Tanz ! - Freiburger Barockconsort

Tanz ! - Freiburger Barockconsort © WDR / Thomas Kost
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L’aventure déconcertante de la musique et de la danse, du baroque au contemporain

Ce concert du 12 novembre à la Kreuzkirche de Herne réunit deux formations, le Freiburger Barockconsort, formation baroque reconnue, et l’Ensemble Recherche, tourné vers la musique contemporaine, qui proposent en regard des pièces baroques et contemporaines écrites au service de la danse. Nous ne sommes pas hostiles par principe à la mise en regard du répertoire ancien avec des pièces plus récentes ou contemporaines, d’autant que, dans le cadre du présent concert, chaque pièce bénéficiait d’une courte présentation enregistrée qui en soulignait les caractéristiques et le lien avec la danse. Mais nous avons eu beaucoup de difficulté à nous repérer dans des musiques dépourvues de mélodie, qui accumulent généralement des dissonances provocantes pour un résultat qui ne nous a guère convaincu, voire agacé à certains moments. Ce qui est un peu dommage, car certains morceaux (comme le Burn notice de Lang) requéraient visiblement une grande maîtrise d’exécution, dont l’Ensemble Recherche s’est d’ailleurs acquittée impeccablement. Nous rendrons donc compte ici essentiellement des pièces baroques, d’autant que leur intérêt comme la qualité de leur exécution le justifient amplement.

C’est d’ailleurs une pièce peu connue de Purcell, la suite extraite de The married Beau, qui ouvre le concert. Elle comporte pas moins de neuf airs, de durée variable mais généralement assez courts. On imagine assez aisément les pas de danse sur le langoureux Air lent. De même pour le premier Hornpipe (musette), au rythme marqué qui devient de plus rapide. Le Hornpipe on a Ground final est un vrai régal, qui débute aux accords sonores du théorbe, et révèle toute la virtuosité des cordes, en particulier des violons.

Après les notes quelque peu désordonnées du Burn notice, la Ciaccona (chaconne) de Bertali résonne agréablement à nos oreilles. Elle est emmenée aux attaques marquées de la guitare de Johannes Ötzbrugger, qui dialogue avec brio avec des violons étourdissants de virtuosité ! Un morceau également très apprécié du public, qui récompense fort justement cette prestation par de sonores applaudissements.

Malgré une incontestable basse mélodique de violoncelle et le violon agile de Melise Mellinger, The Light of the Dark de Michael Gordon nous a paru un peu long. Il est suivi d’une présentation détaillée des deux ensembles, et des motifs de leur collaboration, explications bienvenues (que notre compréhension limitée de la langue de Goethe ne nous a toutefois pas permis de suivre dans ses détails). La Techno Parade du compositeur français contemporain Guillaume Connesson illustre à notre sens assez bien ce courant musical, avec de nettes réminiscences de motifs connus...

Nous retrouvons avec plaisir la sonore guitare de Johannes Ötzbrugger dans l’étourdissante Follia en ré mineur d’Antonio Vivaldi, là aussi rivalisant de virtuosité avec le violon. Son « tourbillon » final, impeccablement exécuté, constitue assurément l’un des moments les plus mémorables de ce concert, déclenchant lui aussi de chaleureux applaudissements.

Dernière pièce baroque de ce concert, la Passacaglia en sol majeur de Georg Muffat démontre une nouvelle fois l’aisance technique et le phrasé expressif des violons, tandis que le théorbe se signale par son envoûtante présence au sein de la basse continue. Elle aussi sera largement saluée par le public. Le concert s’achève sur le Glamour Sleeper de Donacha Dennehy, déroutante succession de notes d’un ensemble très fourni (avec notamment la clarinette et le synthétiseur), dont le final nous a paru particulièrement pénible...



Publié le 12 déc. 2023 par Bruno Maury