau. Nous ne pouvons pas nous empêcher de retenir notre souffle devant cet ouragan musical qui fait rage.
Au loin, le ciel s’éclaircit laissant entrevoir des cieux plus cléments, des cieux oniriques…

« Dream and Devotion ».

D’après Paul Valéry (1871-1945), « le rêve est le phénomène que nous observons que pendant son absence. Le verbe rêver n’a presque pas de présent. Je rêve, tu rêves. » (in Tel quel, publié en 1943). Quant à Daniel Koschitzki, il imagine le rêve comme étant le « but ultime du musicien », inscrit tout à la fois dans le présent et dans l’avenir. Aidé de Valer Sabadus et de ses quatre musiciens, il nous transporte dans une représentation plus ou moins idéale ou chimérique, de ce que nous voulons réaliser ou de ce que nous désirons. Les pièces, interprétées lors de ce dernier acte, vont dans ce sens. Nous en avions rêvé, Froville l’a permis, le sextuor l’a réalisé…
Broché du tissus métissé dévotion/dévouement, le sextuor entonne Dreams de Chiel Meijering. Une mélodie chimérique qui se drape à un moment des coloris de la musique tzigane roumaine. Tirades de violon et violoncelle, appuyées par le piano percussif. Envolées bucoliques des flûtes. La version proposée entraîne l’auditoire à battre du pied la mesure, à se balancer suivant les variations rythmiques.
S’ensuit Scotch Club, composition du violoncelliste du groupe, Victor Plumettaz. L’énergie déployée nous tient éveillée. Quelle vivacité rythmique ! Puis le groupe Depeche Mode est mis à l’honneur avec la chanson One Caress aux accents pop. D’un geste affectif, Valer Sabadus ouvre ses bras pour nous enlacer de sa voix caressante.
Malgré sa dévotion et son dévouement, le sextuor nous mène inexorablement vers l’épilogue de l’opéra Plus près du paradis. Composée par Daniel Koschitzki, la scène ultime Closer to Paradise sacre la prestation des artistes. Les musiciens gardent leur désir profond d’interpréter la musique avec une foi inébranlable. Arpèges somptueuses au piano. Engagement absolu des cordes (violon et violoncelle), des flûtes. Au chant, le contre-ténor nimbe son instrument d’une palette de nuances. Il offre sa voix la gratifiant d’aigus paradisiaques dont la succession dépasse l’entendement humain…
De vives ovations ne tardent pas à ses faire entendre. Des « Bravo », des « Magnifique » jaillissent ici-et-là. Acte ultime de reconnaissance et de remerciement, nous nous levons pour les applaudir. Deux bis sont donnés. Could it be magic de Barry Manilow immortalisé, en 1976, par la version disco de Donna Summer (1948-2012). Et la reprise de Vedrò con moi diletto en guise de rideau final.

Ces différents univers sonores, ni incompatibles, ni contradictoires, ont démontré l’excellence du « duo » réuni sur scène. Les œuvres classiques se sont mêlées aux pièces impressionnistes ainsi qu’à celles plus modernes, mettant à bas les frontières que certains se complaisent à fixer entre les différents genres musicaux. Car oui la musique est universelle et intemporelle !
Maîtrisant parfaitement leurs instruments, les artistes jouissent de liberté, de ce désir d’évasion. La musique s’enveloppe de tonalités d’ici et maintenant, d’ailleurs et d’hier se rapprochant au plus près du Paradis, où règne le soupçon d’éternité…


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Ein Hauch von Ewigkeit !

Jenseits der Zeit, jenseits der Musik, jenseits von allem... Wir könnten diese wenigen Worte als Zusammenfassung der letzten Sonntagsvorstellung an dem barocken und heiligen Musikfestival in Froville leicht gebrauchen. Froville ist ein kleines lothringisches Dorf, dreißig km südlich von Nancy.
Ihre Kunstdirektorin Laure Baert lud ein Duett ein, das überraschend und blendend war. Wir sollten ihm eine gewisse glückliche Hand zugestehen, die von harter Arbeit begleitet wird, um Goldklumpen in der internationalen barocken Landschaft zu finden. Mit ihrem künstlerischen Impuls färbt sie die frohe Szene in vielen Farben, indem sie Stile und Epochen mit Enthusiasmus mischt. Wir müssen ihr danken!

Dieses Duett vereint, wenn Sie uns dieses Wort erlauben, sechs Dolmetscher. Der erste ist nicht mehr zu präsentieren, da es sich um den Countertenor Valer Sabadus handelt. Als Hauptakteur der Barock-Szene tritt er weltweit sowohl im Konzert als auch in der Opernproduktion auf. Erinnern wir uns an seine bemerkenswerte Interpretation von Semira in „Artaserse“ von Leonardo Vinci (1690-1730) in der Nationalen Oper in Lothringen in Nancy im Jahr 2012. Wahre Offenbarung! Der zweite, der aus fünf Musikern besteht, die das Spark-die klassische Band bilden verdient einige Erklärungen. Das 2007 auf Anregung von zwei deutschen Flötisten, Andrea Ritter und Daniel Koschitzki, gegründete Zimmer-Ensemble belebt die klassische Musik in Klang und Geist der Gegenwart. Ohne die karikaturistische Popularisierung zu erreichen, schlägt er eine Einführung in die Gattung Seine Zielgruppe vor? Das junge Publikum, Leute, die sich nicht an Konzerte gewöhnt haben, aber auch Bühnenleute. Er öffnet das zeitlose Portal der klassischen Musik, indem er sie mit anderen Stilen (minimalistische, elektrotechnische, avantgardistische Musik) mischt. In seinen vierzehn Jahren wurde er mit renommierten Preisen ausgezeichnet, darunter 2011 die Deutsche Phono-Akademie „ECHO Klassik“. Was für eine Anerkennung für ein Jungkostüm! Die Ausbildung findet an den wichtigsten internationalen Bühnen statt: Wiener Musikverein oder Konzerthaus in Berlin, Flagey in Brüssel oder Concertgebouw in Amsterdam, Gran Teatre del Liceu in Barcelona, National Concert Hall in Taipeh oder Shanghai Oriental Art Center, usw.

Heute bietet das „Sextuor-Duo“ ein breitgefächertes Programm mit dem Titel „Dem Paradies am nächsten“. Beim Lesen des Programms entdecken wir eine Zeit- und Sprachreise von drei Jahrhunderten Musik durch Europa (Italien, Frankreich, Deutschland und England) von Antonio Vivaldi (1678-1741) Oliver Riedel, Bassist der Rammstein-Gruppe, tritt in die klassischen Werke von Gabriel Fauré (1845-1924), Maurice Ravel (1875-1937), Erik Satie (1866-1925), Kurt Weill (1900-1950) und die zeitgenössischen Werke von Michael Nyman (1944- ), Chiel Meijering (1954- ), Lev Ljova Zhurbin (1978- ) und Daniel Koschitzki (1978), der Flötist von Spark. Ein klassischer, wirklich moderner Plan.
Das Programm, das in Frankreich zum ersten Mal gespielt wurde, gliedert sich wie eine Oper in vier Akte: Liebe, Melancholie, Tod, Träume und Hingabe zum Ausdruck bringen.

« Aure dolci intorno a me ».

„Süsses wird mich umschliessen“, zeigt das Thema Liebe auf. Wiederkehrendes Thema vor allem im Barock. Entwickelt wird es durch das Genie von Georg Friedrich Haendel (1685-1759) und Antonio Vivaldi.
Das Konzert beginnt mit The Arrival, einem Arrangement der Flötistin des Ensemble, Andrea Ritter, gegründet auf der Sinfonie „Die Ankunft der Königin von Saba“, einem Auszug aus dem Oratorium „Salomon HWV 67“ von Haendel. Die himmlische Interpretation von Spark öffnet die Tore des Himmels. Wir werden von der wirbelnden Musik mitgerissen und vom süßen Duft der reinen Luft berauscht. Die beiden Flötisten (Andrea Ritter und Daniel Koschitzki) bekräftigen ihre ausdrucksvolle Sensibilität im Zusammenhang mit einer sehr vielseitigen und subtilen Gelenktechnik. Überzeugen wir uns von dem Tempo, das sie mit sich bringen. Ihr Spiel erweist sich als glänzend und luftig, um die scheinbare Starrheit ihrer Intonation zu umgehen. Welche Vitalität! Wir sind begierig nach Lust und Laune. Das Cello von Victor Plumettaz hat liebliche und tiefe Töne. Ein Moment der Gnade des Altos (Stefan Balazsovics) im eloquenten Solo. Seine Phrasierung (oder seine Melodie) ist zart und bezaubernd. Dazu kommen die virtuose Hände von Christian Fritz am Klavier. Ja, Sie haben ein Klavier gelesen! Das barocke Publikum ist eher an Cembalo gewöhnt... Aber wir dürfen nicht vergessen, dass diese Musiker den Geschmack - den guten Geschmack, sollten wir sagen - der Modernität haben, aber im Grunde genommen klassisch bleiben.
Die Arie von „Almirena“ aus der Rinaldo-Oper, inspiriert von einer Episode aus Jerusalem (1581) aus Le Tasse. Das musikalische Trio (die Flötistin, der Violinist und der Cellist) lädt den Flötisten ein, wie Vögel zu pfeifen, die bei Sonnenuntergang blinzeln. Gelungener Effekt! Das Zwitschern bezaubert Valer Sabadus, der demütig auf die Bühne kommt. In einer Übung mit echten Vokabeln imitiert er mit einer duktilen Stimme ihre Lieder. Er projiziert einen seraphischen „Augellitti, che cantate“. Auf seinem Gesicht sind Güte und engelshafte Zärtlichkeit zu sehen.
Die Liebe wird durch die Eröffnung aus der Giustino-Oper von Antonio Vivaldi. Musiker argumentieren mit unermüdlichem Elan für die Liebesansprache. Und sie erreichen den emotionalen Höhepunkt bei der wunderbaren Interpretation des „Vedrò con mio diletto“, eine Arie von „Anastasio“ aus der Gisutino-Oper. Valer Sabadus trägt die Leidenschaft der Liebe zum Himmel. Nehmen wir die üppige Pianissimo und Crescendo, die eine endlose Umformulierung ermöglichen. Effekte und Ornamente fließen kaskadenförmig. Er sucht nach seinen Stützen, indem er seine Zungenspitze gegen seine unteren Zähne drückt. Achten wir darauf, dass die Stimme in der Maske platziert wird (Kopfregion direkt hinter den Augen). Mit dem Gnadenstoß umkreist das Ensemble das „Allegro“ des „Concetto Op.3, No.2 in g-Moll“. Seine ungestüme Lebhaftigkeit nimmt unsere Zustimmung mit lebhaftem Beifall auf.
Wenn die Liebe verschwindet oder verschwindet, kommt die Melancholie in den Strom...

« La voix douce ».

Vor der Eröffnung des zweiten Aktes spricht Daniel Koschitzki einige Worte auf Französisch. Er unterstreicht das Glück und die Freude, hier vor einem Publikum live auf der Bühne zu sein. Keine Nostalgie der vergangenen Zeiten beeinflußt seine Rede.
Das Hauptmerkmal der Tat ist jedoch die Melancholie. Sébastien Roch Nicolas, genannt Nicolas de Chamfort (1740-1794), sagte, dass „die Melancholie auf der Größe des Geistes beruhe“ (im Buch: „Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes“, ein Buch, das im Jahr 1795 posthum veröffentlicht wurde).
Wie die Gemälde der größten Impressionisten zeichnet das Sextett ein getreues Bild der Melancholie, die durch die Werke von Ravel, Satie, Weill, Fauré die traurigen Konturen hebt.
Lassen wir uns vom „Rigaudon des Couperin Grabes“ (Maurice Ravel) in eine Lichtadaption von Andrea Ritter ziehen. Die Finesse des Geistes zeichnet sich ab. Der Song „Les Anges“, der aus den drei Satie-Melodien hervorgegangen ist. Der Countertenor setzt seine Stimme aus der Luft auf die Melodie des Pianisten ab. Genießen wir den leichten Akzent, der den Charme des Stücks unterstreicht. Die Enden der Sätze sind elegant gesponnen. Es sei darauf hingewiesen, dass die Technik der «Endpunkte gesuchter Sätze» schwer zu beherrschen ist. Sie lässt die Vokale leben, ohne die Unterstützung zu verlieren. Bis zum Ende spüren wir die Kontinuität des Atems.
Das Lied „Au bord de l’eau“ von Gabriel Fauré wird der beschwerliche Klang des Cellos getrunken. Victor Plumettaz nimmt das Thema mit Taktgefühl zur Kenntnis. Unterstreichen wir die Schönheit des letzten Crescendo von Valer Sabadus. Langwierige Ekstase !
Die Melancholie wird von der wunderschönen Ode überschattet, die ursprünglich von Leo Ferré (1916-1993) interpretiert wurde: „Ecoutez la chanson bien douce“ in einem Text von Paul Verlaine (1844-1896). Das Quintett holt uns nach Paris für einen Walzer... Das Klavier dreht sich, die Schmetterlingsgeige. Die Flötistin tritt in den Tanz ein. Der Gegentenor ist wahrheitsgetreu. Nur die Worte stehen ihm zur Verfügung und er berührt die Seele. Daniel Koschitzki, der seine Flöte aufgibt, packt ein Melodica (Blasinstrument mit freien Zungen und Tastatur, das dem Betrieb einer Harmonika ähnelt). Der Klang klingt wie ein Akkordeon, der die Musik des Gedichts stärkt: „Ein Schauer aus Wasser auf Moos!“ Der Beifall begrüßt erneut die Virtuosität des Quintettes.
„Wenn die Tore der Nostalgie sich aus Liebe zur Vergangenheit schließen wollen, schmerzt das Herz das Gehirn.“ Denken des algerischen Dichters Salahbk. Das Leiden kann als Folge der Melancholie erscheinen, wo der Abdruck des Endes. Viele barocke Opern stehen mit dem Tod in Verbindung, indem sie ihm einen zentralen oder entscheidenden Platz zuweisen.

« Auf schwingen der Nacht ».

Dann überqueren wir den Rhein zum deutschen Ufer. Dunkle und qualvolle Farben halten die Rede. Im Gleichgewicht „auf schwingen der Nacht“ betrachtet Spark die „Vermeer’s Wife“ von Michael Nyman als einen makabren Tanz. Aus schnellen Einschnitten entstehen harmonische Reibungen, die ein Gefühl von Schwindel, „Schwindel in der Nacht“, hervorrufen. Ständig wiederholt, scheint das düstere musikalische Leitmotiv den Sensenmann (Bild des Todes) zu rufen. Düstere Stimmung dringt ins Publikum ein.
Im Rahmen des „LiederKreis-Musikzyklus“, der von Robert Schumann (1810-1856) auf der Grundlage der Gedichte von Joseph von Eichendorff (1788-1857) komponiert wurde, kündigt sich In der Fremde auf dem Solo des Cellisten Victor Plumettaz dem Pianisten Christian Fritz an. Zwischen Licht und Schatten färbt sich der vom Pianisten selbst arrangierte Raum in einem dampfförmigen Modell, das die räumliche Abstufung der Melodie durch die Abstufungen von Farbe und Licht nahelegt. Akustische Übersetzung der so genannten sfumato-Technik (die Themen sind in einer nebulösen Atmosphäre verpackt), die von Malern wie Leonardo da Vinci, Antonio Allegri da Correggio (Il Correggio, in Französisch: Le Correge) oder Johannes Vermeer verwendet wird. Den glänzenden Hochtönen des Countertenors steht eine verschleierte bis düstere Melodie gegenüber. Lassen Sie uns nochmals die gesuchten Satzenden bemerken. Er unterbricht den Ton durch gewaltlose labiale Wiedereröffnung, indem er auf die endgültige „t“ bestimmter deutscher Wörter drückt. Diese von den Konsonanten unterstützte Aussprache verleiht dem Text einen dramatischen Aspekt.
Eines der schönsten deutschen Volkslieder, „Ich hab die Nacht geträumte“, wird durch das Arrangement von Andrea Koschitzki hervorgehoben. Wie in einer fantasievollen Welt, sind wir von den reinen, agilen Höhen des Countertenors gefangen.
Mit Mut und Mut nimmt Spark uns in ein anderes legendäres Lied jenseits des Rheins auf „Seemann“ von der deutschen Industrial Metall Group Rammstein. Geschrieben vom Bassisten der Band, Oliver Riedel, ist diese Musik sowohl hypnotisch als auch beunruhigend. Viele von uns erinnern sich noch an die Stimme des Sängers Till Lindemann. Wie wird einer Countertenor von dieser schwierigen Aufgabe abrücken? Die Antwort ist einfach! Er wird mit beiden Seiten spielen, in Kopf und Brust. Wir erleben einen kurzen Moment! Aber er wird lange in unseren Köpfen und Herzen schwelgen. Valer Sabadus engagiert sich voll und ganz, wie ein Seemann, der den Sturm in einem stürmischen Meer bekämpft. Er singt nicht, er interpretiert sogar die Illusion, den Song erschaffen zu haben. Wir können nicht umhin, den Atem anzuhalten angesichts dieses musikalischen Hurrikans. In der Ferne erhellt sich den mildesten Himmel.

« Dream and Devotion ».

Laut Paul Valéry (1871-1945) ist „der Traum das Phänomen, dass wir während seiner Abwesenheit sehen, dass das Traumwort fast keine Gegenwart hat. Ich träume, du träumst“ (in Tel quel, veröffentlicht 1943). Daniel Koschitzki hingegen sieht den Traum als das ultimative Ziel des Musikers, das sowohl in der Gegenwart als auch in der Zukunft verankert ist. Zusammen mit Valer Sabadus und seinen vier Musikern trägt er uns in eine mehr oder weniger ideale oder fantasievolle Darstellung dessen, was wir erreichen wollen oder was wir wollen.
Die Stücke, die bei diesem letzten Akt gespielt wurden, gehen in diese Richtung. Wir hatten davon geträumt, Froville hat es erlaubt, das Sextett hat es realisiert.
Gemahlenes Gewebe mit Hingabe/Hingabe, das Sextett umgibt Dreams von Chiel Meijering. Eine Schimärchen-Melodie, die sich in einem Moment in die Farben der rumänischen Zigeunermusik drapiert. Geigenstiraden und Cello mit dem Schlagpiano. Bumsende Flöten. Die vorgeschlagene Version bringt das Publikum dazu, die Messung mit den Füßen zu schlagen und entsprechend den Rhythmusstörungen zu schwingen.
Daraus folgt Scotch Club, Komposition des Cellisten der Gruppe, Victor Plumettaz. Die Energie hält uns wach. Welche rhythmische Lebendigkeit! Dann wird die Depeche Mode Gruppe mit dem popakzentuierten „One Caress“ Song gefeiert. Mit einer emotionalen Geste öffnet Valer Sabadus seine Arme und umarmt uns mit seiner liebevollen Stimme.
Trotz seiner Hingabe führt uns das Sextett unaufhaltsam zum Epilog der Oper „näher am Himmel“. Die ultimative „Closer to Paradise“, bestehend aus Daniel Koschitzki, ist die Darbietung der Künstler. Die Musiker haben nach wie vor den tiefen Wunsch, die Musik mit einem unerschütterlichen Glauben zu spielen. Absolutes Engagement der Saiten (Violine und Cello), der Flöten. Der Countertenor bietet seine Stimme mit paradiesischen hohen Noten, deren Nachfolge das menschliche Verständnis übersteigt.
«Bravo» und «Fabelhaft» tauchen hier und da auf. Als letzte Anerkennung und Dankbarkeit erheben wir uns zum Beifall. Zwei Mal sind sie gekommen. „Could it be magic“ de Barry Manilow, verewigt in 1976 durch die Discoversion von Donna Summer (1948-2012). Und die Übernahme von „Vedrò con mio diletto“ als letzten Vorhang.

Diese unterschiedlichen Klangwelten, weder inkompatibel noch widersprüchlich, haben die Exzellenz des Duos, das auf der Bühne versammelt ist, bewiesen. Die klassischen Werke haben sich in die Stücke der Impressionisten sowie die moderneren Stücke eingemischt und die Grenzen, die manche zwischen den verschiedenen Musikgattungen festsetzen, auf den Kopf gestellt. Ja, Musik ist universell und zeitlos!
Die Künstler, die ihre Instrumente perfekt beherrschen, genießen Freiheit und den Wunsch nach Flucht. Die Musik füllt sich mit Tönen von hier und jetzt, im Übrigen und gestern, immer näher am Paradies, wo der Verdacht der Ewigkeit herrscht...



Publié le 03 juil. 2021 par Jean-Stéphane SOURD DURAND