Merula, Castello,... - La Vaghezza

Merula, Castello,... - La Vaghezza ©
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Lever de rideau avec La Vaghezza

Lorsque le Centre culturel de rencontre d’Ambronay s’invite à l’Auditorium de Lyon, il aime donner l’opportunité à de jeunes ensembles du programme eeemerging de présenter un court programme de 40 minutes en lever de rideau, en l’intimiste salle Proton de la Chapelle. Ce soir, les quelques spectateurs privilégiés redécouvrent l’ensemble La Vaghezza, prix du public du Festival eeemerging 2017 dans un programme Musique au temps de Galilée (lire le compte-rendu dans ces colonnes).

Le programme débute de suite avec la virtuosité du Ballo Gennaro de Tarquinio Merula (1595-1665), dans lequel les deux violonistes dialoguent tandis que les deux continuistes exécutent leur basse dansante. La Sinfonia Ottava de Salamone Rossi (1570-1630) calme leur jeu, qui se montre nostalgique grâce à leur recherche d’une couleur toute particulière. Le son obtenu peut être beau mais son soutien mérite encore une assurance plus affirmée. On ne peut toutefois que saluer ce travail refusant la facilité, promettant très bientôt une grande profondeur musicale. La Sonata Terza de Dario Castello (1621-1658) est tout aussi sereine, avec des passages aux élans ornementaux permettant à Alfia Bakieva et Mayah Kadish d’exprimer leur lyrisme violonistique : elles dialoguent ou racontent chacune à leur tour avec une complicité patente. On peut également apprécier la juste présence du théorbe de Gianluca Geremia, dont les cordes résonnent d’une belle profondeur. Il est d’autant plus appréciable dans l’introduction lente de la Sinfonia Nona de Rossi. Rejoint par ses trois amis, ils suspendent le temps par les méandres des harmonies.

La Folias d’Andrea Falconieri (c. 1586-1656) fait à l’inverse entendre un discours qui avance sans cesse, fort de propositions différentes. IL est toutefois dommage que la corde de mi des violonistes paraisse si agressive. Après une belle Sonate de Giovanni Paolo Cima (1570-1622), la Sonata Quarta de Castello permet d’apprécier l’éloquence des deux violonistes, attentivement et subtilement accompagnées par le positif de Marco Crosetto. On ne peut qu’apprécier les respirations des musiciens, qui donnent envie de respirer avec eux. L’auditeur reconnaît leur volonté de rendre la fin de cette sonate dramatique, mais elle manque malheureusement de propreté. Le programme se termine comme il a commencé, avec un joyeux et dansant Ballo Eccardo de Merula, plein de reliefs, d’intentions et de jeux parfois malicieux, tels ces quelques passages staccati. L’investissement est à un moment un rien précipité et périlleux mais le talent des quatre musiciens permet de sauver le discours musical sans que rien (ou presque) n’y paraisse, si ce n’est peut-être leurs sourires.

Ce moment ayant été fort apprécié par le public, le jeune ensemble propose en bis ce dernier ballo, avec encore plus de relief encore et de virtuosité.



Publié le 25 déc. 2018 par Emmanuel Deroeux