Requiem à la mémoire de Louis XVI - Sigismund NEUKOMM
© Afficher les détails Masquer les détails Date: Le 23 janv. 2016
Lieu: Chapelle Royale - Versailles
Programme
- Sigismund Neukomm (1778 – 1858) - Requiem à la mémoire de Louis XVI : Marche funèbre - Miserere mei deus - Missa da requiem
Distribution
- Clémence Tilquin – Soprano
- Yasmina Favre – Mézzo-soprano
- Robert Getchell – Ténor
- Alain Buet – Baryton-Basse
- Chœur de chambre de Namur :
- Julie Calbete, Béatrice Gobin, Wei-Lian huang, Aurélie Moreels, Manon Poskin, Caroline Villain – Sopranos
- Anaïs Brullez, Véronique Gosset, Angelica Monje Torres, Florence Recanzone – Altos
- Jean Sébastien Beauvais, Raphaël Mas – Contre-ténors
- Peter De Laurentiis, Nicolas Bauchau, Pierre Derhet, Eric Francois, Thierry Lequenne, Maxime Melnik – Ténors
- Kamil Ben Hsain Lachiri, Etienne Debaissieux, Hubert Deny, Philippe Favette, Jean-Marie Marchal, Grantley Mc Donald – Basses
- La Grande Écurie et La Chambre du Roy :
- Philippe Couvert – Premier Violon
- Ariane Dellenbach, Andrée Mitermite, Sandrine Naudy, Clarisse Rinaldo, Alain Viau – Violons 1
- Bernadette Charbonnier, Maximilienne Carravassilis, Elisabeth Desenclos, François Gasnier, Alain Pégeot – Violons 2
- Françoise Rojat, Hélène Couvert, Marie St Loubert Bié, Delphine blanc – Altos
- Nicolas Crnjanski, Hendrike Ter Brugge, Silvia Lenzi, Amaryllis Jarczyk – Violoncelles
- Michael Greenberg – Contrebasse
- Amélie Michel, François Nicolet – Flûtes
- Vincent Robin, Elisabeth Passot – Hautbois
- François Gillardot, Vincenzo Casale – Clarinettes
- François Charruyer, Alexandre Salles – Bassons
- Emmanuel Padieu, Cédric Muller – Cors
- Emmanuel Mure, Bruno Fernandes – Cornets à piston et trompettes
- Frédéric Lucchi, Damien Prado, Sylvain Delavux – Trombones
- Patrick Wibart – Ophicléide
- Guillaume Blaise – Timbales
- Laurent Stewart – Orgue
- Jean-Claude Malgoire – Direction
Un digne hommage à Louis XVIAvant toute chose, rafraîchissons-nous la mémoire sur ce compositeur mal connu.
Sigismund Neukomm (1778 – 1858) est né à Salzbourg ; il montre dès ses six ans un profond penchant pour la musique. Il maîtrise rapidement la plupart des instruments à vent et à cordes (c’est ce que l’on peut appeler un surdoué de la musique…). Il obtient dès l'âge de 15 ans la place d’organiste à l’université, et devient à 18 ans co-répétiteur de l’Opéra. Après avoir achevé ses études de mathématiques et de philosophie, il quitte Salzbourg en 1798 pour se rendre à Vienne, où il devient élève de
Joseph Haydn (qui le traita comme son fils). Il quitte Vienne pour se rendre en Suède, où il sera membre de l’Académie de musique, puis à Saint-Pétersbourg où il sera en charge de la direction de la musique de l’opéra allemand. Il rentra à Salzbourg à cause d’une maladie sérieuse et de la mort de son père, Il repartit ensuite à Vienne, où il arriva peu de temps après la mort de Haydn. En 1809 il vint à Paris, La princesse de Vaudémont lui fit rencontre le
prince de Talleyrand, auprès duquel Neukomm s’installa. En 1814, il l’accompagna au congrès de Vienne. Le Requiem qu’il avait composé à la mémoire de Louis XVI fut exécuté dans la cathédrale Saint-Etienne de Vienne, par un chœur de 300 chanteurs, en présence des empereurs, rois et princes réunis au Congrès. En 1815, Talleyrand fit récompenser Neukomm, qui reçut la Légion d’honneur et des lettres de noblesse. Il voyagea en Italie en 1826, en Belgique et en Hollande en 1827, retourna à Paris en 1830… Il continua toute sa vie de voyager à travers l’Europe, et vécut à Paris les dernières années de sa vie.
Cette messe était à l’origine prévue pour deux chœurs et orgue ; elle a été remaniée et enrichie d’une instrumentation démonstrative pour la représentation durant le congrès de Vienne. L’auteur précise également que le premier chœur peut être formé de quatre solistes, s’ils ont une bonne voix, choix repris ce soir par la production. L’originalité de cette œuvre consiste en la distribution en chœurs et groupes d’instruments autonomes (cordes, bois, cuivres) qui à la fois soutiennent la voix et tissent un dialogue entre eux. Il faudra attendre le
Requiem de
Berlioz pour retrouver une telle maîtrise de l'espace sonore.
Après que le public et les musiciens, chœurs et solistes aient pris place dans la Chapelle Royale, cadre tout à fait approprié pour une telle œuvre, la musique débute par une marche funèbre, jouée uniquement par les cuivres. Ceux-ci sont placés au balcon, devant le grand orgue. Cette disposition met en valeur le son puissant mais néanmoins doux des cuivres, sans que le public soit submergé par le niveau sonore. Sur le bas-côté de la chapelle passe un chœur d’homme qui gagne l'entrée. Sur un coup de gong, ces hommes entament leur chant, puis le chœur resté sur scène, et enfin le chœur composé des solistes. Les cuivres interviennent de nouveau pour un petit intermède, suivis des chœurs.
Sans surprise le
Chœur de chambre de Namur est toujours impeccable, propre, juste. Chez les solistes,
Alain Buet nous régale de sa voix prenante et profonde, dès le début de ce
Requiem. Parmi les femmes, la voix de soprano de
Clémence Tilquin tend à dominer au départ la très belle voix de la mezzo-soprano
Yasmina Favre. Mais les deux voix s'ajusteront un peu plus tard, pour notre plus grand plaisir. Le ténor
Robert Getchell s'est pour sa part bien acquitté vocalement de sa partie ; on peut juste regretter la discrétion de sa présence scénique.
L’instrumentation de ce
Requiem est riche et intéressante. Chacun trouve parfaitement sa place dans cette formation très complète (cordes, cuivres, vents, percussions) : les vents accompagnent le chœur des solistes, des dialogues s’installent entre les chœurs et les cordes, on y retrouve parfois des touches de
Mozart (comme dans le Confutatis), et bien sûr de Haydn. L’orchestre dispose également d’une très belle basse continue, composée de quatre violoncelles, d'une contrebasse et de deux bassons : celle-ci tient son rôle à la perfection, sortant du cadre lassant dans lequel peuvent s’inscrire certaines basses continues pour donner une interprétation pleine de sentiments. Nous regretterons toutefois la relative discrétion des vents, hormis les passages dans lesquels les flûtes doublent le chœur de solistes. Il aurait été préférable de les disposer dans un endroit qui les mette davantage en valeur, mais la taille de la scène ne le permettait probablement pas.
L’
Offertoire me fut particulièrement plaisant, surtout le final qui se termine sur une fugue où entrent l'ensemble des chœurs et des instruments. Ce passage redoutable, parfaitement exécuté, nous tint en haleine de bout en bout. Le
Libera me final, pièce à la sonorité puissante qui rassemble l’orchestre ainsi que les chœurs, achève brillamment ce
Requiem sur un tutti instrumental. On est alors surpris d'être parvenu au terme du concert, impression peu commune en écoutant un requiem. Les spectateurs ont alors applaudi de façon unanime, et les artistes ont offert en bis la fugue de l'
Offertoire.
Ce magnifique concert a été enregistré par France Musique, il devrait donc faire l'objet d'une prochaine diffusion. Je conseille donc à nos amis internautes de se reporter au site Internet de cette station pour l'écouter, cette œuvre le mérite amplement !
Publié le 27 janv. 2016 par Hippolyte DARISSI