Le Messie - Haendel

Le Messie - Haendel © Jan Windszus Photography
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Une réflexion puissante sur la condition humaine

La production du Messie, présentée dans l'ancien Hangar n°4 de l'aéroport de Tempelhof, fait écho à des thèmes profonds de la vie et de la mort, avec un décor austère qui évoque la fragilité de l'existence humaine. Cette mise en scène audacieuse, signée par Damiano Michieletto, associe l’œuvre baroque de Haendel à des éléments modernes, notamment une machine de scan médical lors du mouvement Pifa, évoquant un lien avec la maladie et la mort, notamment le cancer du cerveau.

L'espace, déjà imposant par sa nature industrielle, devient un acteur à part entière. Au centre de la scène, un arbre solitaire rappelle la persistance de la vie au milieu de la désolation. L'immensité du hangar renforce le contraste entre les chœurs massifs, qui résonnent avec une puissance collective, et les moments plus intimes des solistes, particulièrement lors des airs individuels.

L'air I Know That My Redeemer Liveth a permis à Julia Grüter de déployer toute la douceur et la pureté de sa voix. Son interprétation a été un moment de sérénité et de lumière, contrastant avec les passages plus sombres de l'oratorio. Elle a su apporter une dimension spirituelle profonde, touchant par la clarté et la sincérité de son chant.

Dans He Was Despised, Katarina Bradić a exprimé toute la douleur et l’abandon du Christ avec une profondeur émotionnelle saisissante. Sa voix grave et pleine de résonance a magnifiquement traduit la solitude du personnage central, marquant les passages les plus sombres de l'aria.

Rupert Charlesworth a brillé dans son interprétation de Ev'ry Valley Shall Be Exalted. Avec une diction claire et une énergie contenue mais palpable, il a insufflé une dynamique vive à cette aria, symbolisant avec finesse les montées et descentes évoquées dans le texte. La précision de ses ornements a également ajouté une touche festive à ce moment introspectif.

La performance de Philipp Meierhöfer lors de The Trumpet Shall Sound s'est démarquée par une synchronisation volontairement décalée, créant un effet de déséquilibre et de gravité. Cette décision artistique a renforcé la nature solennelle de cette partie, où la voix du baryton semblait se détacher de l'accompagnement instrumental, ajoutant un poids dramatique à l'aria.

Le placement du chef George Petrou au cœur de l’orchestre, au lieu de l’avant-scène, donne un effet immersif. Cela renforce l’idée que la musique devient presque une pulsation vitale, reliant la direction musicale et l’ensemble des musiciens et chanteurs comme un organe vivant. Cette centralité du chef magnifie les nuances orchestrales et vocales. Le contraste entre la masse des chœurs et les moments plus discrets de l’orchestre a permis de maintenir une tension dramatique tout au long de la représentation.

Le final, marqué par la chute d’eau du plafond lors de l'Amen, faisait écho à l'eau utilisée dans The Raft of the Medusa l'année précédente, mais cette fois-ci symbolisant la purification et la renaissance. Une fin marquante pour une production qui ne cesse de surprendre par sa profondeur et sa résonance contemporaine.

Avec cette mise en scène, Haendel et son Messie s’inscrivent dans une nouvelle ère, entre spiritualité et modernité, offrant au public une réflexion puissante sur la condition humaine.



Publié le 26 sept. 2024 par Pedro Medeiros