Bachs vergnügte Lust - Wey

Bachs vergnügte Lust - Wey ©Michael Venier
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Le demi plaisir de Bach

Les concerts du Château d'Ambras font partie de la grande tradition des Innsbrucker Festwochen depuis 1963. Ce palais Renaissance surplombant d'une centaine de mètres la vallée de l'Inn, à quelques kilomètres du centre ville, revendique pour principal joyau sa « salle espagnole » (1570-1572), enluminée des vingt-sept portraits en pied des prédécesseurs de son commanditaire, l'archiduc Ferdinand II. Le programme du 6 août y est tout entier consacré à Johann-Sebastian Bach : pour moitié concertant avec le Cinquième concerto brandebourgeois et le Concerto pour deux violons, pour moitié vocal avec deux cantates, Ich habe genug et Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust. La Hofkapelle München s'y offre les services du Suisse-Américain Terry Wey.

Wey, contre-ténor d'à peine plus d'une trentaine d'années, a été formé enfant aux Wiener Sängerknaben (Petits Chanteurs de Vienne), avant de se lancer dans une carrière d'altiste ; laquelle l'a mené tout autant à une disco/vidéographie déjà nourrie où Bach est fort présent, qu'à une passion pour les musiques du Cinquecento (seizième siècle italien). Il est à ce titre membre de l'ensemble autrichien Cinquecento Renaissance Vokal.

Les Cantates pour alto du Cantor (que nous aimons aussi en version pour baryton) conviennent naturellement à un tel artiste. Le timbre étal, translucide si ce n'est sopranisant, le matériau homogène, conduit sans à-coup ni effet de glotte, et le maintien de prêcheur ne peuvent que se prêter à des pages aussi lumineuses et apaisées que les célèbres BWV 82 et 170. Au cours de la seconde il trouve sa place parmi une concurrence relevé, cette jolie prestation étant ourlée de parties de hautbois et de traverso obligées acceptables (Claire Sirjacobs et Michael Schmidt-Casdorff).

Ce qui précède offre moins d'agrément. Le hautbois, pourtant essentiel dans Ich habe genug en tant qu'instrument des bergers et symbole de la (re)naissance, y est davantage hésitant, possible cause d'un chant moins impliqué, tutoyant parfois la monotonie ; le Cinquième brandebourgeois délivre un son gras, pataud et confus où le traverso n'est pas plus à la fête. Nous n'avons pas eu la sensation d'entendre ensuite un Concerto pour deux violons, mais pour un violon et demi, tant le Konzertmeister Rüdiger Lotter y étouffe sous son archet vinaigré sa méritante partenaire Isabella Bison. Frustrant.



Publié le 22 août 2019 par Jacques Duffourg