Les petits plaisirs du Seicento

Les petits plaisirs du Seicento ©
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Improvisations baroques

Tout d’abord, pour apprécier pleinement ce concert, je vous conseille de commencer par le Chapitre 2 (bonus) ! Vous y recevrez des explications très pédagogiques sur les instruments utilisés, et découvrirez le Claviorganum, instrument à la fois impressionnant et magnifique, car il combine un clavecin et un orgue. Il peut bien sûr être découplé (il y a un clavier pour le clavecin, un pour l’orgue).
Concernant le programme de ce concert, Jean-Marc Andrieu nous offre une série de pièces autour de la diminution, de l’ornementation, des variations et de l’improvisation, faisant découvrir (ou re-découvrir) des compositeurs peu connus comme Giovanni Baptista Spadi da Faenza, Bartholomeo de Selma y Salaverde, mais aussi d'autres moins méconnus, comme Jacob Van Eyck ou Girolamo Frescobaldi
Yasuko Uyama-Bouvard développe un jeu très expressif et un continuo sans faille sur ce magnifique instrument qu’est le claviorganum. Elle nous régale également de deux toccata (Michelangelo Rossi et Claudio Merulo), excellemment exécutées : la dimension de l’instrument permet des changements de couleurs et de timbres tout à fait appropriés et bienvenues. Ces deux pièces sont assurément mes deux coups de cœurs dans cet enregistrement : le jeu de Yasuko Uyama-Bouvard, mêlé avec la force créative et expressive du claviorganum, en font des œuvres riches en sonorités et en expression.
L'éxecution des pièces du concert montre une parfaite complicité entre les trois artistes. Celle-ci est bien visible dans les trios, et notamment pour la canzona La Franciotta de Girolamo Frescobaldi. Dans les duos, on peut noter une grande cohésion entre la basse et le dessus. Dans un déroulé savamment bâti, le flûtiste Jean-Marc Andrieu et le bassoniste Laurent Le Chenadec se relaient avec bonheur pour faire découvrir chacun à leur tour les diminutions et les improvisations. Il n'y a rien à redire sur le jeu de ces deux merveilleux musiciens : juste, expressif, inventif ! Nous avons tout particulièrement retenu la magnifique Fantaisie pour basson de Philipp Friedrich Boddecker, ainsi que Le Rossignol de Jacob Van Eyck, exécuté par Jean-Marc Andrieu avec une saisissante légereté. Mentionnons encore le bis de ce concert, une chaconne de Tarquinio Merula : le bassoniste y échange sa dulciane contre une flûte, pour donner la réplique à Jean-Marc Andrieu dans une très belle Chaconne pour deux flûtes sopranos.
Entre chaque morceau (ou presque), Jean-Marc Andrieu intervient quelques instants pour expliquer au public la diminution, donner des informations biographiques sur les compositeurs, présenter les instruments utilisés, rappeler le contexte historique de l'oeuvre ou donner des explications sur le morceau suivant. Certains passages sembleront un peu longs à certains. Pour ma part je trouve bienvenu d'éclairer le spectateur par des éléments de contexte, qui lui permettront de mieux apprécier le morceau présenté. Par ailleurs ces interventions créent un rapport avec le public, rendant les spectateurs plus attentifs, et elles contribuent à la culture musicale du public. On ne peut que saluer cette initiative peu courante.
Les prises de vues sont bien traitées. Elles alternent des plans larges, qui englobent le trio, avec des plans rapprochés, qui illustrent l'habileté de chaque musicien sur son instrument. Le son également est de bonne qualité, dynamique et sans saturation. Il restitue précisément le son de chaque instrument, contribuant ainsi à recréer avec les images le plaisir fugitif de ce concert pour ceux qui n'ont pu y assister.

Vous pouvez revivre ce beau concert en visionnant le DVD à votre guise. Il n'est toutefois pas diffusé dans les circuits habituels : pour en faire l’acquisition, rendez vous directement sur le site des Concerts de l'Orangerie de Rochemontès : 'http://concertarochemontes.org/'.

Publié le 14 mars 2016 par Hippolyte DARISSI