Anima eterna - Orliński

Anima eterna - Orliński ©Jiyang Chen
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Un programme soigneusement agencé

Le programme de cette soirée était pour partie celui de l’album Anima Aeterna (voir le compte-rendu dans ces colonnes), conçu avec Yannis François auquel Jakub Józef Orliński rendra un élégant hommage à l’issue du concert. L’essentiel des œuvres présentées sont des œuvres à caractère religieux, dont sont extraits des airs rarement entendus.

L’impression générale est que Jakub Józef Orliński continue de progresser, comme nous l’avons déjà constaté par le passé. Le legato et le timbre légèrement voilé sont toujours aussi séduisants même si la diction est parfois un peu imprécise. On remarque des trilles solides et quelques mesa di voce très réussis ; en revanche, le medium reste moins sonore, moins bien projeté que le reste du registre. Cette sage et remarquable progression repose sur des airs choisis avec soin au regard des moyens du chanteur et privilégie, pour notre grand plaisir, des airs rares que nous découvrons le plus souvent.

Si l’air de Pérez qui ouvre le concert est techniquement parfait, l’air du pêcheur repenti de Fux retient davantage l’attention, en raison d’une interprétation plus impliquée. La douceur amoureuse et la repentance y sont palpables, émouvantes, l’air est émaillé de trilles et de mesa di voce très réussis, les aigus sont superbement conduits. Le motet de Zelenka Barbara, dire, effera est une très belle œuvre qui sera superbement interprétée que ce soit par Il Pomo d’Oro ou par Jakub Józef Orliński. Ce dernier fait montre d’une très grande précision dans les vocalises, d’un goût très sûr dans les ornements et de belles nuances dans l’aigu.

Après l’entracte, on s’ennuie un peu dans l’air de Conti, à l’écriture un peu trop centrale pour les moyens d’Orliński qui y manque d’éclat et de puissance dans le medium. Suivent deux airs d’Ozias. Le premier (De Almeida), qui s’ouvre avec un délicat « prélude » au théorbe, est superbement interprété par Orliński qui y fait montre d’un somptueux phrasé, d’une infinité de nuances avec de très beaux piani et des mesa di voce réussis. Dans le deuxième (Reuter), Orliński semble en revanche moins à l’aise, peut être gêné par un orchestre un peu lourd. Lourdeur dont Il Pomo d’Oro se départira peu à peu dans l’ouverture de Zelenka, sous les efforts de Francesco Corti qui cherche manifestement à dynamiser son orchestre, et y réussit. La très belle aria de Schiassi est exécutée avec une grande maîtrise technique mais c’est la superbe interprétation de l’Alleluia de Haendel qui clôt somptueusement le programme.

Il Pomo d’Oro présentait ce soir un effectif plus important que souvent. Sous la baguette de Francesco Corti il a montré beaucoup d’enthousiasme et de complicité avec Orliński mais a parfois manqué de brillance, semblé un peu pataud dans certains morceaux orchestraux, comme par exemple le concerto de Galuppi en 1ère partie.

En conclusion de ce qui fut une belle soirée, ce ne sont pas moins de quatre bis que Jakub Józef Orliński offrira au public, dont le très beau Alla gente a Dio diletta de Nicola Fago, extrait de l’oratorio Il Faraone.



Publié le 26 avr. 2022 par Jean-Luc Izard