Pierre le Grand, un tsar en France, 1717

Pierre le Grand, un tsar en France, 1717 ©Château de Versailles
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Versailles se met à l’aune du troisième centenaire des relations franco-russes en proposant une exposition consacrée au tsar Pierre Ier Alekseïevitch le Grand, né à Moscou en 1672 et monté sur le trône en 1682. Ayant brisé les révoltes des streltsy (gardes impériaux) et gouvernant seul à partir de 1694, il organise une administration ainsi qu’une noblesse officielle et se fait reconnaître comme chef suprême de l’Eglise russe. Sa nouvelle armée lui permet de vaincre les troupes du roi de Suède Charles XII lors de la bataille de Poltova ainsi que le représente l’eau-forte : « Défaite définitive des armées suédoises à la bataille de Poltava, le 30 juin 1709 » de Charles-Louis Simonneau (1639/45-1728) d’après Pierre Denis Martin (1663-1742). S’il dut rendre Azov aux Turcs, il gagne la Livonie, l’Estonie et la Finlande par le traité de Nystad (1721). Mort en 1725, à St Pétersbourg qu’il avait fondé en 1703, sa seconde épouse, Catherine Ière, lui succède.

Au cours de son règne il effectue deux voyages en Europe : en 1697/1698 (voyage qui fera de lui le premier tsar à quitter l’Empire) puis au printemps 1717, du 21 avril au 21 juin. Au cours de celui-ci, le souverain fait par deux fois étape à Versailles où il est logé au Grand Trianon. C’est ce second voyage qui fait l’objet de l’exposition. Notre visite nous fait découvrir un esprit curieux et passionné de culture. C’est en se promenant dans le palais, les jardins « créés » par Louis XIV, puis dans le Paris de la Régence que le fondateur de la Russie moderne puisera son inspiration pour ses grands projets de réformes… une façon d’ouvrir son pays à l’Occident et le faire entrer dans la modernité !

Pierre Ier, lui-même, accueille le visiteur : une huile sur toile, copie (1859/60) d’Enrico Belli, d’après Godfrey Kneller (1646-1723) le représente, âgé de 26 ans, en armure de chevalier sur fond de paysage avec des navires. Une miniature sur émail (vers 1715) présente le portrait du tsar d’après cette effigie. Elle porte au verso, les armes de la Russie. Ces médaillons constituaient des cadeaux diplomatiques ou des récompenses pour service rendu. Ainsi celui en or, argent, diamants, cristal de roche et émail porte l’inscription « offert par le souverain Pierre Ier à Semion Grigoriévitch Narychkine ».

Laissons le duc de Saint-Simon (1675-1755) présenter le souverain : «C’était un fort grand homme, très bien fait, assez maigre, le visage assez de forme ronde ; un grand front ; de beaux sourcils ; le nez assez court sans rien de trop gros par le bout ; les lèvres assez grosses ; le teint rougeâtre et brun ; de beaux yeux noirs, grands, vifs, perçants, bien fendus ; le regard majestueux et gracieux quand il y prenait garde, sinon sévère et farouche, avec un tic qui ne revenait pas souvent, mais qui lui démontait les yeux et toute la physionomie, et qui donnait de la frayeur. Cela durait un moment avec un regard égaré et terrible, et se remettait aussitôt. Tout son air marquait son esprit, sa réflexion et sa grandeur et ne manquait pas d’une certaine grâce.».

Tout au long de notre visite, comme déjà dans cette première salle, nous pourrons admirer divers portraits du tsar ainsi que ceux des membres de son entourage. Ici une huile sur toile de forme ovale due à Andréï Matvéev (v.1702-1739) ainsi que le « Portrait de Catherine Ière » de Carel de Moor (1656-1738), portrait dont on dit qu’il représentait bien la tsarine à savoir que « son physique trahissait bien sa basse extraction et que sa beauté était celle d’une femme du peuple » (in catalogue de l’exposition).

Remarquons une pièce coulée, en bronze, représentant l’aigle bicéphale : celui-ci porte sur son jabot une représentation de saint George, lui-même surmontant une croix de Saint-André, becs et serres tiennent des cartes représentant l’accès aux quatre mers (Blanche, Noire, Caspienne et d’Azov) que la Russie contrôlait à l’époque.

En 1697, Pierre le Grand décide d’envoyer une « Grande Ambassade » en Occident afin de nouer des alliances contre les Turcs. Utilisant un pseudonyme, le tsar y participe incognito (en effet l’Eglise orthodoxe lui interdisait de quitter la Russie), accompagné de son favori le prince Menchikov (1673-1729). Ce dernier fut, par la suite, le premier gouverneur de Saint-Pétersbourg. Un bronze ciselé et patiné, dû à Bartolomeo Carlo Rastelli (1675-1744) représente ce dernier en tenue d’apparat.

Après avoir traversé les Pays Baltes et l’Allemagne du nord, un premier séjour eut lieu aux Provinces-Unies. Le tsar travaille comme charpentier de marine pour la Compagnie hollandaise des Indes orientales, à Zaandam (nord d’Amsterdam). Il visite diverses manufactures, laboratoires ou jardins botaniques et rencontre Guillaume d’Orange, stathouder de Hollande. Puis le roi d’Angleterre l’invite à Londres où il approfondit ses connaissances théoriques en matière navale, à Deptford.

Lors du second voyage, il semble que le souverain n’ait pas initialement prévu de se rendre en France. Frédéric Guillaume de Prusse (1688-1740) l’y incite pourtant. Arrivé à Calais le 4 mai 1717, il passe par Beauvais puis Beaumont-sur-Oise où le maréchal de Tessé le reçoit au nom du Régent. Divers plans s’offrent au regard : « A Plan of Dunkirk (Dunkerque) as it was fortified by Marshal de Vauban before the Demolition », « Plan de la ville et de la citadelle d’Amiens » (1716) ou encore ceux de Calais (1717) ou de Beauvais (1728) ainsi qu’un « Nouveau plan de Paris et de ses faubourgs » (1728). Ce dernier dû à l’abbé Jean Delagrive (1689-1757) montre avec une grande précision une ville ouverte puisque les anciennes fortifications ont été détruites en 1670. Les monuments sont représentés sur le pourtour du plan.

La troisième salle présente divers objets personnels ayant appartenu à Pierre Ier surnommé, à juste titre, « le Grand ». Il l’était déjà par sa taille : plus de 2 m ! Ce qu’il est aisé de concevoir en regardant le costume d’été présenté dans une vitrine : un habit et une culotte en tissu de soie et laine, fils de soie et boutons ainsi qu’une longue veste « bleu canard » à grandes poches en fils de lin et petit col (L. 103 cm, tour de taille 94 cm). De même, des souliers en cuir, fils de lin et bois (L. 27 cm, H.16 cm). Une autre vitrine présente des accessoires qui témoignent de son esprit pratique : une canne à longue vue intégrée dans le pommeau… une canne à règle graduée (une règle en bois graduée ayant une partie pliante est insérée dans sa longueur).


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Longue veste « bleu canard », 1710-1720, Saint – Pétersbourg, musée d’Etat de l’Ermitage © Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, 2017

Admirons d’autres objets ou effets personnels ayant appartenu au tsar, tous en provenance du musée de l’Hermitage : son cachet personnel en argent portant sur l’étui l’inscription « Sigil Petro/ 1708 »… Une tabatière (en bois, incrustée de nacre et sertie d’or) en forme de goélette hollandaise… Une cassette en acier décorée d’un ornement appliqué en bronze avec une fente cachée sous le médaillon pour la clé. L’intérieur du couvercle présente un système de sept serrures se fermant simultanément… Une pharmacie de campagne (vers 1613/15) ayant la forme d’un coffret-armoire en ébène contenant divers flacons de verre, des pots en argent, un mortier avec pilon : il s’agit d’une sorte de laboratoire pharmaceutique permettant la fabrication de médicaments ! C’est également un nécessaire à écrire de campagne. Plus loin, sa chaise d’aisance : un coffret en bois habillé de cuir contenant un bassin de nuit en métal… Diverses coupes dont l’une a été façonnée par le tsar en personne… Des ducats en or datés de 1716 servant au paiement à l’étranger.

Petite anecdote vestimentaire : Pierre porte le plus souvent une perruque courte qu’il enlève, la glissant alors dans sa poche lorsqu’il a trop chaud ! Il ne dédaigne pas de porter, à l’occasion, un costume d’apparat. Mais lorsqu’il rencontre le jeune Louis XV, il fait couper les longues boucles et ôter la poudre de la perruque !

Pour se loger, il refuse les appartements mis à sa disposition au Louvre préférant loger dans le Marais. Il y reçoit, le lendemain de son arrivé, le 8 mai 1717, la visite du Régent Philippe d’Orléans (huile sur toile de Jean-Baptiste Santerre (1658-1717) représentant « Philippe d’Orléans, Régent de France (1674-1723) et Marie-Madeleine de La Vieuville (1693-1755) » : le Régent pose tenant le gouvernail de l’Etat alors que la déesse Minerve a les traits de l’une de ses favorites) Puis, deux jours plus tard, c’est la visite du jeune roi. La scène marque les esprits des contemporains puisque, sans s’embarrasser du protocole, le tsar prend dans ses bras le roi de France pour l’embrasser à plusieurs reprises ! (huile sur toile placée à la sortie de l’exposition et intitulée « Louis XV rend visite à Pierre le Grand à l’hôtel de Lesdiguières, le 10 mai 1717 » peinte en 1838 par Louise-Marie Jeanne Hersant, 1784-1862).


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Louise Marie Jeanne Hersant, née Mauduit (1784-1862), 1838, huille sur toile, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon © Château de Versailles, Christophe Fouin

Bien que peu cultivé, le souverain est un esprit ouvert, se passionnant notamment pour la machine de Marly qu’il visite à deux reprises (« Vue de la machine et de l’aqueduc de Marly » huile sur toile peinte en 1722 par Pierre Denis Martin, 1663-1742) ou pour la frappe des médailles à l’Hôtel de la Monnaie. La manufacture royale des Gobelins le fascine. Admirerons l’une des quatre tentures, en laine et soie : « La Pêche Miraculeuse, tenture des Scènes du Nouveau Testament » (1713/17) d’après les cartons de Jean Jouvenet (1644-1717), atelier Le Febvre ainsi que l’indique, par deux fois, la signature en bas à droite. Ces tentures furent offertes par le roi lors de la seconde visite que fit le tsar aux Gobelins en juin 1717. Il se rend également à l’Académie des Sciences. Le 22 décembre 1717, cette dernière élit Pierre membre honoraire « hors de tout rang ».

Pierre parcourt inlassablement les rues de Paris et y effectue de nombreux achats : des livres d’architectures et d’ingénierie, des traités scientifiques, des ouvrages consacrés à diverses forteresses (il admire Vauban)… des objets de mathématiques et d’astronomie, de nombreux instruments médicaux. Nombre d’entre eux sont présentés dans la cinquième salle.

Le tsar se piquait de savoir utiliser les instruments en sa possession avec un goût particulier pour ceux de médecine. Ne dit-on pas qu’il n’hésitait pas à arracher lui-même les dents des nobles de son entourage qui souffraient d’une infection !... Sont présentés un « Instrument pour maintenir la bouche des patients ouverte » (afin de leur faire avaler des médicaments ou de la nourriture)… des « Forceps » servant à extraire un fœtus mort, un « Vilebrequin avec trépan à couronne » (permettant de percer les os du crâne) ou des « Pinces ophtalmiques ».

L’intérêt particulier du tsar pour l’observation astronomique se traduit par la présentation d’un « Télescope binoculaire doté de deux couvercles » (1680/90) : il s’agit de trois tubes en bois de section rectangulaire coulissant les uns dans les autres. Ils sont recouverts de cuir noir, vert ou rouge richement estampillés à l’or, le mode d’emploi étant collé à l’intérieur des couvercles. Sont également exposés un « Cadran solaire équatorial (type dit d’Augsbourg) » (milieu des années 1710) en laiton acier et verre : le cadran représente une boussole au milieu d’un octogone avec, en son centre, une rose des vents. Le nom de huit villes européennes est gravé autour de la boussole. Puis une « Sphère armillaire, représentant la structure du système solaire d’après la théorie géocentrique » en laiton gravé, Atelier Michael Coignet (1549-1623) : il s’agit d’un assemblage de cercles en laiton représentant le ciel et le mouvement des astres, au centre desquels un globe figure la Terre.


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Télescope binoculaire doté de deux couvercles, fabricant Vesdy, 1680-1690, Carton, bois, parchemin, cuivre, bronze doré, verre et estampage, Saint – Pétersbourg, musée d’Etat de l’Ermitage © Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, 2017

Et n’oublions pas un « Globe terrestre miniature (de poche) » (diamètre : 8cm). La carte du monde gravée et enluminée à la main est collée sur un globe en bois. Un cartouche sur l’hémisphère sud porte la mention « A sa Majesté Par son très humble très obéissant et très fidèle sujet J. Pigeon. 1720 ».


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Globe terrestre miniature, Jean Pigeon, 1720, Papier, bois et laiton gravé, Saint – Pétersbourg, musée d’Etat de l’Ermitage © Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, 2017

Sont également présentés des appareils et des instruments mathématiques. Ils sont sensés offrir de meilleures chances de succès aux opérations militaires. Le tsar avait pu en apprécier l’efficacité lors du siège d’Azov en 1695/96 car il était nécessaire d’ajuster avec précision les tirs. Nous admirons, entre autre, un « Niveau de pointage d’artillerie » qui était installé sur le fût d’une pièce d’artillerie. Il porte la signature gravée : « Macquart A Paris »… Un « Compas de calibrage » gravé « Butterfield A Paris » permettant de trouver le bon rapport entre le boulet et la quantité de poudre pour faire feu… Ou encore un « Viseur d’artillerie » gravé « Seuin a Paris »

Les livres présentés proviennent de sa bibliothèque personnelle : « La bibliothèque de Pierre était en perpétuel renouvellement du fait de son zèle en matières militaire, administrative, économique et culturelle… Bien qu’elle ne manifeste de préférence pour aucune tradition nationale, sa partie française est assez considérable… » (in catalogue de l’exposition). Nous pouvons admirer plusieurs albums consacrés soit aux jardins de Versailles (1711) soit à ceux de Marly (vers 1713) ou encore des ouvrages en référence à des questions d’optique ou de géométrie.

Dans le domaine pictural, Pierre Ier a un goût prononcé pour les scènes de batailles, les marines ou les portraits. Il tente, lors de ce voyage, d’attirer des artistes français à sa cour. Louis Caravaque (1684-1754) peint, sur son ordre, la « Bataille de Poltava » en 1717 : le tsar, héros du conflit, est représenté au premier rang, entouré de sa suite. Le reste de la composition est divisée en plusieurs plans montrant le moment culminant de la bataille, celui où les troupes russes écrasent l’armée du roi de Suède. Du même peintre, un « Portrait d’Elisabeth Petrovna » (années 1720), fille cadette du souverain. Il en émane grâce et douceur ! Deux éminents portraitistes de la cour de France, Jean-Marc Nattier (1685-1766) et Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) ont immortalisé ses traits. Le « Portrait de Pierre Ier » (qui sert de jaquette au catalogue) dû à Nattier fait pendant à celui de la tsarine, Catherine Ière (1717). Pour ce magnifique portrait d’apparat, le tsar est représenté en armure, barrée du cordon bleu de son ordre, sur fond de bataille. La tsarine est assise dans un décor plus « neutre », les insignes de son rang figurant à l’arrière-plan. Sa robe peinte dans des tons de gris est éclairée par un cordon d’un rouge plus vif que celui du manteau bordé d’hermine.


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Portrait d’elisabeth Petrovna, Jean-Marc Nattier (1685-1766), 1717, huile sur toile, Saint – Pétersbourg, musée d’Etat de l’Ermitage © Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, 2017

De Jean-Baptiste Oudry sont présentées trois esquisses à la plume et encre noire avec rehauts de craie blanche sur papier beige portant la mention « dessein fait pour le Csar ». Il s’agit d’un présent du duc d’Antin (surintendant des Bâtiments du roi) lors de la venue du tsar dans son château de Petit-Bourg. Le tsar est représenté en pied dans un paysage de verdure. Il porte une cuirasse toujours barrée du cordon et tient dans sa main le bâton de commandement. Ce sont des études préparatoires pour un tableau aujourd’hui disparu.

La septième salle est consacrée à l’architecture et aux arts décoratifs. Pierre considérait le château Versailles comme un modèle. Les tracés des jardins à la française, les jeux d’eau, les cascades et les groupes sculptés l’émerveillaient plus particulièrement. Il trouve là une source d’inspiration pour l’édification de sa nouvelle capitale sise sur les bords de la Baltique, à l’embouchure de la Neva : Saint-Pétersbourg. Avant même son voyage, il avait attiré à sa cour plusieurs architectes dont Jean-Baptiste Le Blond (1679-1719) à qui nous devons plusieurs esquisses destinées au palais de Strelna. Une eau-forte (auteur anonyme) présente le plan de Saint-Pétersbourg : y figurent non seulement l’aménagement urbain déjà réalisé mais également les projets de construction.

Le tsar se montre également intéressé par l’aménagement et la décoration intérieure des demeures qu’il visite. Nicolas Pineau (1684-1754) lui fournira une grande quantité de projets pour les arts décoratifs, telles cette sanguine pour une fontaine du Peterhof ou les esquisses sur les trophées des instruments de musique. De même, diverses esquisses de statues sans doute destinées à la salle du palais d’Hiver où se sont déroulées les funérailles de Pierre Ier en 1725. Sans oublier, dans une vitrine, le crayon à dessin du tsar !

Achevons la visite en voyant ce que fut la postérité du souverain : « Pierre le Grand et sa suite firent une forte impression sur les Français. Tous les témoins soulignent la majesté naturelle du tsar, sa parfaite simplicité, sa curiosité universelle. Ces vertus compensaient l’ivrognerie du monarque et de son entourage, la bizarrerie de leur vêture et la brutalité de leurs manières. » (in catalogue de l’exposition). Très vite les critiques (cf. Montesquieu dans ses « Pensées » où il écrit : « Le tsar n’était pas grand, il était énorme. ») firent place à l’admiration pour son entreprise réformatrice. Les philosophes des Lumières voient en lui un despote éclairé ! Et Voltaire (1694-1778) de souligner dans son « Histoire de l’empire de Russie » (le tome premier, édition de 1759, présenté ici) que le voyage de 1717 a ouvert la voie aux échanges économiques, intellectuels et artistiques entre la France et la Russie.

C’est l’empereur lui-même qui salue notre départ ! Ce buste (1723/29) en bronze ciselé et patiné est l’œuvre de Bartolomeo Carlo Rastrelli (1675-1744). Comme bien souvent, Pierre est représenté en armure d’apparat et manteau d’hermine, avec le cordon et l’insigne de l’ordre de Saint-André. Sur sa cuirasse, des scènes de batailles ainsi qu’une composition montrant le tsar sculptant une statue symbolisant la nouvelle puissance russe. Son visage est, quant à lui, d’une expressivité étonnante ! Souverain guerrier mais infatigable voyageur, réformateur autoritaire, il deviendra empereur de toute les Russies et Père de la patrie en 1721.


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Buste en bronze de Pierre le Grand, buste sculpté par Bartolomeo Carlo Rastrelli (1675-1744), 1723-1729 , Saint – Pétersbourg, musée d’Etat de l’Ermitage © Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, 2017

De nombreux mémorialistes français, parmi lesquels Saint-Simon, le marquis de Dangeau (1638-1720) ou Jean Buvat (1660-1729) ont laissé de précieux témoignages permettant de retracer pas à pas cette visite. La scénographie reprend certains de leurs propos mis en évidence pour, en quelque sorte, qualifier chacune des salles visités. La couleur des murs participe à cette évocation : rouge, bleus plus ou moins foncés, gris ou encore vert amande.

Cependant, fallait-il organiser cette commémoration du tricentenaire de la visite du tsar Pierre Ier Alekseïevitch au Grand Trianon ? Sans doute parce qu’il y fut logé. Mais il est parfois difficile d’admirer les œuvres exposées, soit par manque de recul (et nous pensons ici aux grandes dimensions de la tenture des Gobelins : H. 504 cm, L. 743 cm), soit parce qu’il faut se frayer un chemin parmi les visiteurs, visiteurs qui sont soit de simples touristes cherchant la sortie soit des visiteurs intéressés par l’exposition !



Publié le 17 juil. 2017 par Jeanne-Marie Boesch