Il Nabucco - Falvetti
© Bénédicte Devanssay/ Angers-Nantes Opéra Afficher les détails Masquer les détails Date: Le 19 déc. 2024
Lieu: Cité des Congrès – Nantes. Co-réalisation : Angers Nantes Opéra et La Cité des Congrès de Nantes. Production originale : Festival de musique baroque d’Ambronay 2012
Programme
- Il Nabucco
- Oratorio à six voix de Michelangelo Falvetti (1642–1692), sur un livret de Vincenzo Giattini
- Créé en 1683 à Messine
Distribution
- Valerio Contaldo (Nabucco)
- Mariana Flores (Azaria /Idolatria)
- Lucía Martín-Cartón (Misaele)
- Ana Quintans (Anania /Superbia)
- Nicolò Balducci (Arioco)
- Rafael Galaz Ramirez (Daniele)
- Matteo Bellotto (Eufrate)
- Chœur de chambre de Namur :
- Sopranos : Camille Hubert, Elke Janssens, Barbara Menier, Aurélie Moreels, Zoé Pireaux, Amélie Renglet
- Altos/ Contre-ténors : Caroline de Mahieu, Josquin Gest, Jérôme Vavasseur
- Ténors : Nicolas Bauchau, Éric François, Nicolas Maire, Mathieu Montagne
- Basses : Étienne Debaisieux, Alejandro Gabor, Tiago Mota, Samuel Namotte
- Orchestre Cappella Mediterranea :
- Violons I : Girolamo Bottiglieri, Jeanne Mathieu, Nathalie Verdon
- Violons II : Laura Corolla, Koji Yoda, Mélanie Pelé
- Alto : Jonathan Ponet
- Viole de gambe : Rodney Prada
- Violoncelle : Diana Vinagre
- Contrebasse : Éric Mathot
- Flûte à bec, cornet : Rodrigo Calveyra
- Cornet : Gustavo Gargiulo
- Sacqueboutes : Fabien Cherrier, Miguel Tantos Sevillano, Jean-Noël Gamet
- Dulciane : Isaure Lavergne
- Harpe : Pernelle Marzorati
- Théorbe : Massimo Moscardo
- Archiluth : Giangiacomo Pinardi
- Orgue : Ariel Rychter
- Percussions : Keyvan Chemirani
- Direction : Leonardo García Alarcón
Une nouvelle tournée lumineuseLa soirée dédiée à Il Nabucco, oratorio de Michelangelo Falvetti, a offert un moment rare de beauté et de redécouverte baroque. Sous la direction magistrale de Leonardo García Alarcón, cette œuvre composée en 1683 s’est déployée dans toute sa richesse dramatique et spirituelle, transportant le public d’Angers et de Nantes dans un univers de contrastes et de ferveur.
Falvetti, figure méconnue du XVIIe siècle, a su fusionner les traditions musicales romaines et siciliennes avec une sensibilité méditerranéenne unique. Il Nabucco explore la confrontation entre un tyran imposant l’adoration d’une idole et trois enfants juifs protégés par leur foi inébranlable. La partition, d’une expressivité saisissante, mêle lyrisme et profondeur dramatique dans un équilibre parfait. Leonardo García Alarcón, en véritable alchimiste musical, magnifie cette œuvre en conjuguant rigueur historique et audace artistique. Les musiciens de la Cappella Mediterranea et les choristes, des fois placés au milieu du public, créent une proximité rare qui amplifie l’émotion de chaque note, chaque souffle.
La distribution des solistes a été exceptionnelle, chaque voix révélant des facettes essentielles de cette fresque spirituelle. Valerio Contaldo, dans le rôle de Nabucco, a impressionné par sa présence imposante et son timbre généreux, traduisant avec finesse l’arrogance et la fragilité du roi de Babylone. Mariana Flores, lumineuse en Azaria et Idolatria, a captivé par sa pureté vocale et l’intensité de son interprétation, incarnant avec grâce l’âme de l’œuvre. Lucía Martín-Cartón a offert une prestation d’une grande élégance dans le rôle de Misaele, tandis qu’Ana Quintans a déployé une théâtralité saisissante, habillant ses personnages d’une richesse émotionnelle remarquable. Nicolò Balducci a apporté une profondeur mystérieuse et une expressivité remarquable en Arioco. Rafael Galaz Ramirez et Matteo Bellotto, respectivement Daniele et Eufrate, ont ancré leurs performances dans une intensité dramatique qui a renforcé la puissance des moments clés.
Le Chœur de Chambre de Namur a sublimé l’ensemble par une précision et une ferveur exemplaires. L’orchestre a brillé par sa maîtrise des textures baroques, enrichies par l’ajout d’instruments anciens tels que les percussions méditerranéennes. Chaque intervention instrumentale semblait dialoguer intimement avec les voix, amplifiant les tensions dramatiques et spirituelles du récit.
Avec une durée resserrée d’une heure et demie, sans entracte, cette représentation a maintenu une intensité ininterrompue, plongeant l’audience dans un voyage sensoriel et émotionnel profond. La mise en espace, épurée mais ingénieuse, a renforcé l’impact de la musique en laissant toute la place à l’interprétation des artistes. Cette production, reprise du Festival de musique baroque d’Ambronay 2012 et qui a connu depuis de nombreuses tournées (voir notamment le compte-rendu), a été reprise récemment à Namur. Présente à Angers et Nantes dans le cadre de Baroque en Scène, elle témoigne de l’engagement d’Angers Nantes Opéra à rendre accessibles des chefs-d’œuvre méconnus du répertoire baroque, grâce notamment au soutien du budget de la région Pays de Loire (qui malheureusement vient d'être annoncé en diminution pour 2025).
Il Nabucco, dans cette interprétation vibrante, célèbre le triomphe de l’humanité et de la foi face à l’oppression. Une œuvre d’une actualité intemporelle, sublimée par des artistes au sommet de leur art. Ce fut une soirée inoubliable, où la puissance de la musique baroque a rencontré l’excellence interprétative pour offrir au public une expérience unique et profondément émouvante. Une réussite éclatante qui restera gravée dans les mémoires.
Publié le 23 déc. 2024 par Pedro Medeiros