La Mécanique de la Générale - Le Poème Harmonique

La Mécanique de la Générale - Le Poème Harmonique ©Bertrand Pichène
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Un vrai concert... de rires !

Petits et grands sont massés sous le chapiteau d'Ambronay. Pour assister à un véritable concert baroque. Pensez, c'est du sérieux : pas moins que Le Poème Harmonique ! Avec à sa tête le maestro Vincent Dumestre, qui tout à la fois dirige les instrumentistes et tire avec précision les doux sons qui s'exhalent de son théorbe. Les morceaux s'enchaînent dans une exécution soignée, sur fond de clavecin. Bientôt l'ennui va poindre : les enfants vont s'ennuyer !

Ils ne sont pas les seuls du reste. Le technicien de la régie (l’impayable mime Stefano Amori) commence à trouver le temps long, et il n'hésite pas à le faire savoir, d'abord discrètement : il tousse de manière appuyée, court du chef aux musiciens en signalant ostensiblement l'heure à sa montre. Las, ces musiciens baroqueux sont sans pitié : ils ont décidé d'infliger jusqu'au bout leur concert au public ! Il va falloir employer des moyens plus convaincants : passer l'aspirateur, placer une énorme pendule ronde au-dessus d'un escabeau. Mais les musiciens sont tellement absorbés qu'ils n'entendent et ne voient qu'eux... Et ils connaissent tellement leurs morceaux par cœur qu'ils continuent de jouer même quand on retire leurs pupitres.

Mais voilà que le régisseur a trouvé, tel l'apprenti sorcier de Paul Dukas dans le Fantasia de Walt Disney, le moyen de soumettre l'orchestre : quand il recule la pendule, les musiciens reviennent en arrière ; quand il baille ceux-ci s'attardent dans le tempo : quand il s'immobilise l'orchestre semble suspendu. Il se livre alors à quelques pas de danse : l'orchestre adapte son rythme à ses pas. Et le répertoire déborde alors du baroque : toute la musique classique défile à nos oreilles ! On entendra successivement quelques notes de La lettre à Elise de Beethoven, puis de la Vème Symphonie.

Notre technicien revient habillé en chef d'orchestre : c'est désormais lui le maître ! Il porte perruque et jabot de dentelle. Il lance la mesure, mais l'orchestre ne le suit pas. Puis démarre brusquement sans son signal ! Lorsqu'il éternue l'orchestre lui sert l'Hiver des Quatre Saisons de Vivaldi : il se recroqueville alors de froid. Il prend alors un balai pour danser le tango! L'orchestre revient au baroque, le technicien avance l'heure à la pendule, et nous voici en plein rock ! Puis dans le répertoire contemporain... Lorsqu'il arrache les aiguilles de dépit, les repères du temps s'effondrent : aux airs de cour de Lully succèdent les airs pour enfants, la chenille. Le spectacle s'achève sur un french-cancan endiablé, dans un fracas d'applaudissements des petits et grands.



Publié le 13 oct. 2017 par Bruno Maury