Renaissance et baroque réinventés - La Capriola
© Bertrand Pichene Afficher les détails Masquer les détails Date: Le 29 sept. 2024
Lieu: Salle Monteverdi, abbatiale d’Ambronay. Représentation donnée dans le cadre du 45e Festival d'Ambronay
Programme
- Andrea Gabrieli (c.1533-1585) : Intonazione del primo tono
- Claudio Monteverdi (1567-1643) : O quam pulchra es
- Adrian Willaert (c.1490-1562) : Joyssance vous donneray
- Qui la dira la peine de mon cœur
- Conditor alme syderum
- Un giorno mi pregò una vedovella
- Ricercar sesto
- A quand’a quand’havea
- Cingari simo
- Claudio Merulo (1533-1604) : Canzon dita « La Zambeccara »
- Cipriano De Rore (1515-1565) : Ben qui si mostra il ciel (avec Girolamo Dalla Casa, c.1543-1601)
- Ricercar « Anchor che col partire » (avec Andrea Gabrieli)
- Angelus ad pastores (avec Giovanni Battista Bovicelli, c.1549-c.1614)
- Anchor che col partire (avec Giovanni Bassano, 1561-1617)
- Io canterei d’amor
- Regina Celi
- Francesco Dalla Viola (c.1508-1568) : Altro che lagrimar
- La Verginella è simile alla rosa
Distribution
- Ensemble La Capriola :
- Manon Papasergio (violon basse)
- Dorine Lepeltier-Kovács (violon tenor et basse)
- Charlotte Gerbitz (violon, alto)
- Camille Fritsch (chant)
- Ensemble soutenu par Sustainable Eeemerging
- Programme Ambronay Jeunes Talents
De la Renaissance au BaroqueLe concert présenté par l’ensemble La Capriola dans le cadre du 45e Festival d’Ambronay a offert une fascinante plongée dans l’univers musical de la Renaissance et des prémices du Baroque. Fusionnant un répertoire éclectique et une interprétation résolument contemporaine, l’ensemble a su démontrer une maîtrise parfaite des techniques anciennes tout en insufflant une nouvelle vie à la musique de la basilique Saint-Marc de Venise. Fruit d’une collaboration européenne sous le programme EEEMERGING+, La Capriola réunit quatre jeunes talents formés dans les plus prestigieuses institutions musicales. Grâce à cette initiative, l'ensemble a exploré les œuvres des grands compositeurs de la Renaissance tels qu’Adrian Willaert, Cipriano de Rore, Claudio Monteverdi et Andrea Gabrieli. Ils ont su mettre en avant la richesse et la diversité de ces compositions qui font partie de l’héritage musical vénitien, tout en leur apportant une lecture personnelle et intimiste.
Le concert s’est distingué par l’intégration de différents registres instrumentaux et vocaux, couvrant des pièces allant de l’Intonation du premier ton de Gabrieli à la polyphonie sophistiquée de Monteverdi. Le violon, instrument central du concert, a ainsi retrouvé la popularité qui lui était déjà accordée à l’époque de la Renaissance, où les violonistes étaient souvent mieux payés que les chanteurs, malgré un manque de reconnaissance sociale. La harpiste Manon Papasergio a également brillé par son interprétation des pièces de Claudio Merulo et Francesco Dalla Viola. Son jeu sensible et précis, soutenu par les lignes de violon et les harmonies vocales, a permis de sublimer des compositions rarement jouées, telles que La Verginella è simile alla rosa. L’intervention de la harpe a ajouté une touche de légèreté et de grâce, tout en complétant le spectre sonore de l’ensemble.
L’une des pièces maîtresses du concert, Anchor che col partire, a été interprétée dans plusieurs versions successives, reflétant les techniques de diminution très prisées de l’époque. Cette œuvre de Cipriano de Rore a montré à quel point la musique pouvait évoluer, passant d’un simple air chanté à une forme richement ornée, presque méconnaissable, grâce au talent des interprètes. Les chansons populaires d’Adrian Willaert, inspirées par le thème de l’amour et du vin, ont ravi le public avec des poèmes traduits en français, ajoutant une dimension de proximité et d’intimité. Le bis final, une reprise festive de ces airs, a clôturé le concert sur une note légère et enjouée.
Le concert s’est achevé sous les applaudissements nourris d’un public conquis, transporté dans les salons de la Renaissance vénitienne. L’ensemble La Capriola a prouvé que la musique ancienne n’a rien de figé ni d’obsolète, mais qu’elle peut, au contraire, trouver de nouvelles voix expressives au sein des jeunes générations de musiciens. L’interprétation sensible et inspirée de cet ensemble annonce un avenir prometteur pour le projet EEEMERGING+ et pour le renouveau de la musique ancienne en Europe. Une belle réussite qui laisse espérer de futures explorations tout aussi captivantes.
Publié le 04 oct. 2024 par Pedro Medeiros