Rencontre avec Nicolas Zielinski

Lauréat de différents concours, le jeune contre-ténor nordiste Nicolas Zielinski est encore (trop) peu connu en France. Appelé à remplacer Vince Yi dans le rôle de Sigismondo à l’occasion de la reprise ce mois-ci d’Arminio à Cracovie et à Karlsruhe, il a bien voulu nous accorder cet entretien.

BaroquiadeS : Bonjour Nicolas et merci de nous accorder cet entretien.

Nicolas Zielinski : Bonjour !

BaroquiadeS : Vous avez commencé votre formation musicale par l’étude du violon. Comment et pourquoi passe-t-on de l'étude du violon à celle du chant ?

Nicolas Zielinski : Très tôt je voulais chanter, mais j'étais encore trop jeune pour le travail vocal individuel. Alors j'ai choisi le violon. C'est donc le chant qui m'a amené au violon et pas l'inverse. C'est seulement après avoir fait ce choix que j'ai appris que mon arrière-grand-mère en jouait. J'ai d'ailleurs toujours son instrument avec moi.
J'ai étudié ensuite le chant et le théâtre tout en continuant le violon. Les techniques de ces deux instruments sont bien différentes et pourtant ce dernier m'a beaucoup apporté en tant que chanteur. En effet, lorsque l'on est confronté au même genre de difficulté sur deux instruments aussi dissemblables, on se rend alors compte que tout n'est pas qu'une question de technique. Bien souvent il s'agit de conceptions musicales ou intellectuelles et là on se trouve au cœur du travail passionnant de musicien.

BaroquiadeS : Comment choisit-on de devenir contre-ténor? Et comment choisit-on son registre ?

Nicolas Zielinski : Beaucoup de contre-ténors choisissent cette voix par goût de l'instrument ou de son répertoire. Pour moi ce choix s'est surtout imposé comme étant le moyen par lequel je pouvais vraiment m'exprimer artistiquement, m'épanouir et partager avec les autres. Je n'ai pas subi la mue comme un traumatisme et je chantais naturellement dans ce registre aigu. J'ai ensuite trouvé un grand maître, Daniel Ottevaere, avec qui j'ai toujours cherché le juste et le vrai dans cette voix.

BaroquiadeS : Vous allez succéder à Vince Yi dans le rôle de Sigismondo pour les représentations d'Arminio à Cracovie et Karlsruhe. Comment avez-vous été choisi ?

Nicolas Zielinski : Sigismondo est un rôle très exigeant vocalement avec une dramaturgie démonstrative. Vince Yi y a déjà montré tout son talent au disque et à la scène. J'imagine qu'il n'a pas été chose facile de trouver son remplaçant. Je suis très heureux d'avoir été contacté pour lui succéder qui plus est sur un rôle aussi intéressant.


© Emmanuel Gimondi

BaroquiadeS : Pas trop impressionné de vous retrouver aux côtés de stars du baroque ?

Nicolas Zielinski : Si bien sûr, et surtout pressé d'y être. J'ai hâte de chanter sous la baguette de George Petrou dont j'apprécie particulièrement le travail et je suis non seulement content de partager la scène avec le brillant Max Emanuel Cencic mais aussi d'être dans sa mise en scène.

BaroquiadeS : Comment préparez-vous cette prise de rôle ?

Nicolas Zielinski : Il s'agit d'une reprise avec peu de répétitions scéniques. Alors il y a bien sûr le travail musical d'un rôle brillant et virtuose mais aussi la mise en scène avec ses impératifs, les relations entre les personnages, leurs liens et leurs complexités à appréhender dans la partition et sur scène. C'est toujours un travail stimulant et enrichissant.

BaroquiadeS : Et la suite vous la voyez comment ?

Nicolas Zielinski : Le mieux possible !!
Je suis heureux de ce que je vis. Autant espérer que cela dure... Je me rends compte de la chance que c'est de vivre de sa passion. J'évolue également dans un milieu où nous sommes soutenus par un public souvent bienveillant qui ne souhaite que partager des moments forts avec nous. C'est rare, précieux et tellement agréable...

BaroquiadeS : Quels sont vos projets ?

Nicolas Zielinski : Même si je ne me dessine pas un plan de carrière précis je ne veux rien m'interdire. Le Staatsoper de Berlin m'a d'ailleurs confié le rôle de Baba the turk dans The Rake's progress d'Igor Stravinsky. J'aimerais aussi interpréter les rôles de Rossini. J'aime les contre-ténors qui ont pris des risques, exploré de nouvelles voies. Depuis Alfred Deller qui a su réactualiser cette voix et ce répertoire, j'ai beaucoup aimé entendre David Daniels dans les nuits d'été ou encore Max Emmanuel Cencic avec les grands rôles de Rossini. Je pense que c'est une voix qui a encore beaucoup à raconter et j'aimerais faire partie de ce récit.

BaroquiadeS : Aurons-nous la chance de vous entendre en France bientôt ?

Nicolas Zielinski : Il est vrai que je chante peu en France et j'en suis désolé. Profitons-en pour faire un appel...

BaroquiadeS : Pouvez-vous nous dire en quelques mois ce qui vous caractérise, qui vous êtes ?

Nicolas Zielinski : C'est un exercice difficile mais je peux vous dire celui que j'aimerais être. J'espère toujours garder cet enthousiasme, cette curiosité et cette soif d'apprendre. La perfection n'existe pas mais la chercher n'est jamais un parcours décevant.

BaroquiadeS : Vous semblez toujours plein d'enthousiasme et de bonne humeur. Qu'est-ce qui vous ennuie ou vous dérange ?

Nicolas Zielinski : Peut-être au regard de ce que nous voyons en ce moment dans notre monde ce serait le manque de solidarité, de fraternité. Je pense que nous avons beaucoup plus à gagner ensemble d'où que l'on vienne.

En savoir plus sur Nicolas Zielinski, l’écouter et connaître son programme : 'http://www.nicolas-zielinski.fr/'



Publié le 05 févr. 2017 par Jean-Luc Izard