Bach(s) - Vernet et Meckler

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Une grande profondeur d’écoute

Quatre mains pour un orgue, Bach(S) pour nommer la famille de l’illustre compositeur ; n’est ce pas inhabituel d’aborder la question du groupe et de l’orgue sous cet angle ? L’unité et la diversité sont les maîtres mots de ce beau disque. L’unité composée par Bach(s) ouvre l’auditeur à entendre deux interprètes à l’approche musicale différente ; une complémentarité s’opère pour donner naissance à une richesse de l’écoute. Contraints par ce répertoire, les deux musiciens se font entendre distinctement au travers d’une registration traditionnelle, soignée. Le climax donne à entendre la richesse du jeu de ce bel orgue Freytag-Tricoteaux de l’Eglise Saint Vaast de Béthune. Conclure, c’est la tâche confiée à l’auditeur en lui offrant l’œuvre d’écouter nouvellement ce répertoire inattendu.

Les fils de Johann Sebatian Bach (1695 – 1750) sont ici à l’honneur ; l’héritage de la tradition et le talent de ces deux interprètes donnent à entendre le combat de l’écriture d’une époque.

La musique de Johann Christoph Friedrich Bach (1732 – 1795) est légère d’apparence, deux plans sonores justement organisés, mais la faible complexité du langage, en comparaison avec ses contemporains, laisse intact le désir d’entendre au lointain Mozart (1756 – 1791), à peine postérieur. Le combat de ce même compositeur pour emmener l’époque baroque vers l’époque classique est traduit par le chant, qu’Olivier Vernet et Cédric Meckler registrent avec soin pour palier l’ambiguïté du discours.

Carl Emmanuel (1714 - 1788), Johann Christian (1735 – 1782) et Johann Christoph vivent et composent à la même époque (1710-1784 environ). La danse est le vecteur de ce discours de salon, tandis que le père Johann Sebastian privilégie des formes qui ne font pas confondre l’époque, ni la place de l’interprète. L’interprétation du Concerto Brandebourgeois n° 3 en sol majeur construit une place à l’auditeur. Le duo est à distance de l’œuvre et les interprètes l’utilisent pour inventer leur espace : on respire ! A ne pas s’y tromper ces deux organistes sont très différents. L’un considère le rythme pour accéder à une vision globale tandis que l’autre est envahi par le soyeux des hauteurs. Ces deux musiciens sont complémentaires, et leur somme constitue un faisceau dont la longueur offre une grande profondeur d’écoute. L’ingénieur du son prend ses responsabilités en nous restituant ce propos avec beaucoup de qualité.

Le choix de ces petites pièces est un divertissement pour nourrir la curiosité, mais malheureusement, l’engagement de faire découvrir ce répertoire n’est pas à la hauteur de l’intérêt que l’on peut attendre d’un organiste aussi inventif qu’Olivier Vernet. Seul le Concerto Brandebourgeois témoigne de la splendeur de cet interprète.

Malgré un répertoire qui se cherche, la beauté de ce disque est certaine et c’est grâce à la qualité musicale de ce duo. Une formation musicale à l’orgue peu connue qui nourrit la volonté d’entendre la suite de ce parcours qui saura je l’espère, nous donner autant de bonheur que cette magnifique maîtrise du concerto de Johann Sebastian Bach, œuvre finale de ce disque.



Publié le 26 déc. 2019 par Thomas Malarbet