Ana Quintans - Concerto de'Cavalieri - Marcello Di Lisa

Ana Quintans - Concerto de'Cavalieri - Marcello Di Lisa ©
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A la redécouverte d'Albinoni

Lorsque l’on évoque le nom d’Albinoni, un bon nombre d’entre nous pense de suite à l’Adagio portant le même nom. Or, c’est bien là l’erreur la plus fréquente commise ! Il s'agit en réalité d'un arrangement d’une sonate perdue d’Albinoni, effectué en 1945 par Remo Giazzoto, biographe italien du compositeur vénitien. Le thème de cet adagio se retrouve dans plusieurs œuvres musicales du XVIIIe siècle, notamment dans l’Andante moderato du Concerto en ré majeur pour alto de Carl Stamitz.
Mais que connaît-on de ce compositeur ? Tomaso Albinoni est né à Venise le 8 juin 1671 dans une famille aisée de marchands de papier. Très tôt, il se révèle être un excellent musicien sans pour autant suivre un véritable cursus musical. Il s’affirme en tant que violoniste accompli, puis comme maître de chant et compositeur. Albinoni a composé environ quatre-vingts opéras dont il ne reste pratiquement rien. Près de soixante-dix partitions ont été détruites pendant le bombardement de Dresde en février 1945.
A la tête de l’ensemble Concerto De’ Cavalieri, Marcello Di Lisa offre à travers cet enregistrement une magnifique occasion de découvrir plusieurs airs inconnus de ce compositeur vénitien, contemporain d’Antonio Vivaldi. Concerto De’ Cavalieri occupe une place importante et intéressante dans l’univers de la musique ancienne italienne. Cette formation porte une attention toute particulière à la recherche philologique et à la lecture du texte musical. Ceci se traduit dans l’extrême qualité de son interprétation : les instruments font preuve d'une agilité parfaitement maîtrisée. Les trois mouvements – allegro, adagio, allegro – du Concerto a cinque, opus V numéro 5 sont la quintessence de l’œuvre instrumentale d’Albinoni. La Sinfonia Si 7 en sol majeur ajoute encore de l’intérêt à cet enregistrement.
La jeune soprano portugaise Ana Quintans offre aux oreilles mélomanes un bouquet de vocalises aussi raffinées les unes que les autres. Les trompettes honorent son entrée dans l’air étincelant “Vien con nuova orribil guerra”. Même si la prise de son y souffre passagèrement d'un manque de clarté, l’extrait de La Statira est lumineux ! Le timbre de sa voix se révèle caressant dans “Quel sembiante e quel bel volto”. Laissons opérer le charme…
Le lamento “Ristoro degli afflitti” établit une vérité, celle de la justesse vocale. Sa voix harmonieuse y berce les peines, dans une beauté toute intemporelle. Quelle belle démonstration d'agilité et de virtuosité !

Publié le 22 nov. 2015 par Jean-Stéphane SOURD-DURAND