Klangfarben - Pallaver & Waldek
© Pissarek : Claudia Pallaver Afficher les détails Masquer les détails Date: Le 10 août 2024
Lieu: Chapelle Saint-Nicolas du château d'Ambras – Innsbruck. Concert donné dans le cadre des Innsbrucker Festwochen der Alten Musik
Programme
- Johann Sebastian Demar (1763-1832) : Grand Duo concertant en fa majeur pour cor et harpe op. 60 (Paris, vers 1817-19) - Moderato - Adagio siciliano - Polacca
- François-Joseph Naderman (1781-1835) : Sonate n° 4 en sol mineur pour harpe solo (extraite de : Sept Sonates progressives op. 92, Paris, vers 1832) - Prélude. Allegro fieramente - Allegro moderato – Ecossaise. Rondoletto. Allegro con sentimento
- François-Joseph Naderman & Frédéric Duvernoy (1765-1838) : Nocturne n° 3 en do mineur pour cor et harpe (extrait de : Trois Nocturnes pour Harpe et Cor Composés et Dédiés à Son Excellence Monsieur Le Comte de Montesquiou-Fezensac - Deuxième Livre de Nocturnes. Paris, 1813) - Andante sostenuto - Allegro - Adagio - Allegro agitato con fuoco
- François-Joseph Naderman : Sonate n° 5 en fa majeur pour harpe solo (extraite de : Sept Sonates progressives op. 92. Paris, vers 1832) - Prélude - Allegro moderato - Allegro maestoso - Tempo di Minuetto. Grazioso – Trio. Più Allegro elefante
- Louis-François Dauprat (1781-1868) : Sonate (en fa majeur) pour la harpe avec accompagnement de cor obligé, op. 3 (Pris: Bochsa, vers 1813) - Allegro con moto – Andante : Variations 1-4
Distribution
- Claudia Pallaver (cor, instrument de Jean-Louis-Antoine Halary, Paris, vers 1840)
- Reinhild Waldek (harpe, instrument de Sébastien Érard, Paris, 1807)
Panorama de la musique de chambre française au début du XIXème siècleLe concert Klangfarben (Timbres, littéralement « couleurs du son » en allemand) qui a eu lieu le 10 août 2024 dans la chapelle Saint-Nicolas du château d'Ambras à Innsbruck a offert une expérience musicale raffinée et immersive. Ce cadre historique, avec ses murs ornés de fresques et ses vitraux aux teintes vibrantes, a fourni un écrin parfait pour ce programme délicat et rare, mettant en valeur des œuvres de compositeurs français du début du XIXe siècle.
Le concert a été marqué par l'interprétation captivante de deux musiciennes talentueuses : Claudia Pallaver au cor et Reinhild Waldek à la harpe. Le choix des instruments, un cor datant de 1840 et une harpe de 1807, tous deux fabriqués à Paris, a ajouté une dimension historique et sonore unique à la performance. Ces instruments, avec leur sonorité douce et ronde, ont magnifiquement résonné dans l'acoustique chaleureuse de la chapelle.
Le programme, composé de pièces de Johann Sebastian Demar, Frédéric Duvernoy, François-Joseph Naderman, et Louis-François Dauprat, a été soigneusement sélectionné pour mettre en lumière la richesse des timbres de ces deux instruments. La juxtaposition des œuvres a permis d'explorer une palette sonore variée, des passages élégiaques et contemplatifs aux mouvements plus vifs et virtuoses.
Le Grand Duo concertant en fa majeur, op. 60 de Johann Sebastian Demar a ouvert le concert avec une combinaison élégante de cor et de harpe. Le Moderato, premier mouvement, a posé une atmosphère sereine, suivi par l'Adagio siciliano, une section lyrique et méditative. Le finale, une Polacca, a apporté une énergie dansante, mettant en valeur l'interaction fluide entre les deux instruments.
Reinhild Waldek © Pissarek
La Sonate n° 4 en sol mineur pour harpe solo, op. 92 de François-Joseph Naderman a permis à Reinhild Waldek de démontrer son incroyable maîtrise de la harpe. Le Prélude, avec son Allegro fieramente, a immédiatement captivé l’auditoire par sa puissance. Le Rondoletto final, en Allegro con sentimento, a été un tour de force de virtuosité, où la harpe a brillé de mille feux, mêlant grâce et intensité.
Le Nocturne n° 3 en do mineur pour cor et harpe de François-Joseph Naderman et Frédéric Duvernoy a apporté un contraste saisissant, avec un Andante sostenuto d'une grande profondeur émotionnelle. L'Allegro agitato con fuoco final a apporté une intensité dramatique, montrant la capacité des deux instruments à évoquer des émotions complexes et variées, passant de la douceur mélancolique à une agitation passionnée.
Seconde sonate pour harpe solo du concert, la Sonate n° 5 en fa majeur pour harpe solo, op. 92 de François-Joseph Naderman a permis à Waldek d'explorer une autre facette de la harpe, avec un Allegro maestoso imposant et un Tempo di Minuetto délicat. Le Trio, avec son Più Allegro, a offert un moment de légèreté joyeuse, contrastant avec les passages plus solennels de la pièce.
La Sonate en fa majeur pour harpe avec accompagnement de cor obligé, op. 3 de Louis-François Dauprat concluait le concert. Elle a illustré un parfait exemple d'harmonie entre les deux instruments. L'Allegro con moto a débuté sur une note vive et entraînante, suivi par un Andante avec variations, où chaque variation a exploré une nouvelle couleur musicale. Cette pièce a montré la grande complicité entre Pallaver et Waldek, qui ont navigué à travers les nuances complexes de l’œuvre avec une aisance remarquable.
Chacune de ces pièces a non seulement mis en valeur la virtuosité des interprètes, mais aussi la beauté et la complexité des compositions elles-mêmes. Le programme a ainsi offert un panorama riche et varié de la musique de chambre française du début du XIXe siècle, soulignant l'élégance et la profondeur de ce répertoire souvent méconnu.
Un élément particulièrement intéressant du concert a été le changement subtil du timbre dit « tyrolien » entre les pièces. Cette transition a ajouté une touche locale et authentique, tout en soulignant le contraste entre les influences régionales et le répertoire classique français. En somme, l'alliance de l'excellence musicale, du choix d'un lieu exceptionnel et de la richesse du répertoire a offert une expérience inoubliable.
Publié le 17 août 2024 par Pedro Medeiros