Sacro Furore - Vistoli
© Afficher les détails Masquer les détails Coffret avec livret et notices trilingues (français-anglais-allemand), un CD, durée totale : 65 minutes 56 secondes. Harmonia Mundi - 2024
Compositeurs
- Antonio Vivaldi (1678-1741) : Concerto pour cordes en sol mineur, RV 157
- Nisi Dominus, RV 608
- Sinfonia en si mineur Al Santo Sepulcro, RV 169
- Stabat Mater, RV 621
- Concerto Madrigalesco en ré mineur, RV 129
- In furore lustissimae irae, RV 626
Chanteurs/Interprètes
- Carlo Vistoli, contre-ténor
- Akademie Für Alte Musik Berlin :
- Violons I : Emmanuelle Bernard, Javier Aguilar Bruno et Erik Dorset
- Violons II : Edi Kotlyar, Dörte Wetzel et Edburg Forck
- Viole et viole d’amour) : Clemens-Maria Nuszbaumer
- Violoncelles : Katharina Litschig et Barbara Kernig
- Contrebasse : Michael Neuhaus
- Orgue et clavecin : Raphael Alpermann
- Théorbe et guitare baroque : Thor-Harald Johnsen
- Direction et violon : Georges Kallweit
Pistes
- 1.Concerto pour cordes en sol mineur, RV 157 - Allegro
- 2.Largo
- 3.Allegro
- 4.Nisi Dominus, RV 608 - Nisi Dominus
- 5.Vanum est vobis ante lucem surgere
- 6.Surgite postquam sederitis
- 7.Cum dederit delectis suis
- 8.Sicut saggitae in manu potentis
- 9.Beatus vir
- 10.Gloria Patri et Filio
- 11.Sicut erat in principio
- 12.Amen
- 13.Sinfonia en si mineur Al Santo Sepulcro, RV 169 - Adagio molto
- 14.Allegro ma poco
- 15.Stabat Mater, RV 621 - Stabat Mater dolorosa
- 16.Cuius animam gementem
- 17.O quam tristis et afflicta
- 18.Quis est homo
- 19.Quis non posset contristari
- 20.Pro peccatis suæ gentis
- 21.Eia Mater, fons amoris
- 22.Fac ut ardeat cor meum
- 23.Amen
- 24.Concerto Madrigalesco en ré mineur, RV 129 - Adagio
- 25.Allegro
- 26.Adagio
- 27.Allegro
- 28.In furore lustissimae irae, RV 626 - In furore lustissimae irae
- 29.MiserationumPater plissime
- 30.Tunc meus fletus
- 31.Alleluia
Un éblouissant déploiement de fastes vocauxCe CD de Carlo Vistoli marque le début de sa toute nouvelle collaboration avec la maison de disques Harmonia Mundi.
Consacré exclusivement à Vivaldi et, pour sa quasi-totalité à sa musique sacrée, le programme reprend des pièces plus que célèbres du Prete Rosso, pièces qui ont été maintes fois enregistrées et auxquelles nombre de contre ténors se sont déjà confrontés. Le risque d’un énième enregistrement dans cette discographie pléthorique était donc important.
Mais on ne remerciera pas assez Carlo Vistoli et l’Akamus d’avoir pris ce risque : l’enregistrement de ces pièces constitue en effet indubitablement un enregistrement de référence qui surpasse, et de beaucoup, les albums qui l’ont précédé.
L’enregistrement s’ouvre sur le Concerto pour cordes en sol mineur, qui permet à l’Akademie für Alte Musik Berlin de faire la démonstration de sa parfaite maîtrise de ce répertoire qu’elle sert avec conviction : le son est superbe, les tempi vifs et enlevés, et le rendu est très séduisant.
Le Nisi Dominus est interprété avec fougue par Carlo Vistoli qui, s’appuyant sur l’interprétation nerveuse de l’Akamus déroule délicatement les vocalises de la partition avec un art consommé et un style quasi parfait. Le Cum dederit est un sommet de cet album, plainte déchirante et hypnotique à faire pleurer les pierres.
Le retour à la musique orchestrale avec la sinfonia en si mineur Al Santo Sepulcro est une totale réussite, l’Akamus se délectant de cette écriture qui est déroulée de façon simple et limpide, comme une longue plainte. On retrouve ces mêmes qualités de fluidité de l’interprétation dans le Concerto Madrigalesco en ré mineur.
Dans le Stabat Mater, le chant lumineux de Carlo Vistoli se fait comme hagard, comme une route sur laquelle la Mère chancelle de douleur. Le motet In furore iustissimae irae conclut l’enregistrement dans un éblouissant déploiement de fastes vocaux, qui semble hésiter entre le sacré et l’opéra vénitien. C’est tout le talent de Carlo Vistoli de maintenir un équilibre subtil entre ces deux influences, avec un chant qui défend la dimension spirituelle de l’œuvre tout en en assumant les influences, les tentations opératiques.
Dans l’écrin somptueux que constitue l’accompagnement de l’Akademie für Alte Musik Berlin, ces chefs d’œuvre de Vivaldi sont sublimés par le chant de Carlo Vistoli. Le timbre chaud est superbe, la voix impeccablement projetée et maîtrisée dans sa puissance. Le contre-ténor se montre au sommet de son art et de sa maîtrise d’une technique raffinée et délicate qui sert une expressivité sincère, capable de moduler une musicalité exceptionnelle. Pas d’esbroufe ni dans l’intériorité profonde et spirituelle ni dans la pyrotechnie assumée avec style et élégance ni dans le choix des ornementations particulièrement belles et irréprochables de style. J’ai souvent salué l’homogénéité des registres chez Carlo Vistoli, qualité qui tend ici à la perfection et qui est complétée par une éblouissante capacité à varier les affects et les couleurs sans tricher et avec une grande humilité. Très attentif à servir la musique, soulignant le caractère extraverti et l’écriture théâtrale de Vivaldi, Carlo Vistoli réussit à faire de cet album une version de référence, à écouter en boucle.
Publié le 01 déc. 2024 par Jean-Luc Izard