Orgue - Marc Meisel

Orgue - Marc Meisel ©
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L’influence de Pachelbel sur Bach

L’organiste Marc Meisel est l’invité de l’audition méridienne de ce cinquième jour du festival Bach-en-Combrailles. Sur le bel orgue de l’église de Pontaumur, il offre un programme mettant en évidence les similitudes d’écriture entre Johann Pachelbel (1653-1706) et Jean-Sébastien Bach (1685-1750), dont le premier influença très tôt le second.

Le titulaire de l’Église évangélique réformée de Reinach (CH) débute avec la Toccata et fugue en do mineur de Pachelbel. La stabilité du tactus paraît légèrement instable, avec notamment quelques passages qui semblent comme précipités, rendant ainsi le discours peu transparent. L’Aria Sebaldina est la dernière des six Airs et variations qui constituent le recueil Hexachordum Apollinis publié en 1699. Sous les doigts de l’organiste, l’exposition du thème est très chantée mais manque alors de mouvement. Les huit variations qui suivent font entendre des passages des ornements parfois savonneux, le toucher manquant de précision et la direction de clarté. Les talents de Marc Meisel sont patents, il semble néanmoins que le travail de détails et d’interprétation – dont le public a pu avoir de magnifiques exemples lors des auditions précédentes – ne paraît pas abouti autant qu’on l’aurait souhaité. Toutefois, l’œil de la caméra de journalistes télévisés est peut-être la source d’une intimidation compréhensible. Il est dommage que le jeu de trompettes utilisé pour la première Fugue en fa majeur sonne faux ; son timbre nasillard peut aussi déplaire et rajouter à l’effet désagréable. La seconde fugue manque encore un peu de précision, particulièrement dans les parties intermédiaires, mais le caractère sautillant est bien présent et appréciable.

L’interprétation des œuvres de Bach semble étrangement plus assurée sous les doigts de Marc Meisel – le départ de la gênante caméra qui était alors à quelques de mètres de lui est également une raison plausible. Sa direction musicale est bien plus compréhensible et son jeu est également plus agréable dans la Fugue en do majeur BWV 952. Le phrasé est toutefois un peu ballottant dans la Fugue en la mineur BWV 958, avec des impressions de passages glissants. Les deux préludes du choral Wer nur den lieben Gott lässt walten (Celui qui laisse Dieu régner sur sa vie) BWV 690 & 691 et le Praeludium und Fuga BWV 533 n’ont pas l’extrême clarté qui ferait revenir l’auditeur sur ses premières impressions mitigées. Sans aucun doute, on aimerait entendre de nouveau Marc Meisel dans un contexte qui permettrait d’apprécier sa technique et sa musicalité à sa juste valeur.



Publié le 16 août 2018 par Emmanuel Deroeux