Jakub Józef Orliński - Il Pomo d'Oro

Jakub Józef Orliński - Il Pomo d'Oro ©Festival de Froville 2019
Afficher les détails

Les sentiments, joie ou drame ?


Il est des soirs où la quiétude d’un petit village lorrain peut pâtir de « l’affluence record » de personnes. Appréciation, bien sûr ! A estimer à sa juste proportion… Paisible commune de cent-vingt deux âmes, Froville vient de connaître, en ce week-end de fête de la Musique, un accroissement brusque de sa population.
Des quatre coins de l’Europe (Allemagne, Belgique, France, Luxembourg, Pologne), plus de quatre cent cinquante âmes ont convergé vers l’église romane pour un pèlerinage musical. L’édifice accueille, depuis 1998, le Festival de musique sacrée et baroque où se produisent des ensembles de toutes renommées.

Mais les habitués du lieu savent pertinemment qu’un tel « attrait » trahit, bien trop souvent, la notoriété des artistes invités ou simplement la curiosité des « baroqueux »… Ce soir, les deux éléments sont indéfectiblement unis. Laure Baert, la directrice artistique du festival, nous confie en aparté : « dès l’ouverture des réservations, les places se sont arrachées comme des petits pains. » Le fait se comprend aisément à la simple évocation du nom de l’artiste: Jakub Józef Orliński.

Né en décembre 1990, le jeune contre-ténor polonais est auréolé de plusieurs distinctions notamment le premier prix de la Marcella Sembrich International Voice Competition de New York en 2015 et le premier prix de l’Oratorio Society of New York, l’année suivante.
A l’international, Jakub Józef Orliński interprète des rôles secondaires (un des sorciers dans Dido & Eneas et d’Ariel dans The Tempest, deux œuvres d’Henry Purcell, 1659-1695) au Collegium Nobilium de Varsovie. Acquérant de l’expérience scénique, il se voit confier des rôles principaux : celui de Ruggiero dans Alcina de Georg Friedrich Haendel (1685-1759) au Théâtre d’Aix-la-Chapelle, celui de Narcisse dans Agrippina à l’Opera Kameralna de Varsovie. Il a interprété également une série d’airs choisis de Purcell dans le cadre du Balletabend à l’Opéra de Leipzig. Il chante dans Le Messie, oratorio pour chœur d’Haendel au Carneggie Hall (New York), …
En France, le contre-ténor doit son succès à une vidéo sur YouTube, oserions-nous dire, LA vidéo. Invité en juillet 2017 à une émission de France Musique, dans le cadre du Festival d’Aix-en-Provence, il se fait remarquer... Dans le bon sens du terme ! En tenue décontractée (chemise à carreaux ouverte, bermuda brun et baskets blanches), il sublime l’aria Vedrò con mio diletto, extrait de Giustino d’Antonio Vivaldi (1678-1741). Vue plus de trois millions cinq cent mille fois à ce jour, la vidéo lance sa carrière française. Il joue Orimeno dans Erismena de Francesco Cavalli (1602-1676) à l’Opéra royal du château de Versailles (voir le compte-rendu de notre confrère). Sa voix fascine, son audace vestimentaire séduit… tel est encore le cas ce soir en portant une paire de chaussettes rouge écarlate assortie à sa pochette. Subtil contrepoids du sobre costume noir trois pièces.

La voix de cette étoile montante de la scène internationale, est sublimement servie et accompagnée par Il Pomo d’Oro. Le nom fait référence à l’opéra d’Antonio Cesti (1623-1669) composé pour l’union de l’empereur Leopold I d’Autriche et de Margarita Teresa d’Espagne à Vienne en 1666.
Créé en 2012, l’Ensemble jouit également d’une renommée internationale. Il est souvent salué par la critique et attache une importance particulière aux performances instrumentales dans le plus pur respect des codes baroques. Il assure un jeu authentique sur instruments d’époque. Sa performance est qualifiée d’ « interprétation historiquement informée ». L’expression désigne un mouvement d’interprétation musicale tendant à se rapprocher des usages baroques et des intentions réelles des compositeurs. Elle prône l’utilisation d’instruments d’époque ou des copies de ceux-ci, le respect des diapasons et des tempéraments baroques, l’art de l’ornementation, …
L’Ensemble a été dirigé par Riccardo Minasi, Stefano Montanari, George Petrou, Enrico Onofri, Maxim Emelyanychev. Ce soir, la direction est confiée au brillantissime chef, Francesco Corti.

Quelques critiques émanent d’une infime partie du public jugeant ainsi la prestation avant son commencement. «Ce ne sont pas les vrais Pomo d'Oro», «Ah, Maxim n'est pas là ! », ... Comme si ces propos fallacieux jouaient un rôle prépondérant sur le déroulé et la qualité du concert... Malgré une certaine tolérance, la diatribe courrouce notre oreille… Fort heureusement, la Musique va balayer l’argumentaire infondé et donner « une âme à nos cœurs, des ailes à la pensée […] Elle est l’essence du temps et s’élève à tout ce qui est de forme invisible, mais cependant éblouissante et passionnément éternelle. » (Platon, v. 428 – 348 ou 347 av. J.-C.). Jakub Józef Orliński et Il Pomo d’Oro suivent scrupuleusement la pensée.
Constitué de pièces sacrées du Settecento, le programme met à l’honneur des compositeurs peu interprétés sur scène. Sa construction intelligente suit une « lente » procession émotionnelle et expressive. Alliance de passages d’une extrême douceur et de pages plus enlevées. L’avancée graduelle, ainsi créée, nourrit le cheminement spirituel.

La prière Alma redemptoris MaterSainte Mère du Rédempteur de Johann David Heinichen (1683-1729) ouvre le concert. Dédiée à la Vierge Marie, l’antienne est attribuée au moine bénédictin, Hermann Contract, connu également sous le nom d’Hermann de Reichenau (1013-1054). Heinichen a composé deux versions: une en mi bémol majeur en 1723 et une en fa majeur en 1726. C’est la seconde qui nous est présentée ce soir.
L’ouverture de la pièce, en tutti instrumental, flamboie sous la virtuosité d’Il Pomo d’Oro. Immatérielles, les couleurs se ressentent, se palpent. Percevons le soin apporté à l’articulation : art d’imiter les inflexions de la voix humaine dans la pratique d’un instrument. Les musiciens les maîtrisent pleinement ainsi que les attaques. Les silences d’articulation, même minimes, offrent de la clarté au discours musical. Les flûtes de Roberto de Franceschi et Petra Ambrosi sont radieuses. Leur luminosité est mise en valeur par l’accompagnement des deux violons, de l'alto, du violoncelle et de la contrebasse, du théorbe et de l’orgue.
Jakub Józef Orliński se nourrit des teintes harmonieuses. Alma redemptoris Mater, quæ, cæli s’échappe du moule vocal, là où tout son prend naissance. Les registres médium et aigu révèlent une voix pure tout en se gardant d’atteindre la pleine mesure de celle-ci. Aucun décochage, tant redouté par les contre-ténors, n’a lieu lorsqu’il passe d’un registre à l’autre. La diction est précise. La douceur, qui émane du tu quæ genuisti (tu as enfanté), entraine vers l’entière quiétude. Le contre-ténor orne délicatement son chant. L'équilibre entre la voix et les instruments est parfait ! Les bravos ne tardent pas à s'élever saluant la finesse de l'exécution.

Offrant quelques minutes de répit au contre-ténor, l'Ensemble interprète le Concerto grosso in B flat major, Op. 6, No. 11 d'Arcangelo Corelli (1653-1713). Le même instrumentarium est usité, excepté les flûtes remplacées par deux hautbois (tenus par les mêmes musiciens).
A l'orgue, Francesco Corti ouvre le preludio. Il donne l'impulsion rythmique de la main droite tout en jouant de l'autre. Puis, les « deux amants séparés » se réunissent sur le clavier. Il tourne le dos au public. Position peu commune. Elle permet d'apprécier à sa juste valeur le doigté du chef mais également sa direction dynamique. Tout son corps marque le rythme et les affects. Zefira Valova fait sonner son violon avec maestria. Le chant se teinte de fines couleurs, à l’image des rayons de lumière traversant les vitraux. Un halo harmonieux l’entoure.
L’allemanda, portant l’indication allegro, révèle la dextérité du violoncelle. Ludovico Minasi s'engage dans un rythme véhément. Les coups d'archet sont énergiques, produisant un son vibrant et de grande qualité. Saisissons, dans ce vol effréné, les notes élégantes du théorbe de Giulio Quirici. Ce dernier ne s’efface pas dans le discours développant une ligne de chant entièrement proportionnée.
Le troisième mouvement (adagio en andante largo) confirme la virtuosité de Zefira Valova qui gratifie son jeu d’adroits trilles. La seconde violoniste, Lucia Giraudo, déploie un phrasé arguant de la même intelligence. Le théorbiste confirme son propos où les grappes de notes se parent de délicates inflexions. Sur le canevas mélodique se posent le son pénétrant des deux hautbois (Roberto de Franceschi, Petra Ambrosi) et le soutien de l’orgue (Francesco Corti) dans sa partie de basse continue. Le charme musical opère et illumine l’église romane.
Savourons la suavité de la sarabande. Tel un parfum, la mélodie assemble les notes de cœur, les notes de tête et de fond. Les premières s’exhalent par le jeu solo de Zefira Valova dessinant les contours de la composition. Les secondes par le violoncelliste conservent une fragrance fraîche. Celles de fond, constituant la base, sont structurées par les autres instrumentistes.
Une brève gigue, au caractère vivace, clôt l’œuvre. Ses motifs mélodiques dessinent un relief fort plaisant.

Encore envoûtés par le parfum du concerto, nous reconnaissons aisément les notes d’une des œuvres majeures de Vivaldi: le sublimissime Stabat Mater.
Datée de 1712, l’œuvre est composée pour ensemble instrumental et voix soliste (contralto, à l’origine). Commande de l’église Santa Maria della Pace de Brescia (ville natale de son père : Giovanni Battista Vivaldi, 1655-1736), elle rend grâce à la Vierge Marie. L’antienne mariale évoque la souffrance de la Vierge lors de la crucifixion de son fils, Jésus-Christ.
De dimensions plus réduites que le Stabat Mater de Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736), l’œuvre est construite en trois groupes de trois mouvements chacun. Ils s’articulent autour de dix strophes du poème Stabat Mater, écrit par le moine franciscain Jacopone da Todi (ca. 1230-1306). La sensation d’unité s’énonce à travers l’œuvre. Bien que les paroles soient différentes, les deux premiers groupes utilisent la même base musicale.
Zefira Valova égrène les premières mesures du largo dans une écriture de noires, croches pointées, doubles-croches et blanches liées : do – fa – sol – do – si bémol – la bémol – sol – la bémol – sol – fa… Elle reçoit l’appui assuré du second violon (Lucia Giraudo), de l’alto bien présent de Justyna Skatulnik, de la contrebasse sonore de Jesse Feeves et du continuo lascif de Francesco Corti.
D’un désir fiévreux, nous attendons que Jakub Józef Orliński pose son instrument sur l’épi de notes. D’une douceur angélique, le contre-ténor investit pleinement Stabat Mater dolorosaSe tenait debout, la Mère douloureuse. De nouveau, il joue avec art sur les deux registres. Ses graves revêtent une couleur naturelle et une belle profondeur. Il transfigure les larmes (lacrimosa) par d’exquis ornements. A tel point qu’il donne vie à celles-ci et que nous les sentons perler. Comment concevoir le fait qu’une douleur puisse être aussi sublime ? Sommes-nous dotés d’une quelconque humanité ? Jacques Demy (1931-1990) confiait dans Le Monde en février 1964 : « A mon sens, la musique renforce, aussi bien dans la joie que dans le drame, les sentiments. » Ressentons, vivons, aimons… Soyons humains en quelque sorte ! Le contre-ténor porte toute la mesure du texte Cuius animam gementemSon âme gémissante. Les croches jouées aux archets, mettent en écho l’instrument vocal. Les points d’orgue renforcent l’esprit dramatique du texte. L’andante O quam tristis et afflictaQu’elle était triste et affligée respire la même intention. Sans que cela n’altère la fluidité de la ligne de chant, les respirations servent d’appui au Qui est homo qui non fleretQuel homme sans verser de pleurs. Quelle puissance vocale ! L’investissement du contre-ténor est total provoquant le gonflement de ses veines jugulaires. Quis non posset contristariQui pourrait dans l’indifférence confirme les aigus aériens. Dans le mouvement suivant (Pro peccatis suae gentisPour toutes les fautes humaines), remarquons les phrasés des violons et de l’alto, la réponse faite à Jakub par l’orgue et le violoncelle. Ouvrant Eia Mater, fons amorisO Mère, source de tendresse, la succession de doubles-croches pointées et de triples croches confère à la pièce une certaine tension. Cet enchaînement répétitif aux cordes épouse les pianissimi du chanteur. Parfaite maîtrise instrumentale ! En tutti, ils interprètent Fac ut ardeat cor meumFais que mon âme soit de feu. Portons attention aux pizzicati de la contrebasse (Jesse Feeves). Le contre-ténor se consume en avouant son amour en Dieu. Il resplendit de liesse dans l’allègre Amen.
Ainsi, l’œuvre du Prêtre roux conclut la première partie sous notre ovation.

Profitant de l’entracte, nous admirons les tableaux de Pascal Wiederkehr (1949- ), la nef de l’église servant de galerie. L’exposition s’intitule Hommage à Debussy. La série de tableaux est conçue à partir des Six épigraphes antiques (1914) et d’un choix de Préludes du Livre I (opus écrit entre décembre 1909 et février 1910) du compositeur. Le peintre lorrain précise la portée de son travail avec ces mots : « J’aime la musique de Debussy qui a le don de me transporter vers cet ailleurs d’où nous nous sentons être. » Partant de la première page de la partition, il fait ressortir, de manière abstraite, « les lignes de forces que déterminent l’agencement des notes, l’altération, les barres de mesure, etc. ». Son attachement à la pièce est « souligné en superposant au schéma graphique ainsi obtenu les deux ou trois mesures qui éveillent en moi [lui] le plus d’émotion. »

A la contemplation des toiles, le temps s’écoule vite… Emanant des peintures, la musique exalte la passion que nous lui vouons…

Le concert poursuit sa procession émotionnelle et expressive par l’aria S’una sol lagrima de Jan Dismas Zelenka (1679-1745). Peu interprété en concert, le compositeur mérite, cependant, toute notre attention. Considéré comme le plus important compositeur tchèque de la période baroque, il laisse une vaste œuvre dans laquelle l’inspiration est introspective voire passionnée. L’expression émotionnelle connaît son plus haut degré. Le propos se vérifie par l’aria interprétée, extrait de l’oratorio Gesù al Calvario (1735). Zelenka a su traduire en musique les émotions accompagnant la condamnation à mort de Jésus et sa crucifixion.
Roberto de Franceschi et Petra Ambrosi, aux hautbois, incarnent l’émoi. Ils construisent un son rond, plein et conservent une homogénéité parfaite. Le timbre, plus ou moins accentué, sonne agréablement quelque soit le registre employé. Nous mesurons à quel point les deux hautboïstes maîtrisent avec art leur instrument. L’extrême versatilité du hautbois en fait un des instruments les plus difficiles à jouer. Francesco Corti adopte une direction remarquable. Il « freine » l’ardeur de l’ensemble afin que Jakub Józef Orliński puisse affirmer souverainement sa voix. Observons la position linguale. Le dos aplati de l’organe implique la position descendue du larynx, ce qui contrarie le soulèvement du voile du palais. La résultante : le cavum (partie supérieure et aérienne du pharynx, située en arrière des fosses nasales) ne joue pas entièrement son rôle de résonateur. Cependant, un léger vibrato pigmente les fins de phrase, du plus bel effet ! Le contre-ténor reformule sans cesse sa proposition en ornementant ci et là, lors des reprises. La coda arbore un ton élégiaque.
S’ensuit Tam non splendet sol creatusLe soleil de la Création ne brille pas autant de Nicola Fago (1677-1745). La cantate est répartie en strophes formant l’alternance d’arias et de récitatifs. Le premier air, titre de la pièce, couronne la direction dynamique de Francesco Corti et la virtuosité des instrumentistes. Le contre-ténor, quant à lui, nous gratifie de magnifiques crescendos et de vocalises légères. Son timbre angélique sert d’écrin au récitatif lumineux : O nox clara ?O nuit claire ? Seuls trois instruments (théorbe, violoncelle, orgue) accompagnent le contre-ténor. Le second air, Dum infans iam dormit celesti soporePendant que l’enfant dort de son sommeil céleste, est introduit par le doux chant des cordes en tutti et de l’orgue. Jakub Józef Orliński cisèle délicatement venite, gaudatevenez, réjouissez-vous. Dans la partie de violon solo, Zefira Valova, est ici plus que sublime… Concluant la cantate, l’Alléluia est offert sans retenue. Soutenu par l’ensemble des cordes et de l’orgue, le contre-ténor exulte sa joie par une cascade d’ornements. Le flot continu répond aux vagues orchestrales. Ce déferlement soulève des applaudissements…

Second intermède instrumental, Il Pomo d’Oro livre une interprétation magistrale de la Sinfonia a otto concertanti in A major dans son mouvement allegro. Les différents pupitres offrent une riche palette de couleurs. Chacun, à son tour, occupe la place de concertant. Nous ne pouvons que reconnaître leur indéniable virtuosité. Les phrasés se couvrent de nuances dramatiques trouvant écho dans la nef. Les échanges tumultueux annoncent les contours du fougueux Mea tormenta, properate !Venez vite à moi, mes tourments ! de Johann Adolf Hasse (1699-1783). Les instruments déploient une énergie impétueuse : coups d’archet brusques, fortissimo, … En miroir, la puissance vocale de Jakub Józef Orliński est fulgurante. Ce dernier relance perpétuellement le discours, alors qu’il pourrait se contenter du minimum. Il fait preuve d’une générosité sans limite, tout comme l’Ensemble. Pour nous remercier, il s’incline main sur le cœur…

Sous les ovations, les artistes nous gratifient de trois bis : l’air d’Aaron Alla gente a Dio diletta, extrait d’Il Faraone sommerso (1709) de Fago, le Domine Fili unigenite de la Messe à cinq voix en do majeur ( ?) de Francesco Durante (1684-1755) et l’espéré Vedrò con moi diletto du Giustino de Vivaldi. Jakub Józef Orliński est facétieux, joue avec le public. Il déboutonne puis reboutonne sa veste entre les bis.
L’espièglerie ne retire en rien l’émotion ressentie sur le dernier bis parfaitement maîtrisé. La voix limpide s’impose. Un côté solaire s’en dégage.

Il Pomo d’Oro a imposé sa virtuosité, sa technique. Comme quoi les arguments développés postérieurement n’ont eu aucun fondement légitime. L’ensemble a fait preuve de constance dans l’interprétation des pièces : précision, couleurs, nuances, affects, musicalité, …
Ce soir, nous avons pu « juger » de l’évolution vocale du contre-ténor. Servie par une excellente technique, elle dispose d’une réelle amplitude: des graves velouteux, un médium au voile soyeux et des aigus solaires. La projection ne subit aucun fléchissement sur l’ensemble de la tessiture. Nous suivrons avec attention sa carrière, qui promet d’être longue… Tout comme le fut la séance de dédicaces concédée généreusement par Jakub Józef Orliński.

Emplis d’une profonde sérénité, nous quittons les lieux où les sentiments se sont renforcés aussi bien dans la joie que dans le drame…



Publié le 28 juin 2019 par Jean-Stéphane SOURD DURAND