Un Secolo cantante - Le Stagioni

Un Secolo cantante - Le Stagioni ©
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L’avénement de l’opéra vénitien

Consacré à une évocation des premiers opéras publics donnés à Venise au milieu du XVIIe siècle, le programme du concert reprend pour partie celui de l’enregistrement portant le même nom et sorti le 17 novembre dernier chez Arcana. C’est l’invention du théâtre lyrique, qui connut alors un succès phénoménal et fulgurant, que veut souligner ce programme, dans toute sa dimension joyeuse, facétieuse, carnavalesque mais aussi dans l’évocation du tragique et du drame.

Alternant prologues, pièces instrumentales, solos, duos, ensembles vocaux, le programme est un petit bijou de délicatesse, qui nous promène de chansons en ballades et de blagues un peu délirantes en déplorations émouvantes. Seul bémol à la soirée, la réverbération un peu excessive de la salle qui dessert un peu les voix et les équilibres.

L’effectif modeste de l’ensemble Le Stagioni correspond bien à ce répertoire et le talent des musiciens présents est indéniable. J’ai particulièrement apprécié le violon délicat et incisif de Liv Heym mais chacun des interprètes mérite d’être salué. De son clavecin, Paolo Zanzu dirige avec un plaisir évident et prend quelques minutes entre les pièces pour les resituer avec pédagogie et simplicité.

Annoncée souffrante, Blandine Staskiewicz est néanmoins tout à fait convaincante, le timbre est chaud, vibrant et si l’aigu, du fait de la méforme probablement, se crispe un peu parfois, son dialogue avec Emmanuelle de Negri dans Strozzi est très réussi, comme la réplique que son Eunuque donne à Deidamia dans la scène de folie de La Finta Pazza.

Emmanuelle de Negri réussit chacune de ses interventions dans des registres aussi différents que celui de La Finta Pazza, dans laquelle elle joue avec bonheur son personnage ou le Pianto della Madonna dans lequel son chant, image même de la douleur, est bouleversant. Le medium est très riche, très coloré, et l’aigu opulent.

Zachary Wilder, non prévu au programme, apparaît en fin de concert pour apporter à cette belle soirée son style et sa diction impeccables, son timbre très naturel et son élégance faisant du ténor un interprète idéal de ce répertoire.

Très belle et douce soirée donc qui se conclut en bis par une reprise du Un talamo ed un letto avec les trois chanteurs.



Publié le 23 janv. 2024 par Jean-Luc Izard