Sonates pour pianoforte avec l’accompagnement d’un violon - Wolfgang Amadeus Mozart

Sonates pour pianoforte avec l’accompagnement d’un violon - Wolfgang Amadeus Mozart ©Editions Hortus
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L'art du pianoforte
Yasuko Uyama-Bouvart (diplômé de l’université des Arts de Tokyo) au pianoforte et Stéphanie Paulet (trois premiers prix au Conservatoire National de Musique et de Danse de Paris) nous proposent trois Sonates pour pianoforte et violon écrites par Mozart entre 1778 et 1781, ainsi que deux fantaisies pour pianoforte seul (1782 et 1785). Vers 1780 Mozart est dans une période de transition. Il rompt avec son père, et part à Vienne où il doit encore faire ses preuves  ; il rencontre un succès encore incertain. Pourtant ces sonates montrent une réelle fraîcheur, peut être inspirée par sa nouvelle liberté.
Le violon utilisé dans cet enregistrement est une copie d'un violon historique de 1740, construite par Christian Bayon pour Stéphanie Paulet avec un archet d’époque (1780), qui nous transporte dans un voyage au XVIIIème siècle ! Le pianoforte constitue une évolution du clavecin. Au début du XVIIIème siècle, le facteur padouan Bartolomeo Cristofori, appelé par les Médicis à Florence, a tenté d'apporter au clavecin les nuances dont il manquait. Il s'est inspiré de la technique du clavicorde, en remplaçant le pincement des cordes par leur frappement à l'aide d'une petite masse, sur un instrument d'aspect et de dimensions comparables à celles d'un clavecin (la taille réduite du clavicorde produisait un son beaucoup trop faible pour les salles de concert). Il a dénommé son nouvel instrument « gravicembalo col piano e forte », soit « clavecin avec piano et forte », c'est-à-dire clavecin avec nuances : ces dernières sont obtenues en transmettant sur la corde l'intensité avec laquelle la touche est frappée, pour obtenir un son plus ou moins ample. L'instrument eut peu de succès à sa création, mais divers perfectionnements apportés notamment par les facteurs allemands ont favorisé son développement vers le milieu du siècle. Il demeure toutefois moins puissant que le piano, dont les cordes bénéficient d'un cadre plus rigide, autorisant des tensions plus élevées.
Le pianoforte est donc tout à fait adapté à la production musicale de la seconde partie du XVIIIème siècle. Celui joué dans cet enregistrement est une reproduction d’un Walter de 1785. Il apporte une sonorité douce et agréable, qui atteste l'époque de la création de ces oeuvres. Il s’accorde parfaitement au niveau sonore du violon, et met en valeur l’interprétation fluide et contrastée des deux instrumentistes. Les sonates et les fantaisies se marient très bien entre elles, même si les deux fantaisies commencent avec une ambiance plus solennelle et grave. Les sonates sont de style enjoué et créent une ambiance plutôt dynamique, qui anime agréablement ce concert.
Enregistré à l’Abbaye Ecole de Sorrèze (Tarn), le son de l’album est chaud et précis avec une réverbération naturelle agréable. Les instruments ont bénéficié d’un soin particulier pour leur captation, dans un lieu apparemment bien choisi. Le rendu est particulièrement clair et équilibré. Le feutré du son permet une écoute agréable au casque, avec une envergure sonore assez ample. En écoutant à fort volume ou au casque on perçoit bien les différences du pianoforte avec le piano, surtout dans les extrêmes aigus ou graves, qui donnent ce son plus baroque.
Le livret est très complet, avec photos et biographies des artistes en français et en anglais. Cet enregistrement nous invite agréablement à découvrir des oeuvres moins connues du célèbre compositeur autrichien.

Publié le 16 janv. 2016 par François PERVILLE